Procès Sankara : Le colonel major Jean Pierre Palm dit qu’il était chez le dentiste le 15 octobre

Si j’étais au courant du coup d’Etat, je n’allais pas me retrouver en jean et en tapette dans la cour des gens que je ne fréquente pas », a relaté l’officier supérieur Jean Pierre Palm.

L’officier supérieur, le colonel major à la retraite Jean Pierre Ardjouma Mori Palm a été entendu le jeudi 3 novembre 2021 au Tribunal militaire de Ouagadougou dans le cadre du procès de l’Affaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. Accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, l’ancien ministre des Sports et des Loisirs sous Blaise Compaoré ne reconnait pas les faits.

Dans le box des accusés, le colonel major Jean Pierre Palm attend son tour de passage à la barre. Le jeudi 3 novembre 2021, il a été appelé pour s’expliquer sur la complicité d’attentat à la sureté de l’Etat à lui reproché. D’entrée, l’officier déclare n’avoir pas participé au coup d’Etat contre le président Sankara.

« A l’époque, je n’avais aucune fonction. Je venais d’être affecté à Bobo-Dioulasso comme commandant de région avec le capitaine Boukary Kaboré. Je suis revenu à Ouaga entre temps. Le 15 octobre 1987, j’étais chez mon frère. J’avais un problème de dent. Un ami est venu me chercher pour qu’on parte à Wemtenga dans un cabinet dentaire. Vers 15h, étant au centre-ville, on a entendu des tirs. Comme ça tirait, on a trouvé refuge dans une famille. On y a passé la nuit. Le lendemain 16 octobre, on demandait les officiers au Conseil de l’Entente. Je suis officier, je suis allé. J’ai été reçu, le commandant en chef, le commandant Boukari Lingani a dit qu’il y a eu un grabuge entre les hommes hier (ndlr le 15 octobre) et que le président Sankara est mort. J’ai demandé d’après le capitaine Henri Zongo. On m’a dit qu’il est vers le village de sa femme en train de venir à Ouagadougou. Le ministre de la Justice Blaise Compaoré m’a demandé de me mettre à la disposition du commandant en chef. Je n’avais personne sous mon commandement. Si j’étais au courant du coup d’Etat, je n’allais pas me retrouver en jean et en tapette dans la cour des gens que je ne fréquente pas », relate l’officier supérieur Jean Pierre Palm.

On lui reproche d’être allé à la gendarmerie avec un capitaine français pour démanteler une table d’écoute. Jean Pierre Palm conteste ces faits. « Je ne suis jamais allé démanteler une table d’écoute. Je n’ai pas vu un Blanc ce jour. Le capitaine Baril, je ne le connais pas», s’est défendu l’accusé.

Le parquet militaire persiste et signe. Moins de 24H après la mort du président Thomas Sankara et ses compagnons, le capitaine à l’époque Jean Pierre Palm est allé se mettre à la disposition du nouveau pouvoir, le Front populaire, foi du procureur : « Vous êtes allé faire une mission de sécurité du commissaire de police Ernest Nongma Ouédraogo à la police ». Je n’ai pas exécuté des missions du nouveau pouvoir. Le commandant en chef n’avait pas changé, c’était toujours le commandant Boukari Lingani, répond l’accusé. Je me suis rendu à la police sur instruction du commandant en chef parce qu’ils avaient des informations selon lesquelles des policiers voulaient s’en prendre au ministre Nongma Ernest Ouédraogo.

Autre élément de l’accusation : « Vous êtes allé à la compagnie de gendarmerie pour sermonner les éléments qui y travaillaient en disant que ce sont eux qui sont à la base des événements du 15 octobre’’. Là encore, le colonel major Palm soutient le contraire. « Il n’a pas proféré de menaces contre ses collègues, rétorque-t-il. Je suis allé là-bas parce que c’est mon corps d’origine. »

Peu avant les tragiques événements d’octobre 1987, des tracts de nature ordurière contre Sankara et Blaise Compaoré ont circulé. L’accusé dit n’avoir participé ni à la distribution ni à la rédaction desdits tracts. « Les tracts ont toujours existé au Burkina. Si vous vous fiez à des tracts, vous ne vous fiez à rien », martèle-t-il. Jean Pierre Palm était capitaine en 1987. De 1984 à 1986, il a occupé le poste de directeur de la sureté nationale. De 1986 à 1987, il était directeur des études et de la planification (DEP) au ministère de la Défense nationale. En novembre 1987, il est porté à la tête de la gendarmerie nationale.

Son interrogatoire se poursuivra le lundi 8 novembre 2021.

Aya Ouédraogo

 

 

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