Le MBDHP dénonce l’échec du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme
Dans cette déclaration parvenue à notre rédaction, le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des peuples interpelle à nouveau le gouvernement, sur son devoir de garantir de façon effective le droit de notre peuple à la sécurité, et se dit être convaincu que la mobilisation de notre peuple, organisé et déterminé, pourrait contribuer à venir à bout des forces du mal qui endeuillent quasi-quotidiennement nos populations des villes et campagnes.
« Le 14 novembre 2021, des individus armés non identifiés ont attaqué le détachement de gendarmerie de Inata, dans la province du Soum. D’après le gouvernement, cette attaque aurait occasionné la mort de cinquante-trois (53) personnes, dont quarante-neuf (49) gendarmes et quatre (04) civils.
Au cours de cette même journée, le détachement de la commune rurale de Kelbo a également été attaqué par des individus armés non identifiés. Toujours selon le gouvernement, cette attaque aurait été repoussée par les soldats et des volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Le 22 novembre 2021, soit seulement une semaine après ce terrible drame, ce sont dix-neuf (19) personnes selon les chiffres officiels, dont neuf (09) gendarmes et dix (10) civils, qui seront tuées à Foubé. Bien avant, soit le 12 novembre 2021, une équipe du Groupement des Compagnies Républicaines de Sécurité a subi une attaque sur l’axe Dori-Essakane. Selon la Direction générale de la police nationale, cette attaque a occasionné la mort de sept (07) policiers et fait cinq (05) blessés.
Loin d’être exhaustives, les attaques évoquées plus haut ont plongé notre pays dans un cycle infernal de violences inouïes. Chaque jour que Dieu fait, des Burkinabè (civils comme militaires et paramilitaires) sont pris pour cibles et assassinés avec une barbarie extrême.
Le MBDHP s’incline devant la mémoire des personnes tuées, exprime toute sa compassion à leurs familles et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Les attaques de ces derniers jours et les bilans macabres qui les accompagnent indiquent à l’évidence, l’échec du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme. Des premières attaques en 2015 à nos jours, des éléments de nos forces de défense et de sécurité (FDS), en première ligne dans cette lutte, continuent de faire face à des conditions de vie et de travail difficiles et démotivantes. Aujourd’hui encore, des informations font état de retard dans les paiements de primes (primes elles-mêmes dérisoires) et autres frais de missions prévus au bénéfice des FDS relevées sur le terrain.
De même, les détachements et unités militaires et paramilitaires sur le terrain semblent abandonnés à leur sort lors de certaines attaques. Il serait fréquent que leurs appels au renfort restent vains, alors même que nos autorités annoncent des acquisitions de moyens de défense aériens.
Récemment encore, des informations parues sur les réseaux sociaux et confirmées par le Chef de l’Etat révèlent que des unités des FDS déployées sur le terrain manquent même de nourriture. Pourtant, le budget de la défense nationale s’est accru de plusieurs dizaines de milliards ces dernières années. Comment comprendre alors une telle situation ?
Le dénuement évoqué ci-dessus touche également les VDP qui, dans bien de localités, sont laissés à eux-mêmes et font face aux groupes armés terroristes dans des conditions extrêmement précaires ; en témoigne les cris de détresse de VDP de la province du Lorum.
Déjà, le 16 septembre 2019, le MBDHP avait, en partenariat avec d’autres organisations de la société civile, organisé des manifestations pacifiques sur toute l’étendue du territoire national en vue d’exiger, entre autres choses, l’amélioration des conditions de vie et de travail des éléments des FDS. A Ouagadougou, cette marche a été interdite par le Maire de la ville et sauvagement réprimée à coup de matraque et de gaz lacrymogène. Plus de deux années après, cette revendication reste d’actualité.
Hélas, le gouvernement n’a jusqu’ici pas démontré un engagement véritable et une capacité réelle à lutter contre le terrorisme. Pour preuve, la situation sécuritaire de notre pays ne fait que s’aggraver.
Face à cette situation, des manifestations sont organisées dans plusieurs localités de notre pays au cours desquelles l’on note malheureusement des appels incessants au coup d’état militaire. Appelant ses militants à se démarquer de tels appels, le MBDHP rappeler et réaffirmer qu’aussi bien au Burkina Faso qu’ailleurs, les coups d’Etat n’ont jamais apporté de solutions aux préoccupations des populations. Pire, les intrusions répétées de l’armée dans la vie politique nationale constituent l’une des causes de la situation actuelle de notre pays.
C’est pourquoi, tout en interpellant à nouveau le gouvernement, sur son devoir de garantir de façon effective le droit de notre peuple à la sécurité, le MBDHP demeure convaincu que la mobilisation de notre peuple, organisé et déterminé, pourrait contribuer à venir à bout des forces du mal qui endeuillent quasi-quotidiennement nos populations des villes et campagnes. Il appelle donc ses militants et militantes à s’organiser aux côtés des autres couches sociales de notre pays afin de revendiquer pour tous les Burkinabè, des villes comme des campagnes, la réalisation du droit de notre peuple à la sécurité ».
Non à l’insécurité, source de violations de droits humains !
Non au terrorisme !
Oui à la mobilisation populaire pour exiger le respect du droit du peuple à la sécurité !
Ouagadougou, le 23 novembre 2021
Le Comité exécutif national