Opération mains-propres : Roch Kaboré se réveille-t-il enfin ?

L’on peut affirmer sans ambages que les autorités judiciaires auront fort à faire tant les dossiers de mal-gouvernance se sont multipliés ces dernières années sous la présidence de Kaboré (Pr DR)

Dans une allocution diffusée sur la télévision nationale, le Président du Faso, Roch Kaboré a annoncé une opération mains propres, pour vider tous les dossiers pendants de corruption et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des Burkinabè. Il y a bien longtemps que notre peuple attendait cette décision, tant le pays commençait à perdre son âme dans les méandres de la corruption, des détournements des deniers publics et du pillage des maigres ressources et ce en toute impunité.

 

Si cette décision doit donc être applaudie des deux mains, il est à signaler que le Président du Faso n’est pas à sa première promesse de sanctionner les burkinabè indélicats. A-t-il enfin pris la décision de nettoyer les écuries d’Augias ? Espérons. Mais attendons de voir pour croire que le locataire du palais de Kosyam a effectivement décidé de nettoyer les immondices nauséabonds et nauséeux qui s’amoncelaient autour de lui.

En attendant, l’on peut affirmer sans ambages que les autorités judiciaires auront fort à faire tant les dossiers de mal-gouvernance se sont multipliés ces dernières années dans ce pays.

Les plus emblématiques resteront sans nul doute « l’affaire charbon fin » qui impliquait l’ancien ministre en charge des mines, Oumarou Idani, l’affaire de la villa à Manga de l’ancien ministre de la défense, Seydou Bouda, l’affaire d’achat de véhicules à la mairie par Armand Pierre Beouindé, l’Affaire des 37 magistrats épinglés pour des manquements à l’éthique et à la déontologie de la profession, l’affaire Adama Kanazoé, du nom d’un ancien conseiller spécial du Président du Faso, l’affaire des audiences monnayées à la présidence du Faso, l’affaire  du directeur de cabinet du président du Faso Seydou Koudougou Zagré, accusé de blanchiment d’argent, etc. pour ne citer que ceux-là.

En outre, de nombreux dossiers impliquants de hauts dignitaires, des ministres, des présidents d’institutions, des ambassadeurs, etc., dorment dans les tiroirs de l’Autorité supérieur de contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC), tout comme dans ceux du Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac). Que dire alors des travaux du Ce

Au Burkina Faso, nous étions habitués depuis le début des années 1990 à ces riches de types nouveaux qui poussent du jour au lendemain comme des champignons, brassant par on ne sait quelle magie plusieurs millions de FCFA alors qu’ils ne sont pour la plupart que des travailleurs de la Fonction publique. Le Burkina Faso étant un pays de savane, on se connait tous, on connait tous ce que chacun perçoit comme salaire et nous savons que la plupart de nos nouveaux riches sont des fils de paysans qui arrivaient à peine à joindre les deux bouts, il y a peu. D’où sortent-ils alors toutes ces richesses ?

Les Burkinabè ont des raisons sérieuses de se poser des questions et de demander que la loi sur le délit d’apparence s’applique. En effet, l’article 69 de la loi CNT portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso, indique à son article 69 qu’est puni de deux ans à cinq ans et d’une amende de 5 millions à 25 millions de FCFA, quiconque ne peut raisonnablement justifier l’augmentation de son train de vie au-delà d’un seuil fixé par voie réglementaire au regard de ses revenus licites.  Or, si l’on en croit les déclarations de biens de nos autorités, nous avons de belles raisons d’avoir des doutes sur l’enrichissement subit de certains et sur leurs propensions à s’offrir des palaces dans un vaste océan de misères.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Burkinabè ont perdu totalement confiance en leurs dirigeants quant à leur capacité à sanctionner les malfrats en leur sein. Avec sa dernière sortie, Roch Kaboré pourra-t-il encore rétablir la confiance avec son peuple ? Ces promesses qui apportent du baume au cœur de tous les démocrates sincères et les défenseurs d’une gouvernance vertueuse ? Il n’est jamais tard pour bien faire.

 

Inoussa Ouédraogo

 

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