Promesses électorales du président Kaboré: Les étudiants attendent toujours les ordinateurs

Le Président du Faso Roch Kaboré, en compagnie du Président Français Emmanuel Macron lors de sa visite à l'Université de Ouagadougou le 28 novembre 2017

Les campagnes électorales de 2015 ont été très houleuses. Les promesses ont  fusé de partout. En fin de compte, c’est le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Roch Marc Christian Kaboré qui a eu l’onction populaire pour conduire la barque Burkina Faso. A un an de la fin de son mandat, que sont devenues les promesses de campagnes de l’actuel président du Faso ? Dans la présente livraison, nous nous intéressons à l’enseignement supérieur où le chef de l’Etat avait promis aux étudiants des ordinateurs ou le financement du premier ordinateur des étudiants du cycle de Licence. Le candidat du MPP d’alors avait aussi promis la construction de 5 amphis dans chaque université publique et des salles de cours.  Que sont devenues  ces promesses sur le terrain ?

Les élections couplées présidentielles et législatives de 2015 sont passées avec leur euphorie mais certaines promesses du chef de l’Etat n’ont pas bougé d’un iota. C’est le cas par exemple de la promesse d’ordinateurs ou du financement à hauteur de 40% du premier ordinateur des étudiants du cycle de Licence. Dans son programme présidentiel, Roch Kaboré avait notamment promis entre autre pour l’enseignement supérieur la consolidation des infrastructures d’accueil et des équipements techniques, l’accès gratuit à l’internet, la construction de 5 amphithéâtres, de 10 salles de cours, de 5 laboratoires équipés dans chacune des universités publiques, la subvention, à concurrence de 40%, pour l’acquisition du premier ordinateur aux étudiants du cycle Licence,  la promotion des formations ouvertes à distance, etc.

Plus de quatre ans après ces promesses, et à une année de la fin du mandat du président Kaboré, certaines d’entre elles ont eu un début de  réalisation comme c’est le cas du règlement du contentieux foncier du site de l’Université Ouaga II à Gonsé pour la poursuite de l’aménagement du campus. Par contre, l’une  des promesses qui était la plus attendue des étudiants et de leurs parents était sans conteste le financement de l’acquisition du premier ordinateur pour l’étudiant burkinabè. Cette promesse semble être restée lettre morte, sans effet. Et les étudiants, ne se font pas d’illusions quant à la tenue de cet engagement du Président du Faso. “Mon frère, toi aussi.  Donc tu crois à ce que les politiciens disent quoi ? En tout cas, moi ça ne m’intéresse pas ce qu’ils racontent surtout quand c’est pendant les campagnes électorales que les promesses sont faites”, commente cet étudiant de Master à l’Unité de formation et de recherche en Lettres, art et communication de l’Université Joseph Ki-Zerbo. “Effectivement en 2015, l’actuel président avait promis de financer l’acquisition du premier ordinateur pour les étudiants du premier cycle. A l’époque, j’étais en fin de première année. Les années 2016 et 2017 sont passées, on n’a même pas entendu parler d’ordinateurs. En 2018, c’était silence radio. Nous sommes pratiquement à la fin de l’année 2019, on n’a encore rien vu. D’ailleurs, je ne suis plus dans les conditions pour acquérir le financement de cet ordinateur

“Moi je n’ai reçu d’ordinateur de personne, ni de financement pour un ordinateur. Je ne compte pas sur quelqu’un pour en avoir. Le jour qu’ils vont venir distribuer les ordinateurs, on vous tiendra informé. Pour le moment, nous sommes occupés à autre chose”, insiste un autre étudiant. Ce sont quelques témoignages qui rappellent que cette promesse du chef de l’Etat n’a pas été tenue. Si à un an de la fin du mandat,  les étudiants sont sans nouvelle de cette promesse électorale, l’on est en droit de se demander si cette offre socialement utile aux yeux des étudiants verra vraiment le jour quand on sait que le temps matériel restant semble insuffisant pour mettre en branle cette lourde machine administrative et surtout au regard du nombre d’étudiants du cycle de Licence qui se chiffre à plus de cinquante mille personnes.

Quid de la promesse des amphis

En ce qui concerne la promesse de construction de cinq (5) amphis, des salles de cours et de travaux dirigés dans chaque université publique au cours de son quinquennat, les lignes ne semblent pas avoir véritablement bougées, notamment dans la plus grande université du pays. A l’Université Joseph Ki Zerbo, les étudiants interrogés disent n’avoir pas pu voir la trace d’aucun amphi érigé sous le magistère du nouveau président. “Les bâtiments les plus récents qu’on a ici datent de 2015. Je parle du bâtiment PSUT qui est à l’Unité de formation et de recherche en Sciences exactes et appliquées et des amphis K et L dont la construction a débuté sous l’ancien régime mais livré en 2016. Quand le nouveau pouvoir est arrivé, ce sont des chapiteaux (des tentes) qu’ils sont venus implanter. Plus récemment, on voit qu’ils ont commencé à rénover certains amphis comme l’amphi Bakari Coulibaly et certains autres bâtiments. Il y a aussi une certaine connectivité qui se dégage depuis un certain temps”, détaille un étudiant.

Jusqu’à présent, les étudiants de l’université Ouaga 2 n’ont pas encore rejoint leur site sis à Gonsin, à 25 kilomètres à l’est de Ouagadougou. Ces étudiants continuent de squatter les locaux du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) et bien d’autres salles dans la ville de Ouaga. Il faut signaler tout de même que des travaux se poursuivent et de nouveaux bâtiments et amphis poussent sur le site de l’Université Ouaga 2, dont le dépôt de la première pierre date de 2008.  A côté de cela, la problématique des retards dans les enseignements reste d’actualité et s’est même aggravée ces derniers temps. Pire, cette question semble ne plus intéresser les politiques mais les seuls étudiants et leurs encadreurs. Et dire que le  chef de l’Etat s’était engagé à faire de l’enseignement supérieur une priorité nationale.

Aya Ouédraogo

 

Laisser un commentaire

shares