« Si nous ne pouvons pas créer la société sans classe, au moins travaillons à diminuer les inégalités », Guy Olivier Ouédraogo, SG CSB

Le SG de la Confédération syndicale du Burkina, Guy Olivier Ouédraogo. Photo : Les Echos du Faso

Ce 3 janvier 2022, le mouvement syndical burkinabè a commémoré le 56è anniversaire de la chute de Maurice Yaméogo, premier président de la République de Haute-Volta devenue Burkina Faso depuis 1984. A l’occasion, un panel a été organisé à la Bourse du Travail à Ouagadougou sur la contribution de l’Unité d’action syndicale dans la promotion des droits sociaux et économiques des travailleurs et des libertés démocratiques et syndicales. L’un des panélistes, le Secrétaire général de la Confédération syndicale du Burkina (CSB), Guy Olivier Ouédraogo, a été bombardé de questions relatives à ses prises de positions ces dernières années sur l’extension de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des travailleurs du public et sur la conférence sur la remise à plat des salaires des agents publics de l’Etat. Le SG de la CSB par ailleurs vice-président du Haut conseil pour le dialogue social (HDCS), Guy Olivier Ouédraogo, a répondu sans langue de bois. Bendré donne de larges extraits de ses réponses aux questions, critiques et observations de quelques travailleurs.

« Ceux qui ont accepté le principe de l’IUTS, je n’étais pas en ce moment syndiqué. Je venais de débuter mes classes de lycée. Ce sont nos devanciers qui ont fait le soulèvement du 3 janvier 1966 qui étaient sur la table quand le principe de l’IUTS a été mis en place. Nos devanciers ont dit que la justice fiscale était importante (…). J’ai été soumis à ça et quand j’ai commencé à travailler, j’ai été d’abord dans les mouvements révolutionnaires où on m’a parlé de la société égalitaire, pratiquement la société sans classe. Et après j’ai continué et je suis d’autres courants de pensée où on me dit qu’effectivement il faut accepter tout le monde : accepter le patronat, accepter les ouvriers,  et travailler à ce qu’il y ait plus de justice sociale. Et sur cette base, l’IUTS est avant tout comme une question de solidarité verticale et de solidarité transversale. La solidarité verticale veut que moi qui suis allé à l’école sur la base des contributions de nos devanciers que moi aussi je contribue. Ça c’est la solidarité verticale qu’on m’a enseignée dans mes  principes idéologiques. La solidarité verticale veut que moi aujourd’hui étant cadre de la SONABEL contribue plus (…). Voilà un peu l’idée qui sous-tend tout cela. Et ce n’est pas les religieux qui diront le contraire. Vous prenez la zakat, c’est sur le même principe. Ceux qui gagnent plus donnent plus (…). Si aujourd’hui il y a un risque qu’un patron se mette à attribuer 40 000  de salaire de base à son gardien et lui-même il a 200 000 francs d’indemnité et va payer le même IUTS que son gardien, il faut vous dire que là, il y a un problème. Et aujourd’hui, il y a aucun texte au Burkina Faso qui puisse l’empêcher. Ça n’existe pas. Ici dans cette même salle, nos devanciers nous disaient : « attention à ne pas être un jour responsable d’une situation d’injustice sociale. » Tu peux voir que tu as raison alors qu’il suffit de passer de l’autre côté et tu verras que ce que tu es en train de dire ne tiens pas. Tout est conditionné par ce que chacun a comme idéologie. Ce n’est pas un gros débat. Surtout que ce n’est pas nous qui décidons en dernier ressort. Eh bien, de toute façon comme quelqu’un le disait : ‘’quelqu’un a prêté serment pour garantir la sécurité au Burkina. La même personne a prêté serment pour faire respecter les lois du Burkina Faso, la constitution et autres. Si on veut la remettre en cause, il n’y a pas de problème’’.

Maintenant sur la remise à plat. Je ne sais pas d’abord ce que c’est que la remise à plat. Le langage que je connais c’est l’harmonisation des salaires. La constitution du Burkina Faso est basée sur la déclaration universelle des droits de l’homme qui dit qu’à travail égal, salaire égal. Dans toutes les conventions collectives, il y a ces principes. Toutes les conventions collectives que nous défendons ensemble dans le privé sont bâties sur ce principe. Maintenant un seul employeur se lève, il crée des inégalités. Les objectifs de développement durable appellent tous les pays à éliminer les inégalités salariales et autres parce que ça crée les frustrations (…).

En France quand vous regardez le salaire le plus élevé au salaire le plus bas, la différence, c’est 16 points. Au Burkina Faso, ça fait 59 points. C’est assez. Les inégalités sont abyssales dans notre pays.  Alors que nous, en tant que syndicalistes, si nous ne pouvons pas créer la société sans classe, au moins nous pouvons travailler à diminuer les inégalités. Certains ont parlé de tirer certains (ndlr des travailleurs) vers le bas. Mais ceux qui ont suivi les conclusions des travaux qui se sont passé les 12, 13 et 14 mai 2018 ont vu les conclusions : il n’est nullement question de tirer personne vers le bas. Au contraire c’est près de 70% des travailleurs qui sont tirés vers le haut. Vous pouvez le vérifier. Vérifiez (…). »

 

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