Justice : Une bagarre entre femmes se déporte au Tribunal

Poursuivie pour coups et blessures volontaires, Safiatou Haidara a été jugée le mardi 11 mai 2021. Le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouaga 1 l’a reconnue coupable et l’a condamnée à une peine avec sursis.

Trois mois d’emprisonnement et 200 000 FCFA d’amende, le tout assorti de sursis. C’est le verdict prononcé par le TGI de Ouaga 1 contre Safiatou Haidara poursuivie pour coups et blessures volontaires. En outre, elle doit payer 44 175 francs CFA à la victime et 219 000 francs au titre des frais exposés non compris dans les dépens.

C’est suite à une bagarre entre la prévenue et deux autres jeunes dames dans un centre de formation que cette affaire est née. Selon un des avocats de Safiatou Haidara, “sa cliente est arrivée au lieu de  la formation, a nettoyé des places assises pour elle et son enfant. La 2è place a été occupée par une tierce personne. Lorsqu’elle a décidé d’interpeller son enfant, la tierce personne qui a occupé la place s’est mise à l’injurier. C’est ce qui l’a poussée à réagir”. L’avocat a invité le tribunal à faire application des dispositions relatives à la légitime défense. “C’est une action commandée par les nécessités de la légitime défense”, évoque-t-il.

Cette plaidoirie ne semble pas avoir convaincu le parquet. En tout cas, le procureur du Faso a requis contre la prévenue  12 mois de prison et 250 000 francs CFA d’amende, le tout avec sursis, en précisant : “Les faits se sont déroulé en l’absence des responsables du centre de formation. Quand ils sont arrivés pour chercher des solutions, la prévenue Haidara a bondi sur la victime pour lui arracher ses cheveux. C’est la preuve qu’elle n’a pas raison”. Mais le tribunal n’a pas entièrement été suivi le procureur.

“Excuse de provocation, ou à tout le moins, légitime défense”

Pour les avocats de Safiatou Haidara, le parquet a tort de poursuivre leur cliente pour coups et blessures volontaires. De leur avis, les articles 512-18 et 512-19 du Code pénal font cas de blessures ayant entrainé une maladie ou une incapacité totale de travail de plusieurs jours. Dans ce dossier, soutiennent-ils, il n’y a pas d’incapacité totale de travail. L’infraction n’est donc pas constituée, poursuivent-ils. “C’est une bagarre où il y a deux personnes contre ma cliente seule. Les deux dames l’ont injuriées. Il y a ici une excuse de provocation. C’est parce que les deux personnes s’en sont prises à elle, qu’elle a dû réagir. Dans cette affaire, s’il n’y a pas excuse de provocation, je dirai que ma cliente Haidara a agi en légitime défense. C’est une mère de famille. Permettez-là de regagner son domicile, permettez à ses enfants d’avoir la chaleur maternelle”, insiste un des avocats de la prévenue Safiatou Haidara. La détenue écope de 3 mois et 200 000 francs CFA d’amende, le tout avec sursis. Elle regagnera ainsi son domicile avec une condamnation qui plane sur sa tête.

                                                                                                                                                                       Fatim Traoré

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