Nouveau gouvernement: Et maintenant au boulot…

Fini, les tractactions pour la nommination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement. Les défis ne changent pas. Les Burkinabè ont toujours mal à leur sécurité, à la cohésion sociale, à leur bien être et à leur sérénité. Christophe Joseph Marie Dabiré et son équipe doivent aller vite, voire très vite….

On n’a donc pas besoin d’une séance de sensibilisation pour le nouveau Premier ministre et son équipe pour l’amener à comprendre l’urgence des actions à entreprendre pour redonner confiance aux Burkinabè. Les besoins sont aussi pressants que légitimes pour rattraper le trop long temps perdu à tervigerser, à tourner en rond. Que ce soit pour les ministres qui ont «eu la chance» de conserver leurs porte-feuilles ou pour les nouveaux promus, l’heure n’est plus aux tâtonnements qui avaient fini par faire croire que «le gouvernement n’était pas à la hauteur… ». Cette fois-ci, au moins, et il faut l’espérer, chaque ministre a suffisamment pris la mesure de la situation afin de prendre les mesures nécessaires pour aller au charbon.

Le retour de la sécurité reste et demeure la priorité des priorités. Et le président Roch Marc Christian Kaboré semble l’avoir bien compris en faisant appel à de nouvelles compétences pour occuper les postes stratégiques de la Défense et de la Sécurité. Mais l’arbre des nomminations ne doit pas cacher la forêt de contributions multiples et multiformes pour réussir le pari. La question sécuritaire est loin d’être seulement l’affaire des Forces de défense et de sécurité (FDS). Car, aussi longtemps que des gens tapis dans l’ombre continueront de cautionner les terroristes, de travailler à décourager les forces engagées dans le combat et de distiller la zizanie et la haine, il sera bien difficile de faire un front commun contre le péril.

Il est temps que chacun joue franc jeu et se détermine clairement par rapport à ce phénomène qui a fini par miner les principaux fondements du vivre-ensemble. Les plaies encore béantes du drame de Yirgou sont encore là pour rappeler que les «ennemis du Burkina Faso sont d’abord des Burkinabè eux-mêmes». Si en quelques jours, des gens peuvent se donner autant de morts comme on a pu le voir dans cette localité, il ne faut pas s’étonner que les ennemis continuent de faire allègrement irruption à l’intérieur des frontières sans s’inquiéter. La vérité c’est que si les terroristes peuvent semer autant de morts et de désolation un peu partout dans le pays, c’est qu’ils bénéficient de complicité aussi bien au sein des populations civiles qu’à l’intérieur mêmes des FDS.

Il ne faut donc pas se voiler la face, mais regarder la vérité en face. C’est en allant à la racine du mal qu’on peut effectivement se donner les chances de l’extirper au mieux. Ceux qui se réjouissent, sous cape, de voir le pouvoir actuel mis à mal par les attaques terroristes se trompent de combat. C’est un suicide de croire qu’un terroriste qui a accepté de tuer des gens pour vous faire plaisir aujourd’hui pourra devenir l’ange qui va vous protéger demain. Rien ne peut justifier un pacte avec ces groupuscules sans foi ni loi. C’est pourquoi la démarquation claire et nette vis-à-vis de ces organisations doit s’imposer comme un impératif.

Si tout le monde s’accorde que «force dont rester à la puissance publique», il faut également accepter que les FDS se donnent le temps et les moyens de mieux s’organiser pour combattre plus efficacement le terrorisme. Ce n’est pas en leur mettant des pressions inutiles, en les envoyant à l’abbatoir sans un minimum d’équipement, sans renseignements fiables, qu’on peut vaincre le terrorisme. C’est une lutte de longue haleine qui doit être d’abord collective, sincère et honnête. L’union sacrée autour des FDS ne doit plus être perçue comme un simple slogan, mais un mot d’ordre qui s’impose et s’applique à toutes et tous.

Car, c’est au prix du retour de la sécurité que l’économie nationale peut reprendre de son dynamisme et que le système éducatif si gravement éprouvé par la fermeture de milliers d’écoles peut être restauré. L’effort de guerre que devra demander le nouveau gouvernement à tous les Burkinabè ne doit donc pas se limiter à des considérations pécuniaires uniquement. Il faut sauver la patrie et cela passe par une prise de conscience profonde de la nature de la menace qui pèse sur le pays.

Lorsque l’économie et l’éducation sont prises en otage, c’est le cœur même de la vie collective qui est mise en danger. Et cela doit être comprise par tous les petits esprits qui espèrent tirer des dividendes politiques de cette situation. Le nouveau gouvernement, son chef et ses membres doivent redoubler de vigilance, mais aussi et surtout de fermeté pour contrer tous ceux qui, consciemment ou inconsciemment, font le jeu des terroristes. Il faut siffler la fin de la récréation en se mettant plus sérieusement au boulot. Il n’y a pas d’autre alternative.

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