Burkina Faso : le paludisme plus mortel que le coronavirus
Le coronavirus a fait son temps au Burkina Faso mais continue de faire sa foire ailleurs. Cette maladie venue de Chine a mobilisé toutes les attentions au plan national comme à l’international. Aujourd’hui, la maladie n’est plus tant redoutée chez de nombreux Burkinabè, même si chaque jour le point de situation sur cette pandémie est fait avec quelques nouveaux cas. Mais que dire du paludisme, notre maladie « de droit commun » ignorée mais qui a toujours la carapace dure. Voici ce que disent les chiffres !
Le paludisme est la principale cause de mortalité au Burkina Faso. Selon les statistiques (2017) du ministère de la Santé, 11 975 816 cas de paludisme ont été enregistrés dans les centres de santé burkinabè. 514. 724 cas de paludisme grave avaient été détectés en 2017. Sur la même année, ce sont 4.144 décès du paludisme qui ont été enregistrés dans les hôpitaux du pays.
Que dire de l’année 2018 ? Les chiffres sont certes à la baisse, comparé à 2017. En effet, 11. 970. 321 cas de paludisme dont 506. 513 cas de paludisme jugé grave ont été relevé. Mais en tout, en 2018, le paludisme a emporté 4.294 personnes au Burkina Faso. Ce qui donne le sombre chiffre de 8438 décès au cours de ces deux dernières années.
Pour lutter contre cette maladie et viser son élimination à l’horizon 2030, le ministère de la santé en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, procède souvent à la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées à certains ménages de la capitale et à l’intérieur du pays. Le moins que l’on puisse dire, est que cette distribution gratuite de moustiquaire ne touche pas une large partie de la population. Le hic est que les lits des centres de santé ne sont pas recouverts de moustiquaires. Ce qui oblige les malades à en emporter ou à en acheter, souvent avec des agents de santé.
Malgré ces milliers de morts et cette période hivernale où le palu est particulièrement sévère, l’on ne sent pas trop la mobilisation sociale et politique contre ce tueur silencieux, comparativement à ce qu’on a pu voir au temps fort du coronavirus.
Coronavirus : 55 morts en six mois
En fin 2019, est apparu en Chine continentale, la maladie à coronavirus 2019, dont l’agent pathogène est le SARS-CoV-2. Ce virus est à l’origine d’une pandémie, déclarée le 11 mars 2020 par l’Organisation mondiale de la santé.
L’Egypte a été le premier pays africain a enregistré son premier cas de coronavirus. Le Burkina Faso quant à lui a enregistré ses premiers cas le 9 mars 2020, à Ouagadougou. A la date du 17 août 2020, le pays compte 1292 cas confirmés avec 55 décès, 1026 guérisons et 211 cas sous traitement. De mars à août 2020, en six mois, le coronavirus a fait 55 morts. Quant au paludisme, si l’on s’en tient au chiffre de 2018, l’on a enregistré 4294 morts en un an, soit une moyenne de 357 morts par mois. En un seul mois, le palu a fait 6 fois le nombre total de morts du covid-19 depuis son apparition au Burkina Faso.
Eliette Zoungrana
