Burkina Faso : Décès du président du Conseil constitutionnel
Le président du Conseil constitutionnel burkinabè Kassoum Kambou est décédé le 19 février 2022, précise un communiqué de la Présidence du Faso.
« Du principe du devoir d’ingratitude, il est important de le souligner car, sauf à renoncer à sa mission originelle, le Conseil constitutionnel est un contre-pouvoir. Un contre-pouvoir contre l’abus du pouvoir. Il est important de vous rappeler la célèbre et éclairante phrase de Lord Acton : ‘’le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou’’. Car il est d’une vérité éternelle, renchérit Thucydide : ‘’tout homme tend à aller jusqu’au bout de son pouvoir’’. Le remède à cette maladie anthropologique qui tue politiquement, est l’existence de contre-pouvoir. C’est en accomplissant à tout temps ce devoir, qu’individuellement et collectivement nous rendrons un très grand service à celui qui vous a nommé, à la démocratie et au peuple burkinabè épris d’institutions qui lui garantissent sa liberté et le progrès économique et social. »
Ainsi s’exprimait Kassoum Kambou le 8 janvier 2021 à la salle des Banquets à Ouaga 2000 après avoir reçu le serment de trois nouveaux membres du Conseil constitutionnel : Véronique Bayili, Moctar Tall et Sophie Sow. C’est l’un de ses derniers grands discours. Souffrant depuis des mois, le magistrat de grade exceptionnel Kassoum Kambou est décédé le samedi 19 février 2022. Il ne présidera dons plus le conseil constitutionnel qu’il dirigea depuis 2015.
Il se retire à un moment crucial de la vie politique et institutionnelle nationale marquée par le coup d’Etat militaire du 24 janvier 2022 suivi de décisions du Conseil constitutionnel et d’une prestation de serment fortement critiquées par des enseignants de droit et d’intellectuels issus d’horizons divers. L’image et le nom du défunt Kambou n’ont pas été associés à ces récentes décisions du Conseil constitutionnel, empêché du fait de sa maladie.
Le juge Kambou a été un intellectuel très apprécié au Burkina Faso et même au-delà. Au dernier Festival international de la liberté d’expression et de presse (FILEP) tenu à Ouagadougou en novembre 2021, le porte-parole du gouvernement sénégalais Latif Coulibaly a rendu un vibrant hommage à Kassoum Kambou, magistrat intègre et activiste des droits de l’homme connu et reconnu.
Intégré dans la magistrature en 1980, Kassoum Kambou a été substitut du Procureur de la république près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, membre des Tribunaux populaires de la révolution (TPR), procureur à Dori, conseiller à la Cour d’appel de Ouagadougou, à la Cour suprême, à la Cour de cassation où il a présidé la Chambre commerciale. Membre fondateur du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), il a été membre du Comité exécutif national jusqu’en 2013.
Bendré