Procès Sankara : Michel Toé, témoin à charge pour le colonel Jean Pierre Palm
Après les tortures, un autre témoin à charge pour le Colonel-major Jean Pierre Palm. Ce mercredi 1er décembre 2021, l’acteur du privé Michel Toé a donné son témoignage à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou sur l’affaire Thomas Sankara et ses 12 compagnons tués le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente.
Michel Toé était étudiant en octobre 1987. Quelques années après, il a été délégué médical. C’est en ce moment qu’il a fait la connaissance de l’officier Jean Pierre Palm. Selon le témoin, il a aidé un proche du militaire à avoir du boulot. Depuis lors, lui et l’accusé Jean Pierre Palm ont commencé à se fréquenter. A un moment de leur fréquentation, confie le témoin, l’accusé lui a fait des confidences sur l’affaire Thomas Sankara. Jean Pierre Palm m’a dit, insiste le témoin : « Notre coup a échoué. Notre coup a échoué parce qu’on n’a pas eu ton frère, Fidèle Toé. On devait l’arrêter et lui faire avouer que Sankara prévoyait un complot contre ses camarades le 15 octobre à 20h. »
Une autre confidence à lui faite par le colonel-major Jean Pierre Palm selon Michel Toé : « Il m’a dit que le 15 octobre 1987, il y avait deux commandos. Le commando dirigé par Hyacinthe Kafando et un 2ème commando dirigé par lui au cas où le commando de Hyacinthe Kafando n’arrivait pas à faire le travail. »
Pour Jean Pierre Palm, c’est faux : il n’a jamais donné de telles informations à Michel Toé. Selon l’accusé, en octobre 1987, il était affecté à Bobo-Dioulasso. « Je n’avais aucun homme sous mon commandement. Je n’avais même pas un chauffeur à l’époque encore moins un commando », se défend l’accusé. A l’en croire, Michel et Fidèle Toé lui en veulent parce qu’ils « pensent qu’il est à la base de l’arrestation d’un de leurs proches, le colonel André Bouro Ki. »
Le témoin Michel Toé maintient ses déclarations. A l’en croire quelques heures après avoir pris la citation à témoin le 31 août 2021 dans le cadre de ce procès, il a été appelé par un certain Abel Palenfo. Ce dernier demandait à le voir, confie le témoin. Il dit s’être rendu à sa rencontre. Y étant, ce dernier lui avait fait savoir que le colonel Jean Pierre Palm n’était pas content de lui. L’officier dit connaitre Abel Palenfo mais indique ne l’avoir pas envoyé voir Michel Toé. A la demande de l’avocat Me Ambroise Farama, le Tribunal militaire de Ouagadougou a accepté de faire comparaitre Abel Palenfo comme témoin.
Plusieurs témoins mettent en cause Jean Pierre Palm dans cette affaire. Le Pr Basile Guissou l’a nommé comme celui qui supervisait les séances de tortures à la Brigade de prévention routière (BPR) du temps où il était détenu après les événements d’octobre 1987. Plus récemment, Mousbila Sankara, un autre témoin l’a cité. Dans son livre intitulé ‘’Les nuits froides de décembre’’, feu Dr Dieudonné Valère Somé l’avait également accusé d’avoir été le principal artisan de leurs tortures à la gendarmerie, après les évènements tragiques du 15 octobre 1987.
Par Aya Ouédraogo