Viol sur une jeune fille à Koudougou: « Quand il a fini, il m’a photographié et a menacé de balancer ça sur les réseaux sociaux, si je parle… »

"Je voudrais bien porter plainte, mais je n’ai personne comme famille à Koudougou et je ne sais pas comment ça se passe." Photo d'illustration (DR)

Lundi 20 décembre 2021. Bibata Tondé (Nom d’emprunt), jeune fille de 24 ans venait de descendre du travail et rentrait chez elle aux alentours de 19h30. Elle ne savait pas que ce jour-là, elle vivrait un cauchemar.  Elle sera accostée par un inconnu qui prétendait être à la recherche de jeunes filles pour l’aider à gérer son maquis. Croyant être tombée sur une belle opportunité d’emploi, et s’arrête pour mieux écouter son bourreau. Mais plutôt que de promoteur de maquis, elle sera confrontée à un violeur, qui après son forfait se pavane toujours dans la nature, en toute impunité, menaçant même sa victime de publier sa photo nue sur les réseaux sociaux.  Notre reporter a rencontré la jeune fille en question à Koudougou quelques jours après ce crime. 

 

Bendré : Comment le contact s’est-il établit entre vous et celui que vous accusez de viol ?

Bibata Tondé : Le monsieur m’a croisé sur le goudron quand je rentrais chez moi après le travail. Lui, était sur sa moto, il m’a dit de m’arrêter, j’ai dit non et j’ai continué à pédaler. Je lui ai fait savoir que j’étais pressée de rentrer chez moi et qu’en plus mon vélo était dégonflé. Je ne l’avais jamais vu et on ne se connaissait pas. Il m’a suivi en parlant.  Je me suis arrêté. Il m’a dit qu’il s’appelle Akim et qu’il voulait qu’on cause. Je lui ai fait savoir que j’étais pressée de rentrer chez moi. Il m’a fait savoir qu’il a l’intention d’ouvrir un maquis resto.

Comment s’est passé la suite ?

Il a dit qu’il revenait de la ville car il était allé acheter des jeux de lumières pour l’ouverture du maquis en question. Il m’a même montré les files de jeux de lumière. Il a dit que ce n’est pas loin, de venir voir et que ça pourrait m’intéresser non seulement, mais que je pourrais l’aider à trouver d’autres filles pour y travailler. Je me suis dit que comme ce n’est pas loin, je vais passer voir avant de rentrer à la maison. Arrivé, nous sommes rentrés et il m’a dit de voir et donner mon appréciation et je lui ai dit que c’est très joli.

Comment il en arrive à l’acte ?

C’est après m’avoir présenté les locaux qu’il s’est dirigé vers la porte qu’il a fermé à clé. Ensuite il est venu m’attraper en me disant de me lever on va prendre photo. Je lui ai fait savoir que je n’étais pas venu pour ça et que je voulais juste rentrer maintenant chez moi. C’est là qu’il m’a attrapé avec force. Cette action m’a fait peur et je me suis mise à pleurer et à appeler au secours. Il m’a poussé subitement par force et je suis tombé. Il est monté sur moi et a enlevé tous mes habits. Ce jour-là, je n’avais pas porté collant-plaqué, donc il a tiré mon habit enlevé, et il a descendu la fermeture de ma jupe. J’ai pris de la poussière car la salle était poussiéreuse. Il a voulu me violer. J’ai résisté, nous nous sommes tiraillés dans la salle et nous avons renversés les chaises. Je lui ai encore fait savoir que je ne voulais pas et qu’il n’a qu’à me laisser rentrer. Mon cœur battait, je tremblais et j’avais très peur. Je ne me retrouvais plus, je ne savais pas où j’étais. J’étais perdue.

Donc finalement, il n’a pas pu passer à l’acte ?

Dans le maquis, il n’a pas pu passer à l’acte. Il m’a dit que si c’est comme ça, de me lever il va me raccompagner dans mon quartier. Et comme je ne me retrouvais pas dans l’endroit où il m’a envoyé, j’ai accepté qu’il m’accompagne. Je suis sortie, il a pris la voie en me disant de le suivre. Nous avons démarré et nous avons grimpé une petite colline. Il était sur sa moto et moi je poussais mon vélo en le suivant. Au bas de la colline, il y avait une cour de trois bâtiments clôturés. Il y avait un vélo garé devant l’un des trois bâtiments. Il a garé sa moto. Il est allé ensuite ouvrir la porte d’une maison qui se trouvait juste devant nous. Il a arraché mon vélo, je pensai qu’il voulait le mettre sur cale, mais il a déposé dans la maison puis il m’a invité à rentrer. Je lui ai demandé où s’était ? Il m’a répondu que c’était un magasin. Ensuite, il m’a demandé de rentrer. J’avais vraiment très peur parce que c’est un quartier peu habité par les gens. J’ai hésité, mais après je suis rentré. Cette maison était aussi poussiéreuse. J’ai pris mon sac et je lui ai fait savoir que je veux rentrer chez moi. Il m’a menacé en me disant « si tu mets ton pas dehors tu vas savoir ». J’étais arrêtée devant la porte en pleurant. Il s’est levé venir attraper ma main, m’a tiré et jeté sur son matelas. Là encore il m’a enlevé mes habits. Avec la force qu’il utilisait, ça fait que ma tête a cogné le mur, j’ai eu aussi quelques égratignures au niveau de mon coude gauche. Je me suis mise à pleurer mais il ne m’écoutait même pas. Je n’avais plus la force pour crier parce que ma voix ne porte pas et j’avais des problèmes de respiration. Il a dit qu’il ne va pas se protéger. Et là, j’ai tenté de le repousser avec toutes mes forces. Ceux qui étaient dans la cour ont dû savoir que quelque chose de pas nette se passait avec le bruit qu’on faisait. Mais vu la supériorité physique, et le fait que j’avais peur et très affaibli, il a fini par coucher avec moi. Quand il a fini de me violer, je me suis levé et j’ai couru vers la porte. Il a enlevé son téléphone et m’a pris en photo. Il m’a dit qu’il mettra ma photo sur les réseaux sociaux si je disais à quelqu’un ce qui s’est passé. En plus il m’attrapait par force en me tirant par les cheveux pour que je le lèche son organe sexuel et ses seins. Il a même fait sortir des vidéos pornos pour qu’on suive, j’ai refusé. J’étais vraiment paralysée par le fait qu’il me brutalisait.

A aucun moment, vous n’aviez été consentante ?

A aucun moment je n’étais consentante. On ne s’était pas entendu avant. Il ne m’a rien dit, ni rien proposé. Il m’avait dit seulement de venir visiter son local. Il m’a violé parce que je ne connaissais pas et je ne voulais pas non plus sortir avec lui. Quand il a fini sa besogne, je suis sorti et voulais rentrer chez moi. Le pneu de mon vélo était dégonflé. Donc il m’a pris sur sa moto et moi je tenais le vélo derrière lui. Arrivé chez moi, il m’a demandé de lui donner mon numéro. Sachant ce qu’il m’a fait, j’ai donné mon numéro pour pouvoir le joindre si toutefois il y’avait un problème après. Il m’a appelé ces deux derniers jours, mais je n’ai pas décroché. Je n’avais rien dit à personne en dehors de ma copine.

Avez-vous porté plainte ?

Je voudrais bien porter plainte, mais je n’ai personne comme famille à Koudougou et je ne sais pas comment ça se passe. Je crains pour ma sécurité, surtout qu’il a menacé de mettre ma photo sur les réseaux sociaux.

Est-ce que vous avez mal quelque part ?

Depuis que ces douloureux évènements se sont produits, je n’arrive pas à dormir. Même quand je suis à mon lieu de travail, s’il n’y a personne à côté, la peur m’amène à pleurer. C’est ma première fois de vivre ce genre de situation. Je n’ai pas eu de blessures, mais j’avais très mal entre les jambes, qui s’étaient même enflé. Mais les douleurs se sont calmées à présent.

Propos recueillir par Dramane FAYAMA

fayamadrama92@gmail.com

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