Face aux attaques terroristes: Quel Burkina et quels Burkinabè faut-il sauver?

Il a fallu que les Forces de défense et de sécurité (FDS) tentent de reprendre le contrôle de certaines zones prises en otage par les groupes terroristes pour que naisse une nouvelle polémique autour d’une riposte pourtant très attendue. Dans la nuit du 3 au 4 février dernier, un groupe armé a fait irruption dans le marché du village de Kain dans la province du Yatenga, dans la région du Nord, a ouvert le feu tuant 14 civils aux mains nues. Une énième tuerie gratuite qui a semé l’émoi et la désolation au sein de ces populations qui étaient harcelées depuis longtemps par les terroristes. En effet, des «individus armés non identifiés» rôdaient dans la zone, profitant des forêts pour se cacher avec armes et munitions. Dieu seul sait que de leur cachette, ils ont fait de nombreuses incursions meurtrières dans différents villages des provinces du Yatenga et du Lorum. Celle du 4 février était visiblement de trop.

 

Les Forces de défense et de sécurité (FDS) qui venaient de voir renouveler leurs commandements aussi bien au niveau ministériel que militaire. La provocation était trop grosse pour laisser le nouveau Chef d’état-major, le général Moïse Minougou, indifférent. Il fallait prouver à ces groupes qui banalisent la vie humaine et mettent la tranquillité des populations à rude épreuve que l’hécatombe n’a que trop duré. Autant le drame de Kain avait révolté une fois encore les Burkinabè, autant la riposte a suscité de l’espoir. Et une bonne partie de l’opinion n’a pas manqué de marquer une satisfaction légitime de cette capacité retrouvée de l’armée.

Le bilan de cette opération de nettoyage était plus qu’élogieux pour l’armée régulière habituée jusque-là à compter ses morts et la destruction de son équipement. Cette fois-ci, la peur a changé de camp, la comptabilité macabre aussi. Sur la page Facebook de l’état-major général des armées, on peut lire, «En réaction (à l’attaque meurtrière de Kain), les FDS ont immédiatement engagé des opérations dans les départements de Kain (province du Yatenga dans la région du Nord), de Bahn (province du Lorum dans la région du Nord) et de Bomboro (province de la Kossi, région de la Boucle du Mouhou). Cette riposte des FDS s’est traduite par une opération terrestre et aérienne qui a permis de neutraliser 146 terroristes dans les trois départements».

Ce communiqué officiel a eu de quoi mettre du baume au cœur de nombreux Burkinabè qui ne savaient plus à quel saint se vouer face au péril de plus en plus dévastateur des attaques terroristes. Jamais ce record n’avait été réalisé dans la lutte armée contre les agissements des groupes armés. Surtout dans cette partie du territoire particulièrement vulnérable du fait de sa proximité avec la partie malienne sous contrôle des groupes armés opérant au Nord. En plus, dans les villages de Kain, Bahn et Bomboro, il existerait des cachettes dans lesquelles les terroristes échappaient aux radars des armées burkinabè et malienne. Ce qui ne permettait pas jusque-là de les repérer. De ces zones que ces groupes vont attaquer dans des localités des villages des provinces de la Kossi, du Lorum et du Yatenga et même du Soum. Combien de morts n’ont-ils pas fait et continuent de faire ?

Il est clair qu’en laissant des «tueurs à gage» commettre les pires atrocités contre les populations civiles. Ils circulaient si librement et en toute impunité semant la mort et la désolation partout. Leur mode opératoire est connu. Ils circulent à moto, par petits groupes et disparaissent aussitôt pour aller trouver refuge dans les forêts des villages cités plus haut. Plus ils pouvaient poursuivre leur basse besogne, plus les terroristes poussaient le bouchon toujours plus loin au point de chercher à s’imposer aux populations locales, tuant qu’ils veulent, enrôlant des jeunes,… Face à cette situation dramatique, fallait-il que les autorités burkinabè et les FDS croisent les bras et continuent ainsi de donner l’impression de cette impuissance qui ne fait qu’accroître l’angoisse des populations ?

Après pratiquement trois années passées à subir les affres d’un terrorisme dont le bilan est de plus en plus inquiétant pour l’avenir du Burkina, il fallait choisir entre laisser perdurer cette situation ou prendre les taureaux par les cornes. C’est bien ce que les FDS viennent de faire. Pour une fois qu’elles ont décidé de prendre leurs responsabilités, il faut non seulement s’en réjouir, mais s’en féliciter. Tout en souhaitant que ce genre d’opérations salvatrices se poursuive. S’il a un choix à faire, cela ne peut être que celui de la protection du Burkina et des Burkinabè. Une autre option ne peut être préjudiciable à l’unité nationale, à la paix et à la relance de l’économie.

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