« Le fait d’aller au gouvernement expose le chef et la chefferie », Dr Lassina Simporé
Dans cet article, l’enseignant au département d’Histoire et d’archéologie de l’Université Joseph Ki-Zerbo, Dr Lassina Simporé, livre une réflexion sur la présence de la chefferie coutumière au gouvernement de Transition.
Ainsi donc elle est au gouvernement, la chefferie
Elle est donc dans l’Exécutif.
Elle n’envoie pas faire, elle fait elle-même.
D’aucuns diront que c’est justice rendue. Car elle a été médiateur ; elle a résolu des crises ; elle a mobilisé la population lors des élections, et etc.
D’autres diront « Attention ». Quand on fait soit même, on peut bien faire. Mais on peut aussi, ne pas bien faire. On peut être tenté : délocaliser des séminaires, fausses factures, marchés à des amis, favoritisme, etc.
Dans un contexte où il n’y a plus de secret dans l’administration, ou tout est su dès que dès que. Pour un rien, l’entourage du chef va être balancé sur le net et ses dérivées.
Or si c’est su, l’ASCE-LC, la police ou la gendarmerie se doit de procéder à des arrestations.
Et là, ce qui suit, c’est la honte c’est-à-dire le déshonneur humiliant, l’atteinte à l’honneur.
Or en principe, le chef, dans le sens d’une personne qui, selon le droit coutumier de la communauté traditionnelle concernée, détient une position traditionnelle dominante, ne doit pas connaitre la honte, ne doit même pas la vivre. Koum san on yandé.
Je pense donc que le fait d’aller au gouvernement expose le chef et la chefferie. On a vu un chef-ministre, jeter en prison à la chute du régime Lamizana.
Elle aurait dû envoyer et diriger en arrière-plan, comme le font nos amis en robe.
Depuis le temps colonial, ces amis ont formé des dirigeants de toutes sortes et d’autres acteurs de la vie de nos pays. Ils pilotent par personne interposée, mais jamais ils ne prennent le devant eux même ou rarement (Congo-Brazzaville, Oubangui-Chari, Afrique du Sud).
Pourquoi la chefferie ne pourrait pas essayer ce modèle de main invisible néanmoins apparente, afin de se mettre à l’abri d’une éventuelle honte ? Est-elle prête à respecter les prescriptions ancestrales en cas de honte ?
Mke Lassina Simporé