IUTS : dialogue de sourd entre gouvernants et syndicats

La coalition des syndicats en lutte contre l’extension de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) était en meeting le samedi 4 juillet 2020. Cette journée de protestation a été observée en région et en province. Et le mot d’ordre « non à la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs » n’a pas changé. Du côté des syndicats, l’on dit être méprisé par les autorités. Mais du côté du gouvernement, l’on se dit toujours disposé au dialogue.

Même si la mobilisation s’est quelque peu émoussée, la détermination et la sérénité des travailleurs ne faisaient l’ombre d’aucun doute. Déterminés à obtenir l’annulation de l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités, les manifestants issus de près de 50 syndicats de la fonction publique persistent et signent. Pour eux, la décision de l’Exécutif d’appliquer l’IUTS sur les primes et indemnités est inopportune, un sacrifice de trop pour les travailleurs qui ploient déjà sous le poids de la vie chère.

Ils ont scandé au cours de ce meeting des slogans qui confirment leur ras-le-bol. « Non au pillage des ressources du pays par les dignitaires du MPP, non au détournement à ciel ouvert, non à la levée des milices désœuvrées contre les travailleurs, non aux conseillers dealers, non au ministre charbon fin… », ont-ils scandé. Ils ont aussi dénoncé « des recrutements clandestins et douteux dans certains ministères » et appelé les structures de contrôle et la justice à y jeter un coup d’œil.

Au cours de ce meeting, les différents intervenants ont aussi dénoncé le sabotage de l’éducation des enfants du Burkina Faso. Selon le secrétaire général de la F-SYNTER, Souleymane Badiel, l’année scolaire a été validée alors que des chapitres essentiels n’ont pas été abordés dans les classes par les enseignants. A l’en croire, au mois de juin dernier, des enseignants ont subi des pressions et des chantages pour transmettre des notes « en vue de fabriquer vaille que vaille un deuxième trimestre alors que les élèves ne sont nullement informés de quoi que soit ».

Pire, les syndicalistes estiment que malgré la marche du 7 mars 2020, le mot d’ordre de grève de la mi-mars et les différentes conférences de presse d’interpellation, le gouvernement est resté jusque-là muet face aux revendications des travailleurs. Mieux, à en croire Bassolma Bazié, porte-parole de la coalition qui a appelé au meeting, l’Exécutif n’a répondu à aucune correspondance des syndicats en lutte contre la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs.

« Cela n’est pas vrai », clame un haut cadre du ministère en charge de la Fonction publique selon qui le dialogue entre le gouvernement et les syndicats devrait initialement reprendre les 10 et 11 mars 2020.  A en croire ce dernier, début mars, l’Unité d’action syndicale a bel et bien été invitée à reprendre les discussions dans le cadre du dialogue gouvernement/syndicats. « Dans une correspondance en date du 07 mars 2020, l’unité d’action syndicale à même répondu en disant qu’ils n’étaient pas à mesure de prendre part à cette rencontre aux dates indiquées. Cela disaient-ils, dans l’optique de « mieux se concerter et se préparer » pour venir à la table de discussion. Entre temps, il y a eu la maladie à Covid-19, mais récemment encore, je sais que le gouvernement a pris langue avec les syndicats, les invitant à la table de discussion. Vont-ils saisir cette énième main tendue ? Je ne saurai le dire », a-t-il laissé entendre.

En tous les cas, d’après les syndicats, le meeting de samedi 4 juillet marquait la reprise des actions de protestation contre l’IUTS, mais aussi « la mal gouvernance et l’impunité ».  Déjà, ce mercredi 8 et jeudi 9 juillet, une grève générale est annoncée par les syndicats membres de cette coalition.

Fatim Traoré

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