Gouvernement Christophe Dabiré: Comment le RDS a quitté le navire

Le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme (RDS), un des partis de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) ne fait plus partie de l’exécutif burkinabè. Explications.

Yvette Dembelé ne fait plus partie de l’équipe gouvernementale. Elle occupait le poste de Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’exclusion. Yvette Dembelé occupait le Secrétariat sous l’étiquette du RDS, un des alliés du parti au pouvoir le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Les alliés du MPP qui disposent d’au moins un député avaient obtenu chacun le poste de Secrétariat d’Etat. Le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme paie le prix de sa guéguerre. Le président du parti de la rose, François Ouindelassida Ouédraogo et le président d’honneur le Dima de Boussouma sont à couteaux tirés. Le 3è congrès national du RDS tenu en octobre 2018 a débouché sur une querelle entre le président du parti et le président d’honneur.

Le président du RDS a été empêché d’accéder à la salle du congrès donc de participer au congrès du parti convoqué au deuxième trimestre de l’année 2018. La tension était tellement vive que la police a été déployée sur les lieux. La querelle s’est transformée en guerre de légitimité et de légalité sur le RDS. Puisque, le président du parti et d’autres militants ont été exclus par le clan du Dima de Boussouma. Exclu, Ouindelassida François Ouédraogo crie à l’organisation d’un congrès pirate.

Le changement de gouvernement est intervenu dans cette situation de flou et de confusion. Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a visiblement choisi de ne pas se mêler et de prendre parti pour l’un ou l’autre camp. D’autant que Yvette Dembelé a été proposée par François Ouindelassida Ouédraogo à l’époque président incontesté du parti. Selon des informations, lorsque le RDS a été contacté pour proposer un militant devant faire partie de l’exécutif burkinabè, le président Ouédraogo s’en est ouvert au président d’honneur le Dima de Boussouma pour recueillir son avis. Ce dernier aurait proposé un nom. Le président du RDS a soumis cette proposition du président d’honneur aux autres camarades du parti. Selon les informations, les militants du RDS ont rejeté cette proposition. Ils ont porté leur choix sur Yvette Dembelé. L’origine de la pomme de discorde entre le président François Ouindelassida Ouédraogo et le Dima de Boussouma serait à ce niveau selon notre source.

Lorsque la bagarre a éclaté, les deux parties, l’une du président Ouédraogo et l’autre du Dima de Boussouma ont été entendues par l’Alliance des partis de la majorité présidentielle. L’APMP a espéré une solution à l’amiable pour recoller les morceaux.  Mais rien n’est allé dans ce sens. Le parti au pouvoir lors de la formation du nouveau gouvernement a préféré ne pas prendre de risque de froisser le Dima de Boussouma en reconduisant Yvette Dembelé. Ce qui équivaudrait à un tacite soutien au président du RDS François Ouindelassida Ouédraogo.

Le Dima de Boussouma est le doyen des hommes politiques burkinabè. Il a été régulièrement élu député au gré des casquettes politiques qu’il a porté depuis les années 1970. Il est en outre un des cinq chefs majeurs moose. Son royaume le Boussouma se confond aux limites administratives de la région du Centre nord et a sous sa coupe plus de 200 autres chefs de villages. Le MPP préfère ménager un tel « grand électeur » que de prendre le risque de le froisser dans les perspectives du scrutin présidentiel de 2020 , analyse un chef de parti politique de la majorité présidentielle.

Le Président d’honneur du parti, le Naaba de Boussouma

Dans le cadre de l’APMP, les partis politiques qui ont obtenu au moins un député à l’Assemblée ont obtenu un poste au sein de l’exécutif. Le Rassemblement pour la démocratie et le socialisme ainsi que le Parti pour la démocratie et le socialisme parti des batisseurs (PDS Metba) qui comptent qu’un député avaient obtenu le poste de Secrétariat d’Etat. La querelle interne a finalement fait perdre le poste au RDS. Dans le gouvernement du Premier ministre Christophe Dabiré, les Secrétariats d’Etat ont été transformé en ministères délégué. Protocolairement plus important. Mais le parti de la rose n’en profitera pas. Le poste qu’il occupait ne figure plus dans l’équipe gouvernementale.

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