Burkina Faso : Un gouvernement pour restaurer l’intégrité

Le président de la Transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba lors de sa prestation de serment le 2 mars 2022 à Ouagadougou. Photo : AFP

Nommés le samedi 5 mars 2022, les membres du nouveau gouvernement burkinabè ont tenu une rencontre de prise de contact le lundi 7 mars dernier avec le président de la Transition, Paul-Henri Damiba.

Un gouvernement de 25 membres avec de grandes surprises. Comme le retour du dernier ministre des Armées de l’ex-gouvernement, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé. Il devient ministre d’État, ministre de la défense nationale et des anciens combattants. L’officier général retrouve ses bureaux à Ouaga 2000 après plus d’un mois de mise à l’écart. Il promet des reformes et des actions dans le prochains jours.

Bassolma Bazié est l’autre surprise dans ce gouvernement. Secrétaire général confédéral de la Confédération générale du Travail du Burkina (CGT-B) jusqu’en novembre 2021, l’enseignant et ingénieur minier a été appelé au gouvernement du Premier ministre Albert Ouédraogo. Il occupe le poste de ministre de la Fonction publique, du Travail et de la protection sociale. L’homme connait bien le monde du travail au Burkina Faso pour avoir dirigé la plus grande centrale syndicale du pays pendant huit ans. Il connait les difficultés et les revendications des travailleurs. Il lui faut juste avoir des coudées franches pour travailler. Ses anciens camarades de lutte, eux, ne comptent pas lui faire des faveurs. Bassolma Bazié en est conscient. Il faut attendre de le voir à l’œuvre.

L’administrateur civil à la retraite retrouve Kossyam sept ans après. Yéro Boly doit s’occuper de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale au sein du nouveau gouvernement. Il connait la fonction ministérielle pour avoir été plusieurs fois ministre à des postes stratégiques sous la présidence de Blaise Compaoré.

Le jeune Lionel Bilgo rejoint l’équipe gouvernementale. Il occupe le plus gros ministère en terme d’effectif  et de syndicats : le ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales. Il aura fort à faire pour calmer le front social qui a été très chaud sous Stanislas Ouaro avec les récentes réformes des examens scolaires. Ce gestionnaire et chef d’entreprise s’est fait connaitre ces dernières années sur les plateaux de télévision et a montré tout son intérêt pour des questions touchant à l’Éducation. Cette nomination sonne comme une occasion pour lui d’apporter sa touche dans le secteur.

Comme Bilgo et Bazié, le colonel-major Omer Bationo entre pour la première fois dans un gouvernement. Il gère l’Administration territoriale, la décentralisation et la sécurité. L’officier supérieur maitrise très bien les questions sécuritaires. Il a été chef de corps du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui comportait une unité de lutte antiterroriste. L’actuel président du Faso, le lieutenant-colonel Damiba a été l’un de ses hommes au RSP. En 2011, les officiers Omer Bationo et Paul-Henri Damiba sont mutés hors du régiment après des mutineries. Omer Bationo occupera la Direction générale de la sécurité intérieure où il a travaillé avec des officiers et sous-officiers de la police et de la gendarmerie. Le jeune Damiba, qui avait juste 30 ans, est muté dans une garnison à Dori dans le Sahel où il est resté et s’est occupé de la lutte anti-terroriste.

Un nouveau portefeuille ministériel vient de voir le jour. Il s’agit du ministère des Affaires coutumières et religieuses confié à Issaka Sourwema, chef coutumier, homme de culture et ancien directeur général des Éditions Sidwaya, le quotidien d’État burkinabè.

Des jeunes technocrates comme Dr Seglaro Abel Somé et Dr Robert Kargougou sont nommés respectivement à l’Économie et à la Santé. Le colonel-major Charles J. Zoungrana doit s’occuper des infrastructures et du désenclavement. Diplômé en génie civil, l’homme se retrouve dans son élément.

Le bâtonnier Barthélemy Kéré est désormais le patron du ministère de la Justice et des droits humains, garde des sceaux. Cet avocat de carrière et de qualité est un homme discret, rigoureux et humble. Il a dirigé la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Accueil peu ordinaire

Une grève de 48 heures les 9 et 10 mars 2022 décrétée par l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB/Ouaga) pour protester, entre autres, contre le rejet des dossiers de plus de 5000 étudiants au FONER pour insuffisance de ressources. A Bobo-Dioulasso, c’est chaud depuis janvier 2022. Le nouveau ministre en charge de l’Enseignement supérieur Frédéric Ouattara arrive dans un contexte de tensions dans deux grandes universités du pays. L’ancien président de l’Université Norbert Zongo à Koudougou doit également “chasser” le retard qui assaille les universités publiques du Burkina Faso depuis près de 10 ans. Les gouvernements successifs jusqu’à ceux de Roch Kaboré n’y sont pas arrivés. Le ministre Ouattara est attendu sur le sujet.

Valerie Kaboré à la Communication et à la culture, Jean Alphonse Somé au Mines et Carrières, Maminata Traoré à l’Environnement, Innocent Kiba à l’Agriculture, Lazare Zoungrana à la Solidarité nationale et à l’action humanitaire, Olivia Rouamba aux Affaires étrangères, Aminata Zerbo à la Transition digitale, Abdoulaye Tall au Commerce et à l’Industrie, Salimata Nebié au Genre, Mahamoudou Zampaligré aux Transports, Boukary Savadogo aux Affaires foncières, Abdoul Wahabou aux Sports et à la Jeunesse, Brigitte Compaoré au Budget et Karamoko Traoré à la Coopération. C’est une équipe gouvernementale au grand complet couvrant des secteurs prioritaires qui doit imprimer “la marche triomphale du Burkina Faso vers l’horizon du bonheur”, comme l’avait indiqué le chef de l’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Aya Ouédraogo

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