APPEL AU DEPASSEMENT DE SOI PAR IBRAHIM TRAORE ET LES JEUNES INVESTIS PORTE FLAMBEAU DE LA REVOLUTION

"Puisse le Président du MPSR2 qui a délibérément choisi de prendre le relais du Père de la révolution burkinabè en acceptant son trophée avant de prêter serment comme Président de la Transition et Chef de l’Etat en honorer la mémoire ou se dédire"

 

  • En menaçant de sévir sans complaisance contre quiconque contesterait sa légitimité, il prend le risque d’être le premier Chef d’Etat à se déclarer prêt à déclencher une guerre civile au BURKINA pour conserver le pouvoir »

 

  • Merci au Camarade Thomas SANKARA d’avoir laissé l’image indélébile d’homme et d’officier d’honneur, pour qui la parole donnée doit être respectée : venu conduire une révolution, il n’a ni menti ni rusé avec la Nation pour conserver le pouvoir.

 

  • Comment ne pas déplorer l’incapacité du MPSR2 et de son gouvernement à transformer la facile mobilisation massive des jeunes aux mains nues et se déclarant prêts à mourir pour protéger la Transition, en un puissant levier de transformations sociales.

 

Habitué à partager ses réflexions avec les lecteurs de Bendré,  MWINSOMA Jean Claude SOMDA, fonctionnaire à la retraite et écrivain nous partage à nouveau son point de vue sur la situation nationale, à la faveur du 15 octobre 2023. Cette date marque à la fois la date anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, mais aussi l’an 1 de la Transmission du flambeau de la Révolution à la jeunesse Burkinabè et singulièrement à Ibrahim Traoré. Il interpelle le chef de l’Etat sur la nécessité de respecter sa parole d’officier comme à su le faire le Capitaine Thomas Sankara à qui il s’identifie. L’écrivain déplore l’incapacité du MPSR2 et de son gouvernement à transformer la facile mobilisation massive des jeunes aux mains nues et se déclarant prêts à mourir pour protéger la Transition, en un puissant levier de transformations sociales. Car,  dit-il, correctement conscientisées et fermement encadrées, ces foules peuvent constituer une arrière garde redoutable contre les ennemis disséminés au sein de la population. Un bel article que vous aurez tort de ne pas lire.

La rédaction

 

« Le 15 octobre 2023 est le premier anniversaire de la transmission du flambeau de la révolution à la jeunesse par le Comité international du Mémorial Thomas SANKARA. La Nation n’en était pas officiellement partie prenante contrairement au cérémonial d’Etat organisé le 2 octobre 2017 pour le lancement de la campagne nationale et internationale de souscription populaire pour le projet de mémorial. La commémoration du 35è anniversaire de l’assassinat du capitaine Thomas SANKARA et de ses douze compagnons a été  marquée par le passage du flambeau à la jeunesse : douze trophées ont été remis à douze jeunes. Le capitaine Ibrahim TRAORE, fraichement désigné la veille comme président de la Transition et Chef de l’Etat par les Assisses nationales, y était présent. Sa décision de recevoir le 13e trophée censé être celui du père de la révolution lui-même apparaît comme un acte personnel. Elle signifiait son engagement fort et irrévocable à en incarner la pensée et les valeurs au service de l’Etat et de la Patrie. Aujourd’hui, quelle appréciation pourrait-on en faire un an après cette initiative de redynamisation de la révolution ? La jeunesse a-t-elle secrété un leader patriote et intègre capable, à l’instar de Thomas SANKARA, d’insuffler dans les cœurs l’amour des idéaux révolutionnaires les plus nobles et élevés ? Qu’est-ce que la Nation a gagné depuis lors en termes de progrès dans le réveil collectif des consciences pour bâtir ensemble un FASO de paix, d’unité et de plus grand bien être partagé pour tous ?

Avant de transmettre le flambeau, les anciens par esprit de responsabilité ont eu l’intelligence de se concerter pour proposer un plan de formation et d’accompagnement ouvert à tous ceux qui le veulent. Il consiste en l’organisation de conférences thématiques et la production de témoignages se voulant crédibles et devant aborder tous les aspects de la révolution, sans tabous, avec les victoires, les échecs et les insuccès. Parmi les leaders de jeunes qui s’attroupent à la Place de la Nation ou au Rond-point des Nations Unies de Ouagadougou combien s’y intéressent-ils vraiment ? Et surtout s’en sont-ils faits le relais auprès de leurs camarades de lutte ou de manifestations ?

Il est plus aisé de prévenir que de guérir

Merci à BF1 pour la production de sa série intitulée « Ateliers de la République » et à ses invités non sankaristes comme les professeurs Serge Théophile BALIMA et Taladidia THIOMBIANO, l’expert ONG Alfred SAWADOGO et le colonel Charles Lona OUATTARA. Ils ont eu le mérite et l’honnêteté de révéler aux jeunes les qualités exceptionnelles qu’ils retiennent du leader charismatique qu’ils ont connu en la personne de Thomas SANKARA : un patriote intègre et courageux, un humaniste aimant beaucoup son peuple et dévoué à en défendre la dignité,  un grand travailleur très cultivé et libre de tout sectarisme, un visionnaire rassembleur et surdoué dans l’art de forger la conscience nationale, le seul vrai révolutionnaire burkinabè au sein du CNR, osent-ils dire et assumer !

Quels témoignages empreints d’humilité et de sincérité, quelle admiration dénuée de jalousie et de flagornerie, quelle force d’espérance en la renaissance d’un BURKINA authentique, grâce à l’engagement d’une jeunesse qui accepterait de payer le prix de certains sacrifices. A savoir renoncer à des ambitions égoïstes, des rêves égocentriques, des habitudes petites bourgeoises, vaincre la paresse à combattre la médiocrité pour cultiver le dépassement de soi et pratiquer les vertus d’intégrité et d’excellence en tout domaine. C’est le combat que menait après Thomas SANKARA et jusqu’à son assassinat Norbert ZONGO, grand patriote intègre et indépendant comme le titre de son journal, flambeau étincelant de la lutte pour la dignité, les libertés et les droits de tous les citoyens à égalité devant la justice !

Or, depuis l’irruption du MPSR sur la scène politique, l’animation de la propagande du régime se fait sous forme de « Number One Man Shows », d’abord à la DAMIBA puis à la TRAORE. Si Son Excellence Ibrahim TRAORE renonce ou échoue à donner au Peuple des gages de sa capacité à rassembler les FDS  en s’entourant de leurs plus hauts gradés dans les circonstances solennelles comme on l’observe au Niger et au Gabon, comment le Peuple pourrait-il être convaincu de ses aptitudes à conduire tous les patriotes, VDP ou non, à la victoire sur le terrorisme ? Qu’on arrête de lui faire peur pour le contraindre à la résignation sous la férule militaire, car par lui-même et dans l’unité des volontés il est capable de vaincre le terrorisme !

Si sous le CNR, en plus des quatre chefs historiques, il se trouvait des émissaires connus et officiellement mandatés des autorités pour interagir avec les masses populaires, personne aujourd’hui en dehors du gouvernement ne s’affiche comme interlocuteur institutionnel en charge de leur coordination. Dès lors, comment ne pas déplorer l’incapacité du MPSR2 et de son gouvernement à transformer la facile mobilisation massive des jeunes aux mains nues et se déclarant prêts à mourir pour protéger la Transition, en un puissant levier de transformations sociales. Car, correctement conscientisées et fermement encadrées, ces foules peuvent constituer une arrière garde redoutable contre les ennemis disséminés au sein de la population. Comme il est plus aisé de prévenir que de guérir, il faudrait vite trouver les voies et moyens de discipliner et convertir ce potentiel juvénile en rempart patriotique pour promouvoir le civisme et contrer toute forme de violence et de menace pour la paix civile. Pourquoi le Premier ministre et le ministre d’Etat chargé du travail ont-ils délaissé les travaux d’intérêt commun relancés par le précédent chef de gouvernement du MPSR1 pour leur préférer la présidence des cérémonies officielles dans les salles climatisées et bien sécurisées ?

 

“Les libertés individuelles ne devraient pas prévaloir sur les libertés collectives”?

 

D’accord avec les autorités de la Transition que les libertés individuelles ne devraient pas prévaloir sur les libertés collectives. En réplique, les destins individuels ne sauraient justifier la mise en péril des destinées collectives. Oui à la mobilisation générale pour gagner la guerre sur le terrorisme. Non à la mobilisation partisane au profit d’un leader singulier, si habile soit-il à remplir les places et les rues des grandes villes de manifestants offrant volontairement leurs poitrines comme cibles à toute contestation citoyenne. Non à toute escalade verbale d’intimidation des compatriotes aux opinions non radicalisées. Opter d’inciter ces jeunes à se comporter en milices urbaines vouées à sauvegarder ou à restaurer à tout prix le pouvoir arraché de force par Son Excellence Ibrahim TRAORE, si performant soit-il, serait comme une double trahison de la parole donnée par ce dernier. D’abord aux autorités coutumières et religieuses pour succéder à Paul Henri DAMIBA sans effusion de sang, puis aux institutions nationales et internationales pour légitimer son coup d’Etat et bénéficier de leur accompagnement bienveillant.

Merci au Camarade Thomas SANKARA d’avoir laissé l’image indélébile d’homme et d’officier d’honneur, pour qui la parole donnée doit être respectée : venu conduire une révolution, il n’a ni menti ni rusé avec la Nation pour conserver le pouvoir. Il avait certes dénoncé la mal gouvernance des régimes antérieurs pour justifier le coup d’état du CNR mais s’assumait pleinement à rendre compte de la sienne. Chaque année un bilan sans complaisance du chemin parcouru était présenté avec des lignes correctrices interpellant les révolutionnaires au dépassement de soi et à l’excellence.

Merci à Son Excellence Ibrahim TRAORE d’avoir effectué ses premiers pas vers le Peuple en lui parlant, à cœur ouvert et avec des propos profondément touchants, des réalités du terrain qui l’avaient moralement contraint à s’emparer d’un pouvoir qui ne l’intéresse pas.

A présent, en menaçant de sévir sans complaisance contre quiconque contesterait sa légitimité, il prend le risque d’être le premier Chef d’Etat à se déclarer prêt à déclencher une guerre civile au BURKINA pour conserver le pouvoir. Il convient de rappeler qu’en plus de renoncer à ses émoluments de chef d’Etat, le Camarade Président du CNR avait démontré son intégrité totale en déclarant à la surprise générale des dons généreux reçus de bienfaiteurs privés. Au lieu de les utiliser secrètement selon l’intention de ceux-ci à motiver financièrement les unités chargées de sa sécurité personnelle, il les reversait au Trésor public : quel bel exemple de transparence et d’abnégation que tous ses dignes héritiers devraient imiter !

 

“Le Peuple retient son souffle, mais le bon sens rappelle et prévient”

 

Honneur à la sagesse de tous les anciens chefs d’Etat qui n’ont pas fait prévaloir leur légitimité par les urnes, ou les armes ou les manifestations de rue pour semer le chaos. Ni Blaise COMPAORE même au faîte de sa puissance, et pourtant le seul régicide de l’histoire de notre pays.   Ni Thomas SANKARA, le seul chef d’Etat en exercice à avoir par son sacrifice sanglant payé le prix de son patriotisme viscéral. Il s’est livré sans résistance, les mains levées, à ses agresseurs pour préserver la vie de ses compagnons. Ils furent néanmoins massacrés après lui. DIEU MERCI de n’avoir pas permis à ses partisans de trahir sa philosophie humaniste en déclenchant une résistance armée inutile. Son exemple l’emportera-t-il dans le cœur du Président du MPSR2 ? Le Peuple retient son souffle, mais le bon sens rappelle et prévient.

Ce pays nous appartient à tous et à toutes. Nous l’avons reçu en héritage de générations dont les leaders ont su préserver le capital le plus délicat et précieux : la paix civile. Si performant que puisse paraître le MPSR2 dans ses campagnes contre les terroristes, il n’a pas légitimité pour autant d’ouvrir inutilement un autre front de guerre pour « terminer le job ». Personne n’a forcé personne à commencer le job. Personne ne saurait maintenir personne au pouvoir malgré lui comme on le fait d’un prisonnier, ni sans consulter le Peuple souverain pour une durée indéterminée.

D’ici juillet 2024, la Nation dispose d’assez de temps et de génie pour se doter d’autorités civiles légitimes conformément aux engagements pris. Le suffrage universel direct n’est pas le seul mode d’élection possible. Il n’est pas d’essence endogène. Il ne saurait donc servir de référence à ceux qui réclament au préalable une nouvelle constitution s’inspirant de nos réalités, de nos valeurs et des aspirations du Peuple. Qu’ils continuent de se creuser les méninges pour en tirer un projet à mettre en compétition avec d’autres projets sur appel à contributions démocratiques et scientifiques. Espérons qu’il en ressortira quelques propositions fortes, pertinentes et efficaces permettant de discipliner définitivement la grande muette en l’expurgeant de tous les facteurs prédisposant au putschisme. Tous les militaires candidats aux hautes fonctions politiques, diplomatiques et de gestion économique dans les institutions civiles devraient préalablement déposer la tenue et y postuler sans aucun passe-droit.

Puisse le Président du MPSR2 qui a délibérément choisi de prendre le relais du Père de la révolution burkinabè en acceptant son trophée avant de prêter serment comme Président de la Transition et Chef de l’Etat en honorer la mémoire ou se dédire. Elever Thomas SANKARA au rang de Héros de la Nation est certes très louable. Promouvoir sa pensée et ses pratiques de gouvernance vertueuse comme une bannière sacrée lui rendrait davantage gloire. Puisse-t-il s’appliquer à une introspection courageuse pour redéfinir et soumettre au Peuple de nouvelles perspectives de sauvegarde et de restauration qui lui soient acceptables, car la Patrie nous est chère à tous : civils comme militaires, générations déclinantes comme montantes, citoyens résidents comme de la diaspora, populations autochtones comme immigrées ou déplacées, croyants de toutes confessions comme mécréants et même criminels sans foi ni loi, hélas, aussi ! Ce que le Peuple exige désormais de ses dirigeants, c’est la légitimité des vertus.

QUE LE TOUT PUISSANT PROTECTEUR DU BURKINA LE SAUVE ! »

MWINSOMA Jean Claude SOMDA.

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