Procès du putsch : On les voyait venir…

 

Ainsi donc, le procès du putsch manqué de septembre 2015 a fini par amorcer sa phase décisive, celle de l’audition publique des généraux. C’est à Gilbert Diendéré, le général-félon, que le tribunal militaire a donné d’ouvrir le bal. Sans surprise, «la boîte noire du régime Compaoré» n’a pas dérogé à la ligne de défense que lui et ses co-accusés se sont tracée depuis le début du procès à savoir, tout rejeter en bloc. Comme s’il leur ne restait plus un seul brin de dignité pour assumer leur imposture, ils ont décidé de faire croire qu’ils n’avaient rien à se reprocher. Quelle honte !

Sauf qu’on n’est pas du tout étonné par cette attitude qui a toujours caractérisé ces hommes qui ont froidement assassiné l’espoir du Burkina et de l’Afrique en éliminant tragiquement leur compagnon, guide et frère d’arme, le Capitaine Thomas Sankara. Si déjà en 1987, Gilbert Diendéré s’est personnellement impliqué dans ce coup de force ignoble, ce n’est pas le renversement des institutions de la transition qui peut lui poser problème. Son rôle auprès de Blaise Compaoré a toujours été de tirer sur tout ce qui bouge dans le sens contraire aux intérêts de son patron. C’est tout logiquement que lui et ses complices ont cherché à remettre leur champion en selle, à empêcher, une fois encore, la marche du peuple burkinabè vers le progrès et la justice sociale, en perpétrant la forfaiture du 16 septembre 2015.

En écoutant les gros et petits mensonges du général félon dans le box des accusés, on comprend aisément les motivations qui l’ont animées tout au long de la transition. Il n’a jamais supporté l’abdication de Blaise Compaoré face aux insurgés de fin octobre 2014. Il a gardé une dent contre les acteurs de la transition. Il ne voulait pas du renouveau de la démocratie. La justice, c’est le cadet de ses soucis. N’étant pas arrivé à manipuler Yacouba Isaac Zida, il avait alors entrepris de perturber la transition, de semer la terreur en se servant bien sûr des éléments incontrôlés du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

On le sait, son sport favori a toujours été de monter ces militaires acquis à sa cause et à celle du régime pour tenir tout un peuple en laisse. Il avait tellement pris goût à ce jeu dangereux qu’il a fini par croire que cela pouvait continuer ainsi. Pour lui, les intérêts du Burkina se résumaient à ceux du clan Compaoré. Il n’avait cure des aspirations profondes du peuple burkinabè et surtout de sa jeunesse. Tant qu’il y avait le RSP pour effrayer, frapper, tuer et terroriser, il pouvait continuer son manège.

Il a tellement abusé de sa position qu’il a perdu le contact avec la réalité politique du pays. Ce qui devait arriver, arriva. Il a commis la plus grosse erreur de sa vie de général-félon, celle de fomenter «le coup d’État le plus bête du monde» selon les termes utilisés par le président guinéen Alpha Condé pour qualifier cette forfaiture. Il s’est fait prendre dans son propre piège pour s’être exagérément prévalu de ses propres turpitudes.

A présent qu’il sait qu’il a perdu la partie, il cherche à se disculper, à jeter le tort sur ceux qu’ils a toujours méprisés et piétinés, les chefs militaires. Mais s’il y avait vraiment des chefs, c’est-à-dire une véritable hiérarchie militaire dans ce pays, Gilbert Diendéré ne se serait jamais prévalu de tous les coups foireux qu’il s’est permis durant le règne de Blaise Compaoré. Il se serait simplement remis dans les rangs. Mais hélas!

Il lui reste maintenant à assumer. Et c’est bien la seule chose qu’on lui demande aujourd’hui devant le tribunal militaire. Sera-t-il capable de reconnaître simplement que sur le coup d’État comme toutes les autres basses besognes qu’il avait toujours accomplies pour maintenir un homme au pouvoir, était bel et bien une erreur ? C’est seulement à ce prix qu’il pourra grandir lui-même et mériter enfin ses galons de général.

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