Enrôlement biométrique : Faible mobilisation à Ouagadougou
Débuté le 23 juin 2020, l’enrôlement biométrique dans la région du Centre prend fin le 9 juillet prochain. A deux journées de la fin de cette campagne d’enrôlement, la mobilisation et l’engouement des populations sont faibles dans les différents centres d’enrôlement que notre reporter a visité. Les citoyens avancent plusieurs raisons.
1 600 000. C’est le nombre d’électeurs attendu par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au cours de cette campagne d’enrôlement biométrique dans la région du Centre. Des premiers constats qui se dégagent, les citoyens de la capitale burkinabè ne s’empressent pas pour s’enrôler.
Au centre d’enrôlement sis à la Maison des jeunes de Somgandé, les opérateurs de kits se frottent les mains. Après un peu plus de quinze minutes d’attente, c’est une seule personne qui s’est fait enrôler. Pour tout dire, la mobilisation n’est pas au rendez-vous. « Dès les premiers jours, les gens venaient s’enrôler, mais il n’y a pas d’affluence ces derniers jours », confie l’opérateur de kit, Samuel Sawadogo. Il précise tout de même que le nombre de personnes enrôlées dans ledit centre oscille entre 45 et 50 par jour.
C’est le même constat à l’Ecole primaire publique de Somgandé qui abrite un centre d’enrôlement. « Pour ce qui est de l’affluence, depuis que nous sommes là (ndlr, le 23 juin), ça ne va pas trop. Les gens ne viennent pas », relate l’opérateur de kit, Robert Millogo.
Potentiels électeurs sans documents valides
En dépit de la faible mobilisation, plusieurs personnes qui désirent s’inscrire sur le fichier électoral, ne possèdent pas de documents valides. Si certains ont des Cartes d’identité nationale burkinabè (CNIB) expirées, d’autres se présentent dans les centres d’enrôlement sans Cnib ni passeport valides. « Les personnes qui viennent et qui ont des problèmes de validité de leurs CNIB sont les plus nombreuses. D’autres n’ont même pas de CNIB et viennent avec simplement des actes de naissance », explique Robert Millogo.
C’est le cas d’Edouard Sawadogo qui ne s’est jusque-là pas inscrit sur la liste électorale. « Ma CNIB est expirée, je n’ai pas eu le temps d’aller m’en établir une nouvelle. Ce qui fait que je ne suis pas encore allé pour me faire enrôler », confie –t-il.
« J’ai des doutes sur l’opportunité d’aller se faire enrôler dans ce contexte »
De nombreux Burkinabè ont délibérément décidé de ne pas se faire enrôler parce que se disent déçus de la classe politique. Le jeune Gilbert Bayala est de ceux-là. « Quand on regarde comment l’enrôlement est en train d’être fait, ça ne donne pas confiance d’aller se faire enrôler. On voit dans tous les horizons que chaque parti politique s’empresse de faire de façon frauduleuse des cartes d’électeurs. Sur cette base, on peut se dire qu’on aura des élections qui ne vont pas refléter le choix des citoyens burkinabè. Donc je ne vois pas l’opportunité d’aller me faire enrôler » se convainc-t-il.
Et ce n’est pas tout. Certains Burkinabè soutiennent n’avoir aucune confiance au jeu électoral. Evoluant dans le secteur informel, Salif Nombré est convaincu que « le jeu électoral actuel ne permettra pas un changement à même de répondre aux aspirations des populations. Je ne me suis pas fait enrôler, parce qu’avoir une carte d’électeur n’a pas d’importance pour moi, puisque je n’irai pas voter. Tous les candidats qui vont se présenter aux élections sont des libéraux et vont piller nos ressources quand ils seront au pouvoir. Donc quel que soit celui qui viendrait au pouvoir, rien ne va changer, parce que le vote se passe dans un système qui n’est pas bien », a-t-il noté.
En tous les cas, l’enrôlement se poursuit jusqu’à ce mercredi 9 juillet 2020 dans les différents centres d’enrôlement de la Région du Centre.
Par Henri Zongo