« Rendez justice à Yamba Elysée Ilboudo en l’acquittant », Me Eliane Kaboré  

Me Eliane Kaboré est l'avocate de Yamba Elysée Ilboudo. Photo: Bendré

Dernier virage dans le procès des tueries du 15 octobre 1987. La parole est à la défense depuis le mardi 22 mars 2022. Me Eliane Kaboré est constituée aux côtés du soldat de première classe Yamba Elysée Ilboudo. Ce militaire retraité a conduit le chef du commando, le sergent Hyacinthe Kafando, du domicile de Blaise Compaoré au Conseil de l’entente le jour des événements tragiques. Le soldat Yamba Elysée a été renvoyé pour complicité d’attentat à la sureté de l’État et complicité d’assassinat.

C’est une plaidoirie bien construite et présentée calmement. Me Eliane Kaboré a plaidé la cause de son client Yamba Elysée Ilboudo renvoyé devant la chambre de première instance du Tribunal militaire de Ouagadougou pour complicité d’attentat à la sureté de l’État et complicité d’assassinat. Selon l’avocate, les infractions reprochées à son client ne sont pas caractérisées. « Personne n’a démontré dans cette affaire l’existence d’un élément intentionnel en ce qui concerne mon client », foi de l’avocate.

A l’écouter, son client a certes conduit Hyacinthe Kafando au Conseil de l’entente, mais il ignorait tout de ce qui se tramait et de ce que « son patron partait faire au conseil de l’entente ». Il n’en savait rien. Arrivé au Conseil de l’entente, Yamba Elysée Ilboudo ne savait pas où il devait conduire exactement Hyacinthe. La preuve, souligne Me Eliane Kaboré, quand ils sont arrivés vers le mat du drapeau, son client avait voulu suivre Hamidou Maiga. Hyacinthe a dit : « tu pars où et il a tiré le volant du véhicule, ils sont allés cognés la porte du secrétariat du Conseil national de la révolution (CNR). » De l’entendement de l’avocate, si son client était dans le coup, il aurait néanmoins connu l’itinéraire à l’avance. Il n’a été qu’un chauffeur, il n’avait pas le droit de demander à son chef Hyacinthe Kafando ce qu’il partait faire au Conseil de l’Entente ni celui qu’il partait y rencontrer.

En absence d’intention coupable, pense l’avocate, son client doit être acquitté purement et simplement ou au bénéfice du doute. « Si vous condamnez Yamba Elysée Ilboudo, vous aurez jugé mais vous n’aurez pas rendu justice », enchaine l’avocate. Elle  invite le tribunal à se rester vigilant pour ne pas tomber dans le piège de l’erreur judiciaire en prononçant une condamnation contre son client. « Aucune justice ne permet de condamner sans preuve ni élément intentionnel, même pour les beaux yeux du peuple », indique l’avocate. Elle insiste sur le doute « très sérieux » qui existe dans ce dossier et dénonce « un tâtonnement très dangereux du parquet militaire » qui du fait « de son travail peu élaboré » a poursuivi son client à tort.» « Rendez justice à Yamba Elysée Ilboudo en l’acquittant », persiste et signe Me Eliane Kaboré.

Le parquet militaire a requis 11 ans fermes contre l’accusé Yamba Elysée Ilboudo. Le ministère public et les avocats des parties civiles avaient félicité le soldat retraité pour sa constance et son aide précieux à la manifestation de la vérité dans le dossier de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune.

 

 

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