Sankara était l’ami des artistes, des journalistes et des intellectuels

Sankara en compagnie du journaliste malgache Sennen Andriamirado

Parlons de Sankara. Aujourd’hui tout le monde se réclame de Sankara. Je me souviens qu’au lendemain de son assassinat, nous n’étions pas bien nombreux à batailler pour préserver sa mémoire.

Je me souviens des jours passés à recueillir, retranscrire les textes de ses discours et interviews dispersés dans de nombreuses revues, éparpillés dans de multiples journaux, enregistrés sur de vieilles cassettes audio ou VHS. Des jours passés à fouiller les archives, à faire ressortir de l’ombre des documents oubliés. Travail accompli avec l’aide de mes amis américains et canadiens et la complicité d’un frère tchadien, sankariste de la première heure.

Je me souviens de la lecture et relecture des textes et documents retranscrits avant leur publication dans un ouvrage qui fera son chemin et contribuera à lutter contre l’effacement de la parole de Sankara. D’autres reprendront ensuite le flambeau et se chargeront de favoriser la circulation de cette parole si vivante, si étonnante, si intelligente, si humaine. Une parole désormais présente dans l’imaginaire de toute une génération.

Aujourd’hui chacun connaît et peut citer de mémoire une phrase de Sankara. J’ai vu dans tous les pays du continent que j’ai traversé des jeunes capables de réciter le discours de Sankara aux Nations Unies ou de celui d’Addis-Abeba.

Sankara est aujourd’hui plus vivant que jamais. Tout le monde parle de lui. Même ceux qui s’empressent de faire tout le contraire de ce qu’il aurait fait n’hésitent pas à se réclamer urbi et orbi de son héritage. Et notamment tous ceux-là qui n’ont qu’un seul intérêt : manipuler, mobiliser et utiliser les jeunes africains pour assouvir leurs intérêts personnels ou pour faire avancer l’agenda d’un nouvel impérialisme aspirant à avaler son morceau d’Afrique.

Alors, il me semble plus que jamais important de rappeler l’essentiel : Sankara était un homme politique intègre, Sankara était un président féministe, Sankara était un chef d’Etat écologiste avant l’heure, un humaniste, un ami des artistes, des journalistes, des intellectuels. Un penseur libre. Un intellectuel tourné vers l’action. Jamais enfermé dans des positions purement doctrinales ; toujours habité par une obsession : sortir ses compatriotes de la misère.

Tenant toujours un discours de vérité, Sankara n’était pas un de ces démagogues remuant et flattant les bas instincts de leurs compatriotes. Sankara ne faisait pas dans la haine. Le souci de la justice, la fraternité et l’intégrité étaient les boussoles guidant sa démarche.

Sankara n’était pas intéressé par l’accumulation des richesses matérielles ou celle des titres grandiloquents. Sankara n’était pas un homme assoiffé de pouvoir. Son rêve ultime, racontait-il parfois, était de finir ses vieux jours en lisant des livres dans une bibliothèque.

 Par David Gakunzi

 

 

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