Participation politique des jeunes : ARGA Burkina pose le débat

Le vendredi 29 octobre 2021, l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA) en collaboration avec l’Institut Néerlandais pour la démocratie multipartite (NIDM) a organisé un café politique au Centre national de presse Norbert Zongo autour du thème : « La participation politique des jeunes et des femmes : obstacles et possibilités ».

Pour aborder le thème de la participation politique des jeunes et des femmes, trois panélistes autour de la table : le consultant Dramane Kiogo, l’experte en genre Martine Yabré et le médiateur national de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique, section du Burkina Boureima Ouédraogo. Le journaliste Boukari Ouoba a assuré la police des débats.

Selon Dramane Kiogo, les jeunes représentent plus de 70% de la population au Burkina Faso. Plus de 77% des Burkinabè ont moins de 35 ans. Malgré tout, la présence des jeunes dans les partis politiques et dans les sphères de prise de décision n’est pas si importante. Pour le consultant, la jeunesse burkinabè est une jeunesse engagée. Et ce à travers plusieurs formes de participation. Il cite les formes de participation contestataire avec en exemple l’insurrection populaire d’octobre 2014, la résistance au putsch de 2015 et les récentes manifestations des scolaires contre les réformes entreprises par le ministère en charge de l’éducation nationale. Mais au niveau des politiques, même si on semble soutenir dans les discours officiels que la jeunesse est le fer de lance de la nation, « dans l’actuel gouvernement, il n’y a aucun jeune. Le plus moins âgé au gouvernement a 41 ans », informe Dramane Kiogo.  A l’Assemblée nationale, la situation est meilleure. 14 députés ont entre 30 et 40 ans.

Une loi pour instaurer un quota de jeunes sur les listes de candidatures aux élections

Les Burkinabè continuent de nourrir une désaffectation pour les acteurs politiques et même pour le jeu politique. « En politique, il n’y a pas de morale, c’est l’intérêt ou rien. Pendant les élections, certains candidats ont traité le président de tous les noms. Quand il a remporté les élections, ce sont les mêmes qui sont au gouvernement avec lui », confiait un Burkinabè lors d’une enquête réalisée par l’équipe de Dramane Kiogo.  Pourquoi un tel désintérêt ou désamour pour la politique ? C’est le manque de valeur en politique qui puisse susciter de l’adhésion, le mauvais comportement de certains dirigeants politiques, le manque d’alternance dans les formations politiques, cite entre autres le consultant Kiogo. Il appelle à adopter une loi pour instaurer un quota de jeunes sur les listes de candidatures des partis et formations politiques du Burkina Faso. Il invite à assainir la scène politique et à contrôler les dépenses de campagnes. « Il faut que les jeunes se forment et se cultivent davantage », interpelle le consultant.

Activiste de la société civile, Martine Yabré a participé à ce café politique.

D’après elle, il y a deux modes de participation politique. Elle peut se faire dans un cadre partisan ou dans un cadre non partisan. « Partout où l’on se trouve, cette participation doit se faire par conviction », a martelé la défenseure des droits des femmes et de la jeune fille. Ce qu’elle a pu constater de nos jours, c’est que « beaucoup de jeunes, de femmes et de filles font aujourd’hui du suivisme. Certains partis et formations politiques ne mentionnent rien sur l’âge et le sexe de leur responsable. Le ministère de l’Administration territoriale ne dispose pas d’une bonne police des partis politiques. On donne seulement les récépissés, et c’est tout. »

Selon Martine Yabré, les jeunes et les femmes sont des laissés pour compte sur les listes de candidatures des partis politiques lors des échéances électorales. « Il y a du subjectivisme et du copinage dans la constitution des listes de candidature. Mais il y a la responsabilité des femmes et des jeunes. Il y a une instrumentalisation de leur engagement politique par une certaine génération. Des jeunes garçons sont fortement engagés en politique, ce sont les jeunes filles qui le sont faiblement », analyse-t-elle. Cette situation est, pour elle, imputable aux deux ou trois générations d’avant qui ont sacrifié l’avenir de la jeunesse.

L’argent, le nerf de la participation des jeunes et des femmes

Pour sa part, le médiateur national de ARGA Burkina, Boureima Ouédraogo, pense que l’obstacle majeur à la participation politique des jeunes et femmes est lié à la question financière. Pour lui, même si certains jeunes et femmes sont en politique, c’est pour se faire des sous. Il cite une enquête menée par l’ARGA/BF pendant le scrutin législatif et présidentiel du 22 novembre 2020. Cette enquête révèle que de nombreux jeunes et femmes « font des affaires » lors des élections. Ces jeunes ainsi  que les femmes aident à mobiliser des militants ou des spectateurs pour les meetings moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Conséquence, c’est le parti qui mise le plus qui gagne les élections. Le patron de ARGA Burkina a appelé les jeunes et les femmes à s’inscrire dans l’assainissement en se démarquant de toute sorte de marchandisation dans le jeu politique.

Premier café politique du genre, ARGA Burkina et son partenaire promettent un autre en novembre prochain pour débattre d’un thème d’actualité et d’intérêt.

 

Fatim Traoré et Béli Yaro (stagiaire)

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