Procès Sankara : Adjudant-chef Demé, le 11ème accusé à la barre

Des accusés au procès Sankara. Photo: koaci.com

Vers la fin de l’interrogatoire des accusés dans le procès de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses compagnons. L’adjudant-chef major Diakalia Démé, le 11ème accusé, a comparu ce lundi 15 novembre 2021 devant la Chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou. Le procureur militaire lui reproche des faits de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat.

L’adjudant-chef major Diakalia Demé a un niveau de français impeccable. Né en 1958 dans la province du Poni au Sud-ouest du Burkina Faso, il portait le grade de sergent des forces armées populaires du Burkina Faso en 1987 lorsque le président du Conseil national de la révolution (CNR), Thomas Sankara et ses compagnons étaient tués le 15 octobre. Membre de l’équipe de volleyball de la présidence, l’accusé indique que le jour des faits, il était avec d’autres frères d’armes au plateau du Conseil de l’Entente pour un entrainement. Vers 16h, ils ont entendu des tirs alors qu’ils étaient en plein entrainement. « J’ai entendu des tirs mais je ne savais pas que c’était un coup d’Etat. Pour moi, ça pouvait être un règlement de comptes ou des tirs de dissuasion », commente l’accusé.

Avec les tirs, ils se mettent en planque. Et après ces tirs, il se rend avec son binôme l’adjudant Pascal Belemlilga à l’Escadron motorisé commando (EMC) sis en face du Conseil de l’entente. Une fois sur ces lieux, le major Demé déclare avoir reçu ordre du chef de peloton Bernard Kaboré d’aller se mettre en tenue de combat pour rejoindre la Force d’intervention du ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FIMATS). « Avec Albert Belemlilga, on est allé se changer et on est (re)venu à la FIMATS », explique l’accusé. Pour lui, la mission à la FIMAT, c’est d’aller aider à sécuriser la population. « Je n’ai rien vu de spécial à la FIMATS. Sauf que les gens étaient en alerte. L’ambiance était morose. Pour nous, c’était une mission de cohabitation avec les éléments de la FIMATS. On ne peut pas sécuriser tant qu’on ne collabore pas…J’ai passé la nuit en plein air avec les autres éléments de l’EMC et de la FIMATS », indique-t-il. L’adjudant-chef major Demé affirme n’avoir pas vu l’arrivée du cortège du président Sankara quand il était au sport.

Son co-accusé Albert Belemlilga, lui, dit le contraire. Il soutient avoir vu le cortège du président. Qu’il a même vu par la suite Hyacinthe Kafando, N’Soni Nabié. Devant le juge d’instruction, il ajoute qu’à l’EMC, ils ont vu le commandant Tibo Ouédraogo qui leur a dit de « prendre des dispositions pour aller désarmer la FIMAT. Nous avons embarqué sur nos motos avec des armes. De la maison, nous nous sommes rendus à la FIMATS. Le camp était déjà pris. Il n’y a pas eu de combat. Les policiers étaient au sport. Ceux qui étaient en armes ont été mis à genou, leurs armes retirées, le magasin d’armes fermé, les clés retirées. »

Pour le procureur militaire, la mission de l’accusé à la FIMATS entrait dans le cadre de la consolidation du putsch perpétré le 15 octobre 1987. Ils étaient dans une logique de répression de ceux qui voulaient entrer en résistance contre les putschistes. Ce n’est pas l’avis du sous-officier supérieur. A l’en croire, il a exécuté un ordre reçu de son supérieur. De la FIMATS, l’équipe de l’EMC est revenu au Conseil de l’entente « pour se ravitailler en carburant. C’est en ce moment qu’on a vu les corps », foi de l’accusé Demé. Selon Me Julien Lalogo, avocat des parties civiles, la version à la barre de Diakalia Demé ne concorde pas avec celle de son binôme Belemlilga. Pourtant ils ont cheminé ensemble pendant les évènements. Me Olivier Y. Somé est l’avocat de l’accusé.  Il note que son client a dit ce qu’il a vu et vécu pendant les événements.

Par Aya Ouédraogo

 

 

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