Le Burkina Faso, un mois après le coup d’État

L'annonce du coup d'Etat le 24 janvier 2022 à la télévision nationale. Photo : TV5 Monde

Ce 24 février marque les 30 jours de l’arrivée au pouvoir du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Il y a un mois, des militaires dirigés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba mettaient fin au régime de Roch Kaboré. Le motif principal avancé est l’incapacité du président élu à désamorcer la crise sécuritaire.

La page du civil Roch Kaboré est tournée. Les militaires sont aux commandes. Ils annoncent une refondation de la nation. Dès la première semaine de leur prise de pouvoir, l’on a assisté à une valse de bérets. Sur le plan de la lutte contre le terrorisme, il n’y a pas encore de bilan précis. C’est d’ailleurs tôt de l’exiger. Déjà tout le commandement militaire a été renouvelé. Des jeunes officiers sont placés à la tête de l’armée. Le colonel Adam Neré à l’armée de terre, le lieutenant-colonel Evrard Somda à la gendarmerie nationale, le colonel Vincent de Paul Ouédraogo à l’armée de l’air, le lieutenant-colonel Mahamadi Bonkoungou à l’Agence nationale des renseignements (ANR). Avec comme chef d’état-major général des armées, le colonel major David Kabré.

Innovation majeure, le chef de la junte a créé le Commandement des opérations du théâtre national (COTN), structure opérationnelle chargée de concevoir et de coordonner la lutte contre le terrorisme. Il est dirigé par les lieutenants colonels Didier Bamouni et Romeo Ouoba. De premières opérations ont été menées dans le nord du pays et d’autres régions. Des précisions sont attendues en terme de bilan. Mais ces dernières semaines, les terroristes se montrent encore très actifs. Incendies d’écoles, ultimatums à des villages de déguerpir, enlèvements, implantation d’engins explosifs improvisés avec à la clé des décès et des blessés.

Dans le volet politique, le pays est toujours dans l’attente d’un gouvernement. La commission technique de rédaction des textes et de l’agenda de la transition a transmis son rapport le 23 février 2022 au chef de l’Etat. Des assises nationales sont annoncées pour adopter ou amender le document. Paul-Henri Damiba a multiplié les rencontres avec les acteurs politiques, sociaux, diplomatiques pour expliquer sa vision du Burkina nouveau.

Comme promis dans leur acte fondamental, jusque-là les libertés publiques et démocratiques sont garanties. Seul le président déchu Roch Kaboré est aux mains de la junte. Son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), exige sa libération et dénonce « le durcissement » de ses conditions de détention. Selon l’ancien parti majoritaire, l’ancien président du Faso a changé plusieurs fois de lieux de détention. Des groupes de jeunes apportent leur soutien à la junte. Ils ont organisé un meeting de soutien aux autorités. Certains mettent même en garde ceux qui « oseront perturber la marcher radieuse » du Burkina Faso vers « sa refondation ». Pour d’autres, ces meetings ou marches de soutien sont dépassés.

Les Burkinabè attendent des actions fortes dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d’origine, le droit d’aller et venir partout au Burkina Faso sans risque de se faire enlever ou assassiner par des bandits ou des terroristes, un changement de cap dans la lutte contre la corruption et le pillage des ressources publiques et exigent une gouvernance vertueuse.

Fatim Traoré

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