Lutte contre le terrorisme: Hommage aux martyrs de Toéni

Quelques jours après l’embuscade qui a coûté la vie, le 26 décembre 2018 à 10 gendarmes engagés dans la lutte contre le terrorisme à Toéni dans la province du Sourou, les langues se délient sur les conditions atroces dans lesquelles ces dignes fils du Burkina ont trouvé la mort. Les braves, ils se sont simplement sacrifiés comme des martyrs.

 

Et puisque la lutte continue, leurs frères d’armes n’ont malheureusement pas le répit et le recul nécessaire pour méditer sur l’acte de bravoure qu’ils leur ont laissé en héritage. Encore faut-il que le récit de leur sens du sacrifice reste gravé dans la mémoire de tous les Burkinabè pour qui ces jeunes gens ont accepté d’affronter la mort, alors qu’ils n’avaient plus aucun moyen pour se défendre face à des ennemis particulièrement cruels et inhumains. Tenez.

Comment comprendre que des individus qui se réclament d’être des «défenseurs de l’islam» et donc du «Dieu de la paix» puissent capturer des soldats qui n’avaient plus de munitions et, au lieu de faire d’eux des prisonniers de guerre, ont préféré les égorger les uns après les autres ? Pourquoi une telle barbarie dans un Burkina où le chef de cette horde d’hommes sans foi ni cœur avait longuement bénéficié de gîte et de couvert ? Pourquoi ces terroristes aux ordres n’ont aucune limite, aucun sens de l’humanité dans la guerre qu’ils tentent d’imposer aux Burkinabè depuis janvier 2016 ?

Telles sont les questions que la boucherie de Toéni devraient amener à se poser dans un contexte où au lieu de faire front contre le terrorisme, certains continuent de le justifier par des faux-fuyants. Car, à ce qu’on sache, les policiers, militaires, gendarmes et civils qui luttent contre le terrorisme au péril de leurs vies ne le font pas d’abord dans l’intention de donner la mort, mais pour défendre une cause noble, celle de défendre leur patrie. Jamais ils ne vont à la recherche de ces individus lugubres pour les abattre systématiquement, mais pour leur signifier qu’ils ne devraient pas jouer avec la vie humaine, la sécurité des personnes et des biens.

C’est d’ailleurs pourquoi ces lâches qui ont tout aussi peur de la mort se fondent dans la masse pour ne pas être identifiés. Et bénéficient ainsi de la protection passive et parfois active des populations pour lesquelles les Forces de défense et de sécurité (FDS) envoyées au front risquent leurs vies jour et nuit. On ne comprend donc pas que lorsqu’ils tombent sur des gendarmes sans munitions pour livrer un quelconque combat contre eux, leur principal souci est de les exterminer de la manière la plus atroce. Comme s’ils étaient engagés uniquement pour donner la mort.

Un peu partout où ils ont tendu des embuscades, ils ne visent pas autre chose que de tuer de la façon la plus barbare comme si c’était la seule consigne qu’ils avaient reçu de leur parrain. Et cette façon de faire mérite que l’opinion nationale et internationale s’y attarde. Surtout dans un contexte international où la moindre tragédie suscite émotion et condamnation comme on le voit en ce moment autour des atrocités qui se sont déroulées à Yirgou. Il faut donc bien se demander si au nom de la même vie que les organisations de défense des droits humains défendent, elles ne devraient pas trouver aussi les moyens de rappeler aux terroristes, aussi non-identifiés sont-ils, qu’ils ne devraient pas se permettre de massacrer ainsi leurs prochains. Autrement, on en viendrait à leur donner le droit de commettre impunément, les crimes les plus inimaginables contre l’humanité que nous avons tous en partage.

Les organisations et les médias qui relayent les messages de revendication des terroristes qui écument désormais l’ensemble du territoire burkinabè devraient porter une attention particulière à ce phénomène. Quelque que soit la cause la plus abjecte qu’il défend, nul ne devrait se permettre de lui infliger une mort aussi dégradante qui consiste à l’égorger comme une vulgaire bête. Fermer les yeux sur une telle atrocité reviendrait à faire croire que les terroristes peuvent tout se permettre pendant que les FDS se préoccupent de les ménager eux et leurs complices.

En effet, si la lutte contre le terrorisme se trouve fastidieuse et délicate pour les FDS, c’est justement parce qu’elle implique cette exigence de respect de la dignité humaine. Alors, si en face, Al-Agali et ses combattants peuvent se permettre les atrocités les plus insoutenables, c’est le sens de notre humanité qu’ils remettent ainsi en cause. C’est un secret de Polichinelle que de dire que ces gens-là ont une adresse, ils ont des relais et des complices ici au Burkina et ailleurs. Pour une fois, surtout pour les atrocités commises à Toéni, quelqu’un devrait avoir le courage de leur envoyer un message dans le sens du respect de la vie humaine.

Car, en les laissant continuer à agir ainsi, les organisations de défense des droits humains et la communauté internationale cautionne des pratiques barbares qui ne devraient plus avoir droit de cité dans ce monde. Il s’agit purement et simplement de la barbarie, de crimes contre l’humanité. Et ces combattants et particulièrement leur chef qui a nommément signé le message de revendication du massacre de Toéni doit être recherché et poursuivi comme tel.

En attendant, même si les 10 gendarmes ont été mis à mort d’une façon aussi barbe, ils sont restés dignes jusqu’au bout. Et ils méritent d’être célébrés comme de véritables martyrs, c’est-à-dire de braves gens qui ont volontairement accepté de mourir pour la cause de l’humanité que leurs ennemis étaient incapables de percevoir. Ils les ont tués certes, mais ils ne les ont pas déshonorés. On peut imaginer que les gendarmes se laisser mourir en ayant pitié de leurs bourreaux.

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