Education en Afrique : Le Burkina Faso ne fait pas partie des 16 pays les plus avancés

« Assurer l’éducation primaire pour tous », tel était le deuxième Objectif du millénaire pour le développement (OMD) devenu l’Objectif de développement durable (ODD) numéro 4 à l’horizon 2030. Selon le rapport 2015 sur les OMD, les dix pays d’Afrique ayant réussi à scolariser plus de 90% de leurs enfants sur la période des OMD, entre 2000 et 2015, étaient le Rwanda, l’Afrique du Sud, la Tunisie, la Zambie, l’Algérie, le Bénin, le Cameroun, le Cap-Vert, le Congo-Brazzaville et Maurice. Plus de 5 ans après l’échéance des OMD, où en est le Burkina Faso et les autres pays d’Afrique au sud du Sahara ?

 

Selon les statistiques de l’Unesco, reprises par les données « Edustat » de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne affiche en 2019 un taux brut de scolarisation au primaire de 99%. Au Burkina Faso, le taux brut de scolarisation à la même période était de 89,5 pour cent au primaire en 2018/2019, 50,5 pour cent au post-primaire et 21,6 pour cent pour le secondaire selon les chiffres du ministère de l’éducation nationale. Il s’agit du total des inscriptions au primaire en pourcentage de la population scolarisable au même niveau. La Banque africaine de développement (BAD) met en garde sur la bonne lecture de ce chiffre. Ce qui compte n’est pas le nombre d’inscrits, mais le nombre d’élèves qui se rendent en classe. « Une personne sur trois inscrites dans une école primaire est déscolarisée. Les raisons incluent une entrée tardive, la pauvreté, la mauvaise qualité de l’éducation et un manque de prise de conscience de l’importance de l’école. »

Situé à 70% en 2012, le taux d’achèvement du cycle primaire était à 69% en Afrique subsaharienne en 2019, selon les données de l’Unesco (contre 92% en Inde et dans toute la région Moyen-Orient Afrique du Nord). Au Burkina, le taux d’achèvement est de 61,7 pour cent au primaire contre 39 pour cent au post-primaire et 15,4 pour cent au secondaire. Le niveau de l’Afrique subsaharienne, le plus faible du monde, s’explique par « la participation des enfants aux tâches agricoles, le manque d’installations scolaires, le manque d’enseignants et les frais de scolarité » selon l’Unesco, sans oublier les États qui connaissent des violences terroristes dans le Sahel et la Corne de l’Afrique. C’est le cas du pays des « Hommes intègres ».

Les 16 pays d’Afrique ayant les plus forts taux d’achèvement de l’école primaire (source : Unesco)

Pays Taux Année des données
Egypte 105% 2019
Algérie 101% 2019
Botswana 101% 2013
Kenya 100% 2016
Maurice 99% 2019
Seychelles 99% 2019
Zimbabwe 98% 2013
Rwanda 97% 2019
Maroc 97% 2019
Tunisie 95% 2017
Namibie 94% 2018
Ghana 94% 2018
Eswatin 94% 2018
Af. du Sud        90% 2018
Cap-Vert           87% 2018
Togo 87% 2019

 

La qualité de l’enseignement en question

Il est à noter que ces chiffres n’indiquent que des quantités, et non la qualité de l’enseignement qui pèche encore dans de nombreux pays. « Le tiers environ des élèves après six années de scolarité ne sait pas lire une phrase », selon la BAD. L’Unesco confirme en ces termes : « d’après une évaluation réalisée en 2010 au Cap-Vert, un tiers des élèves arrivant à la fin de l’enseignement de base a un niveau considéré comme faible en portugais ».

La qualité pose aussi problème dans d’autres pays comme l’Egypte, dans la mesure où les instituteurs ont longtemps figuré parmi les fonctionnaires les moins bien payés du pays. Ils gagnent 338 euros par mois en moyenne, après une revalorisation en octobre 2020. C’est la même réalité au Burkina Faso où les enseignants se plaignent régulièrement de leurs conditions de vie et de travail. Les classes dans le système public étant surchargées, certains élèves dont les parents ont les moyens financiers conséquents prennent des cours particuliers pour pallier le faible niveau de l’enseignement dispensé. Un phénomène qui creuse les inégalités sociales. Le problème de la qualité de l’éducation n’a cependant rien d’africain. Plus de la moitié de tous les enfants et adolescents du monde n’ont pas le niveau minimal de compétence en lecture et en mathématiques. Ce qui revient, pour l’Unesco, à une « crise de l’apprentissage » globale.

 

Jean Pierre Sawadogo

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