Lutte contre le terrorisme : Nous avons des militaires de valeurs, il nous faut maintenant une armée

Ni l’augmentation des budgets alloués au secteur de la défense et de la sécurité, ni la loi de programmation militaire, ni les différents changements intervenus à la tête des ministères de la défense et de la sécurité, des Etats majors de l’armée, des commandants des régions militaires, encore moins l’appui des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) n’ont permis à notre pays de venir à bout du terrorisme.

Une bonne armée se caractérise par-dessus tout par la discipline, la rigueur, l’esprit d’équipe et de solidarité, la volonté de se battre et surtout la rage de l'emporter quel que soit la force de l'ennemi. (Ph DR)

Depuis sept ans, les terroristes se sont invités dans notre pays, jadis havre de paix.  Ils ont décidé de s’y installer définitivement, avec armes et bagages. La province du Soum dans le Sahel, la ville de Pama dans la Région de l’Est , la commune de Namsiguiya dans le Centre nord et celle de Thiou dans le Nord sont devenus pratiquement leurs bastions. Nos militaires,  exténués par sept ans de guerre, semblent impuissants face à la situation qui se dégradent jour après jour.

 

Ni l’augmentation des budgets alloués au secteur de la défense et de la sécurité, ni la loi de programmation militaire, ni les différents changements intervenus à la tête des ministères de la défense et de la sécurité, des Etats majors de l’armée, des commandants des régions militaires, encore moins l’appui des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) n’ont permis à notre pays de venir à bout du terrorisme. La décision de certains officiers de notre armées, de balayer le régime impopulaire de Roch Kaboré et d’assumer la réalité et la totalité du pouvoir politique et militaire n’y fit rien. Plus de deux mois après leur prise de pouvoir, la situation semble échapper chaque jour encore plus au Président Paul Henri Damiba et à son équipe.

 

Sauf que jusque-là, les réponses apportées par les autorités burkinabè sont, semble-t-il, militaires. Malheureusement, cette tactique ne produit toujours pas les résultats escomptés. Surtout quand la qualité de l’armée que nous avons peut être questionnée. Nous avons certes des soldats, des sous-officiers et des officiers de qualité, mais nous n’avons pas encore une armée, c’est-à-dire une équipe forte, dynamique, soudée, complémentaire ou chacun connait son rôle et sa place.  Une bonne armée se caractérise par dessus tout par la discipline, la rigueur, l’esprit d’équipe et de solidarité, la volonté de se battre et surtout la rage de l’emporter quel que soit la force de l’ennemi. Les défis du moment nous imposent plus que jamais d’avoir des chefs de guerre exemplaires, capables de dire aux soldats “suivez-moi”, plutôt que des chefs militaires qui disent aux soldats “allez-y”.  Enfin, une bonne armée se doit de se doter d’hommes et de femmes de qualité, intègres, qui se soucient au quotidien des conditions de vie et de travail de leurs éléments.

Malheureusement, nous sommes au regret de constater au sein de notre armée des dissensions et dissonances internes qui font que nous avons une machine de guerre difficile à faire fonctionner à son régime maximum. Sans compter la gouvernance de ce secteur qui laisse à désirer. Il faut ajouter à cela l’absence d’une volonté d’engager effectivement et intelligemment tout le peuple dans cette guerre. Des formes existent ou peuvent être imaginées pour engager le peuple tout entier dans une participation efficace au processus de défense de la patrie.

En plus, les autres secteurs de la vie nationale peuvent être un peu mises en berne pour concentrer le maximum de nos énergies et de nos ressources (humaines, matérielles, financières, intellectuelles…) à la lutte contre les envahisseurs, la récupération des portions du territoire sous leur contrôle, la sécurisation de toutes les zones affectées, l’assistance aux populations déplacées internes et le retour de celles-ci dans leurs localités d’origine. En cela, on aurait pu avoir un gouvernement civil qui ne s’occupe que des questions institutionnelles, politiques et socio-économiques et un conseil national de guerre, conduit par le chef de l’Etat himself et qui ne s’occupera que de réorganiser l’armée, de la mettre en position de combat pour gagner cette guerre. Nous n’avons qu’une seule option : gagner la guerre. Nous en avons les moyens. Il ne nous reste que la stratégie. Vite, il faut reconstruire notre armée, à la dimension des défis actuels.

Fatim Traoré

 

Tags: terrorisme, armée, Burkina Faso, Bendré

Laisser un commentaire

shares