« Il faut sauver la Kompienga », Bassirou Badjo, porte-parole d’un Collectif

Bassirou Badjo est porte-parole d'un Collectif de ressortissants de la Kompienga à l'Est du Burkina Faso. Photo : UNFPA Burkina

Un collectif de ressortissants de la province de la Kompienga à l’Est du Burkina Faso a rencontré la presse le 13 mars 2022 pour demander aux autorités d’agir pour résoudre la crise sécuritaire dans la localité. Deux semaines après, le porte-parole de ce Collectif, Bassirou Badjo, répond aux questions de Bendré.

Vous avez animé une conférence de presse pour dénoncer la situation sécuritaire dans la Kompienga. Pourquoi une conférence de presse sur le cas de Pama quand on sait que l’insécurité gagne presque toutes les localités du pays ?

La situation n’est plus comme nous l’avons  souhaité à Kompienga. La situation sécuritaire s’est dégradée au point d’obliger les représentants de l’État à quitter en majorité le chef lieu de la province. L’insécurité rode partout au Burkina mais nous trouvons que la situation sécuritaire dans la Kompienga, province stratégique dont la contribution au développement du pays n’est plus à démontrer est assez inquiétante. Depuis trois mois maintenant, il est difficile de communiquer avec un habitant de la province via nos trois réseaux de communication. Pire, les terroristes ont érigé un blocus à l’entrée et à la sortie de la ville de Pama qui est pourtant traversée par une route nationale. Sans escorte militaire, il est difficile d’entrer et de sortir de la ville. Le système de la Sonabel (Ndlr, la nationale de l’électricité) a été saboté plongeant la population de Pama dans le noir. Depuis l’année passée, la commune de Madjoari, l’une des trois communes de la province est sous embargo. Tous les villages de cette commune se sont vidés de leurs habitants à l’exception de Madjoari (Ville) et Tambarga.

Plus de 10 jours après votre conférence de presse pour attirer l’attention des autorités, que peut-on retenir ? Y a t’il eu de l’amélioration dans la situation sécuritaire ?

Malheureusement notre cri de coeur semble ne pas avoir eu un écho favorable. La situation n’a véritablement pas changé. Pire, elle s’est dégradée davantage laissant le libre choix aux terroristes d’évoluer sereinement dans leur projet d’occupation.

Quelle est la situation aujourd’hui à Pama et environs ?

Les terroristes continuent de donner des ultimatums aux populations. Il n’ y a pas une semaine, les populations de Onadembou, un village de la commune de Kompienga, ont été sommées de quitter. Le 23 mars 2022, aux environs de 19H45, un habitant du secteur 3 de Pama a frôlé la mort après la visite des terroristes à son domicile. Il s’en est sorti avec deux balles dans le corps. Les HANI sont répartis avec tous ses vivres et ceux de son voisin. Le lendemain, les populations de ce quartier ont quitté les lieux. Deux jours après, ce sont les habitants du secteur 4 de Pama qui ont reçu un ultimatum des terroristes de quitter les lieux. Avec le sabotage des lignes électriques, l’ONEA n’arrive plus à fonctionner en temps plein. L’eau devient donc une denrée rare. Que dire de la flambée des prix des produits de première nécessité. Tous ces éléments démontrent que la situation ne s’est pas améliorée.

Bendré

 

Quel message avez-vous à l’endroit des nouvelles autorités du pays?

 

Il faut sauver la Kompienga. Nous demandons aux nouvelles autorités d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard car il est déjà tard. Il est tard parce qu’une province comme la Kompienga qui abrite un grand barrage hydroélectrique et une grande usine d’égrainage sans oublier la contribution de la faune, de la flore, des ressources halieutiques et touristiques ne peut pas tomber facilement sous les mains des terroristes. Nous demandons très urgemment une opération à l’image de Otapuanu.

 

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