Côte d’Ivoire: Guillaume Soro quitte la présidence de l’Assemblée Nationale

Guillaume Soro n’est plus le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. L’ancien chef rebelle ivoirien a démissionné vendredi dernier de son poste pour dit-il ne pas être en contradiction avec ces propres valeurs. « A cet instant précis, je rends ma démission de mes fonctions de Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Oui, j’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix pour la Côte d’Ivoire comme je l’ai déjà fait par le passé », a indiqué Guillaume Soro dans un discours face aux députés ivoiriens. En froid avec le Président Alassane Dramane Ouattara depuis quelques mois, celui qui été premier ministre de Côte d’Ivoire a souligné qu’on ne lui laissait aucune alternative que de rendre le tablier. Et que pour éviter à son pays les affres de la guerre, il préférait partir tranquillement. Soro Guillaume a refusé de rejoindre le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) le nouveau parti lancé la semaine dernière par Alassane Ouattara et ses alliés.

Nous vous proposons un extrait du speech de l’ancien chef rebelle devant le parlement ivoirien. « Chers Collègues, l’heure a sonné ! En effet, le Président de la République, Son Excellence Alassane OUATTARA, et moi-même avons convenu de la convocation d’une session extraordinaire ce jour vendredi 8 février 2019. Mes chers Collègues,  Quand il est l’heure, il n’est point besoin de long discours. Dans la vie des hommes, voyez-vous, il y a des moments aussi décisifs où il ne tient qu’à soi-même de prendre ses responsabilités. C’est ce que je m’en vais faire tout à l’heure.  Mais avant, permettez-moi d’exprimer le bonheur et la joie que j’ai eus à conduire aux destinées du deuxième pouvoir de l’Etat, le Pouvoir Législatif. Mes deux mandatures ont été parsemées de moments de joies mais aussi d’embuches et de douleurs vives.

C’est pourquoi, à vous, chers Collègues, qui m’avez fait confiance en m’élisant le 9 janvier 2016, je tiens à dire toute ma reconnaissance et ma gratitude. je suis homme à croire plus au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes. En ce qui me concerne, il ne peut être question de défiance mais plutôt du désir d’harmonie entre mes convictions, mes valeurs et ma conscience. Et là-dessus, c’est sans hésitation.

Le fait est que j’étais face à un dilemme :

– soit trahir mes convictions en allant au Congrès pour ainsi dire sauver un poste confortable ;

– soit rendre ma démission de mes fonctions de Président de l’Assemblée nationale et ainsi être capable de me regarder dans une glace.

 

Y’avait-il une alternative ! Non on ne m’en donnait aucune, absolument aucune.

A l’inverse, refuser de démissionner conduirait immanquablement à la crise institutionnelle déstabilisante avec le cortège de dommages pour la Nation.

Chers Collègues,

L’on ne peut risquer de mettre en péril la paix fragile acquise après tant de souffrance de nos concitoyens. Quand on a été, comme moi, Ministre d’Etat, Premier Ministre, Président de l’Assemblée nationale, c’est une issue inenvisageable.

 

 

Chers Collègues, Ce n’est pas ce que je souhaite pour la Côte d’Ivoire. Moi qui depuis un moment, me suis fait le disciple du pardon, de la réconciliation et de la paix. Tout au long de notre marche commune, j’ai voulu faire de notre Assemblée nationale une famille, certes colorée mais une famille, une vraie famille !

Aussi, en ces heures qui comptent, je veux m’adresser directement à vous ; vous qui m’avez porté un soutien sans faille, en vous demandant de trouver ici l’expression de mes sincères remerciements. (…)

Chers Collègues,

Alors, venons-en à l’ordre du jour de notre Session extraordinaire.

En ce mois de janvier 2019, j’ai eu le privilège de plusieurs audiences avec le Président de la République notamment le 5 janvier et le 25 janvier. Il a été question de mon engagement politique et de mon positionnement idéologique vis-à-vis du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).

 

Cette question aussi importante soit-elle a nécessité, de ma part, réflexion et décision. Oui, j’ai choisi de ne pas m’engager au sein du RHDP unifié. Ainsi, je n’ai point pris part au congrès ordinaire du 26 janvier dernier au stade Félix-Houphouët-Boigny. Grave erreur ! Grave faute ! Ont tôt fait de clamer certains de mes compères. Mais voyez-vous Sachez-le Chers collègues,

Je ne suis pas homme à m’accrocher, comme un saprophyte, à un poste. On ne peut risquer la paix parce que l’on veut conserver un poste. N’est-ce pas le Président Feu Félix Houphouët-Boigny qui alléguait qu’ « aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de faire la paix pour son pays ». Cette sagesse du Père Fondateur de la Côte d’Ivoire ne m’a jamais quitté l’esprit.

Rassurez-vous, chers Collègues, je demeure serein tout en quittant ce poste aisé de Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire pour l’aventure de mes convictions.

En effet, je préfère descendre de mon piédestal, vivre et partager le quotidien de mes semblables, citoyens ordinaires, que de me complaire dans l’aisance de la posture institutionnelle.

Conviction, le mot est lâché. Je veux que de moi, mes concitoyens, mon épouse, mes enfants, ma famille, mes collaborateurs, mes proches, mes compagnons et je pense ici au Député Alain Lobognon et tous les autres proches en ce moment en prison, retiennent de moi, le souvenir d’un homme de conviction, débout, face aux lendemains mêmes incertains !

Chers Collègues,

A cet instant précis, je rends ma démission de mes fonctions de Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.

Oui, j’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix pour la Côte d’Ivoire comme je l’ai déjà fait par le passé ».

Guillaume Kigbafori SORO

 

Ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire

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