Burkina Faso d’hier à aujourd’hui : Témoignages sur le vivre-ensemble

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a tenu le jeudi 12 août 2021 un dialogue démocratique à Ouagadougou sur la thématique du vivre-ensemble de la 1re République à nos jours.

A l’occasion de la célébration de l’accession du Burkina Faso à la souveraineté internationale, le Centre pour la gouvernance démocratique  (CGD) a organisé un dialogue démocratique sous forme de témoignages de personnalités ayant vu évoluer le pays des années 60 à nos jours. Pour Dr Pierre Claver Damiba, économiste de formation, le renforcement du vivre-ensemble passe par la construction d’une nation.

Pour y parvenir, il faut de la vision et promouvoir des valeurs de solidarité. « Depuis les indépendances, aucun gouvernement n’a eu l’idée de construire une nation. Les gouvernants se sont laissés divertir par l’argent…Pour faire face au manque de solidarité, il faut réintroduire dans l’éducation nos traditions, introduire la science et la technologie de sorte que nous puissions fabriquer l’intelligence collective », a suggéré l’économiste à la retraite.

Frédéric Guirma a été l’un des intervenants à ce dialogue démocratique organisé par le CGD. A l’en croire, la plupart des pays africains ont pris « l’indépendance de manière cavalière ». En témoigne ces propos qu’il attribue au général De Gaulle : « Je ne donne pas l’indépendance aux Africains. L’indépendance ne se donne pas, elle se prend et se construit. Et les Africains ne sont pas prêts à prendre et à construire ces indépendances ». Le général De Gaulle avait raison, dit-il. « Nous n’étions pas prêts. Schématiquement, nous n’avons pas pu traduire le vocable indépendance en mooré et en bambara. Au moment de la prise de l’indépendance, certains leaders du Burkina Faso étaient en prison. Le vivre-ensemble politique était très pénible. Maurice Yaméogo et ses amis gouvernaient le pays comme le champ de leur papa », croit savoir l’ambassadeur Frédéric Guirma.

« Même la sécurité est plombée par la corruption »

Le colonel à la retraite, Gaston Gnoumou, ministre des travaux publics et des transports sous le régime de Saye Zerbo  a été de la partie. Ce gouvernement, rappelle-t-il, est parvenu au pouvoir dans une liesse générale suite à une situation compliquée entre les syndicats et le gouvernement précédent. « C’est un gouvernement qui était perçu comme celui qui offrait le plus  d’espace de liberté et de fraternité réelle au sein du peuple. Notre ligne de conduite était le respect de la vie humaine. C’est un régime militaire qui n’a versé aucune goutte de sang dans ce pays », foi du colonel Gnoumou. Mais dit-il, le régime de Saye Zerbo n’a pas réussi à résoudre les problèmes des cadres du régime de Lamizana. « On ne les a pas jugés, on ne les a pas libérés non plus », regrette-t-il.

Pour un Burkina Faso plus prospère, l’officier supérieur du génie militaire appelle à la dépolitisation de l’administration. D’après lui, « c’est la politisation de l’administration qui a amené la corruption qui est en train de plomber tout programme de développement, toute organisation sociale dans le pays. Même la sécurité est plombée par la corruption. » L’actualité oblige, il n’a pas passé sous silence la question de la réconciliation nationale qui, selon lui, « suppose un initiateur, des parties, un médiateur et une alliance nouvelle avec des actes forts pour la promotion du mérite et de l’intégrité. »

Pour le commissaire de police à la retraite et ancien ministre, Ernest Nongma Ouédraogo, le Conseil national de la révolution (CNR) a été un tournant « décisif dans l’histoire du Burkina Faso. Le CNR a laissé des traces indélébiles dans les domaines économique et social. Il y a eu le changement du nom du pays, la promotion des valeurs d’intégrité. La patrie était un bien précieux. Il n’y avait pas de place pour le repli identitaire, les détournements étaient rares. On sentait une très grande solidarité populaire. »

Selon l’un des responsables du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Dr Emile Paré, sous la 4ème République post transition et post insurrection, il n’y a pas de problème de vivre-ensemble au Burkina Faso. « Le vivre-ensemble est bien en marche. Les populations n’ont pas de problèmes. C’est au niveau de la classe politique qu’il y a problème. Unissons-nous pour mener une lutte unitaire contre le terrorisme », a indiqué le médecin.

Les anciens ministre Paul Ismael Ouédraogo, le Pr Serge Théophile Balima et l’ancienne présidente de l’Université de Ouagadougou, Pr Odile Germaine Nacoulma sont revenus sur leur parcours professionnel et leur passage aux différents gouvernements dans des régimes d’exception au Burkina Faso.

                                                                                                                                                      Fatim Traoré

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