Fespaco 2021 : L’Etalon d’or de Yennega à « La femme du fossoyeur »

Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a refermé ses portes le samedi 23 octobre 2021 avec le sacre du film « La femme du fossoyeur » du réalisateur Somalien Ahmed Khadar. Cette œuvre est avant tout une histoire d’amour.

 Le film La femme du fossoyeur n’était pas donné favori dans cette compétition pour décrocher la palme du jury du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Et pourtant, c’est à lui qu’est revenu le grand prix, la plus haute distinction de cette 27ème édition de la biennale du cinéma africain. Réalisé et proposé par l’Africain de nationalité somalienne Khadar Ahmed, La femme du fossoyeur est une œuvre d’une grande originalité, à en croire le jury.

Le vendredi 22 octobre, peu avant son sacre, ce film long métrage a été projeté à l’Institut français, précisément au Grand Méliès devant plusieurs centaines de festivaliers et cinéphiles. Malgré la barrière de la langue, ce film a pu retenir les cinéphiles. Sur le plan technique, c’est un concentré de beaux plans de coupes qui fait sentir Djibouti dans toute sa splendeur, la beauté de la nature et surtout la simplicité de la vie pour ces personnes qui ne cherchent et ne travaillent que pour le juste minimum pour vivre. Le réalisateur et son équipe ont maximisé sur l’image. C’est la première qualité de ce chef d’œuvre.

Ensuite l’histoire racontée. Elle touche le cœur de l’homme. Un jeune couple formé par Guled et Nasra. Le chef de famille Guled est fossoyeur. C’était l’amour parfait. Un jour le malheur s’abat. L’épouse Nasra tombe gravement malade et doit subir une intervention. Cette intervention nécessite des moyens, de l’argent que n’a pas le fossoyeur. Il frappe à des portes. Mais les temps sont durs. Le jeune adolescent issu de ce couple avait commencé à sécher les cours et courir dans les rues. Coincé de toute part et déterminé à sauver son épouse chérie, l’infortuné appelle son fils adolescent et lui explique que sa mère est mourante et qu’il n’a pas de moyens pour assurer les frais. Pour ce faire, il ira au village pour demander de l’aide. Cette séquence du film fait tressaillir. Le regard des deux personnages est touchant. L’adolescent prend rapidement conscience. Il se tape les petits boulots dans les gares, dans la rue pour avoir de quoi faire un repas pour la mère malade. Le père, de son côté, doit parcourir une longue distance à pied pour rejoindre son village pour un hypothétique soutien.

Une fois au village, il n’aura pas l’aide escomptée. « Tout ça pour ça », tout ce douloureux périple pour rien. Même son troupeau qu’il avait laissé entre les mains de son frère pour aller en ville, il ne l’aura pas non plus. Les garants de la tradition sont saisis pour trancher le litige qui l’oppose à son frère. Là encore, il est débouté. C’est un peu comme si le ciel lui tombait sur la tête. Il tente tout de même d’emporter quelques animaux du village. Avec ses blessures aux pieds du fait du pénible voyage, il n’ira pas loin. Il est rattrapé par des jeunes du village qui le passent à tabacs. Copieusement battu, donc gravement blessé, il est abandonné aux bords de la voie. Un véhicule de passage le transporte vers la ville. C’est l’histoire proposée par le réalisateur de 40 ans à ce festival.

Par Fatim Traoré

 

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