Burkina Faso : L’Opposition politique pourra-t-elle démontrer que le nombre ne fait pas toujours la qualité ?

Eddie Komboigo, le nouveau chef de file de l'Opposition politique burkinabè

A travers un communiqué rendu public le 15 mars, le Ministère en charge des libertés publiques a révélé la liste des partis membres de la majorité présidentielle et celle des partis ayant déclaré appartenir à l’opposition politique. La première liste affiche 82 partis, tandis que la seconde ne totalise que 32 partis. Evidemment, chacun des deux camps entend défendre les intérêts du peuple burkinabè. Dans ce sens, il revient à l’opposition, quoique numériquement faible, de démontrer qu’elle a voix au chapitre. Mieux, elle gagnerait à démontrer que le plus grand nombre ne fait pas toujours la majorité dans le jeu démocratique et que même étant minoritaire ils peuvent faire la différence côté qualité. Mais comment ?

‘’L’Union fait la force’’, dit-on. Et cela n’est pas faux. Mais, encore faut-il s’unir véritablement et agir ensemble. Réussir cela peut être source de position majoritaire sur l’échiquier politique. En effet, cette position n’est pas forcément liée à la supériorité numérique d’une écurie politique. Elle est surtout et solidement fonction de la capacité du regroupement de partis politiques à incarner pertinemment les aspirations de la majorité populaire silencieuse. La majorité politique véritable est celle qui porte la voix de la majorité du peuple. Cela, un camp politique numériquement faible peut réussir à l’instaurer.

L’union sincère, empreinte du sens concret de l’unité d’action au sein des partis qui ont fait leur déclaration d’appartenance à la majorité présidentielle burkinabè, n’est pas évidente. Nombre de ces partis sont guidés par les intérêts individuels immédiats de leurs dirigeants. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la majorité présidentielle actuelle, apparemment cosmopolite, n’offre pas de gage d’union sincère et engagée pour l’intérêt général des Burkinabè.

Les partis déclarés opposants gagneraient à afficher un tel gage, s’ils veulent constituer la majorité réelle, celle incarnant les aspirations de la majorité des Burkinabè. Du reste, le contexte y est favorable. Même à considérer que ceux qui ont voté pour les trois candidats (Roch Kaboré, Zéphirin Diabré et Yacouba Zida) à la présidentielle leur resteront fidèles, ils ne sont que 2 043 754 sur les 20 487 979 (selon le recensement général réalisé en 2019) personnes que compte le Burkina Faso.

Mais du côté de l’opposition politique aussi, tout porte à croire que des mesquineries hostiles à l’union véritable vont prendre le dessus. L’on pourrait assister à la perpétuation du retranchement (entamé depuis l’année dernière) de certains de ces partis comme le Mouvement ‘’Le Soleil d’Avenir’’ du Pr Abdoulaye Soma, au sein d’une opposition dite non-affiliée (ONA). De plus, certains autres partis, comme le MCR (Mouvement pour le changement et la renaissance) de Tahirou Barry, déclarés appartenir à l’opposition semblent encore adeptes de l’insurrection populaire ayant entrainé en 2014 la chute du régime qui a ‘’fabriqué’’ l’actuel Chef de file de l’opposition politique. Dans ces conditions, quelle union sérieuse peut-on attendre de l’opposition politique ? En tout cas, pas une union qui permette de démontrer et de convaincre que la majorité politique vraie au Burkina est du côté de l’opposition et non du côté de la majorité présidentielle.

Elie Paré

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