Affichages anarchiques de visuels d’acteurs politiques à Ouaga : A qui la faute ?

La ville de Ouagadougou est envahie d’affiches depuis la nuit du 30 au 31 octobre 2020. Et ce, jusqu’à ce jour 1er novembre : arbres, poteaux électriques, bâtiments publics et privés, monuments, ronds-points et bien d’autres supports sont recouverts d’affiches à l’effigie d’acteurs politiques. Le contexte de ces affichages est celui de la campagne électorale pour les scrutins couplés (présidentiel et législatifs) du 22 novembre. Même dans ce contexte, le Code électoral a consacré un encadrement des affichages, en responsabilisant des autorités et en prévoyant une sanction. Le constat d’affichages anarchiques dans la capitale du Burkina ces jours-ci est certainement révélateur du non-respect de ce que dit le Code électoral sur la question. Mais à qui la faute ?

 

A la faveur de sa révision opérée le 7 avril 2015, le Code électoral dispose à son article 69 que « Dans chaque commune, le maire désigne par arrêté, les lieux publics exclusivement destinés à recevoir les affiches des lois et autres actes de l’autorité publique et des emplacements spéciaux réservés aux professions de foi, circulaires et affiches électorales. »

Aux termes du même article (69), le Code électoral énonce que le maire « en informe le Conseil supérieur de la communication (CSC), la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le démembrement concerné et chacun des partis et formations politiques en lice pour les élections. Dans chacun de ces emplacements spéciaux, une surface égale est attribuée à chaque candidat ou à chaque liste de candidats. »

Mieux, la même disposition (article 69) précise que « Tout affichage relatif à l’élection est interdit en dehors de ces lieux », tout en renvoyant à l’article 116 le contenu de la sanction à infliger en cas d’inobservation de cette interdiction. Et cet article 116 prévient qu’une « amende de cinq mille (5.000) à vingt-cinq mille (25.000) francs est applicable à toute personne qui a contrevenu aux dispositions de l’alinéa 3 de l’article 69. »

Malgré cet encadrement bien pensé, Ouagadougou est sous affichages anarchiques plus de 48 heures après l’ouverture officielle de la campagne électorale. Et ce, en dépit d’un communiqué municipal enjoignant aux « auteurs de ces actes illégaux à décoller immédiatement les affiches en question apposées sur le territoire communal, sous peine des sanctions prévues par les textes en vigueur. » Qui des autorités communales, des responsables du CSC, des responsables de la CENI ont failli ? Les autorités communales vont-elles procéder, par voie d’autorité, à l’arrachage de ces affiches ? Encore faut-il que de telles opérations ne soient pas dirigées contre les seules affiches d’adversaires politiques. Ou alors, le Parquet près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou va-t-il finalement entrer en jeu pour sanctionner l’inobservation de cette interdiction légale ?

Quoiqu’il en soit, il importe que cette question d’affichage pendant la campagne électorale fasse l’objet de large communication préalablement à l’ouverture de la campagne, car elle est parfois source de tensions entre militants de partis politiques.

 

Par Elie Paré

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