Lutte contre le terrorisme: Oser innover, savoir vaincre l’hydre

En acceptant d’écouter «la voix du peuple» en changeant ses ministres de la défense et de la sécurité ainsi que le chef d’état-major général des armées, le président Roch Kaboré a pris non seulement de nouveaux engagements dans la lutte contre le terrorisme, mais s’est lancé un défi majeur.

 

Désormais, les regards des Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur sont tournés vers le général de brigade, Moïse Minoungou, le ministre de la sécurité, le colonel Ousséni Compaoré et le ministre d’Etat, ministre de la défense Chériff Sy. C’est à ces trois hommes qu’il revient désormais le grand challenge de trouver des stratégies efficaces, des moyens innovants et une motivation exceptionnelle des troupes pour venir enfin à bout de l’hydre du terrorisme. Le défi est à la hauteur des attentes légitimes que le peuple meurtri nourrit depuis longtemps dans ce sens. Le drame causé par «les forces du mal» qui se sont emparé de plusieurs régions du Burkina n’a que trop duré.

Jamais les Forces de défense et de sécurité (FDS) en général et l’armée en particulier ne se sont trouvées aussi malmenées par un ennemi difficile à dévisager et surtout à maîtriser. Depuis plus de trois années maintenant, toutes les tentatives pour le neutraliser paraissent vaines. Chaque semaine, ce sont des pertes en vies humaines et en matériel qui sont enregistrées ici et là, donnant l’impression à l’opinion nationale et internationale qui la sécurité et la défense sont devenues les maillons faibles du régime Kaboré. Les critiques fusent de toutes parts, le désespoir aussi. Les oiseaux de mauvais augure s’adonnent à des prédictions les plus alarmistes sur la situation sociopolitique nationale.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Burkinabè ont besoin d’être rassurés sur la capacité des nouveaux hommes en charge de la défense et de la sécurité de ramener la sérénité dans le pays. Ce qui passe par leurs engagements à neutraliser, au plus vite, les forces du mal qui empêchent sérieusement les populations de dormir, qui sabotent la scolarisation des enfants obligés de déserter les zones assiégées, les opérateurs économiques d’émettre des doutes sur l’environnement sécuritaire et les touristes de bannir la destination Burkina.

Ainsi l’heure n’est plus aux discours ou aux vœux pieux, il faut aller aux actions concrètes, consolider les acquis engrangés jusque-là, motiver ou remotiver les troupes, déployer des nouveaux dispositifs sur le terrain afin de neutraliser l’ennemi. Ce qu’attendent les Burkinabè, ce sont des résultats concrets sur les différents fronts. Il faut reprendre le contrôle sur les parties du territoire où les enfants ne peuvent aller à l’école et leurs parents vivent avec la peur au ventre.

L’heure n’est plus aux discours ou aux vœux pieux, il faut aller aux actions concrètes, consolider les acquis
engrangés jusque-là, motiver ou remotiver les troupes

Comme on n’a pu le voir avec les événements tragiques de ce début d’année qui se sont passés à Yirgou dans la région du Centre-nord, le terrorisme a fini par mettre à mal la cohésion sociale. Plus que jamais, il faut prendre le taureau par les cornes pour éviter que les communautés vivant jusque-là en parfaite intelligence ne se dressent les unes contre les autres.

En tout cas, les ministères en charge des FDS ont du pain sur la planche. Pire, ils ont des pressions de toutes parts parce qu’ils doivent pouvoir allier vitesse et efficacité tout en restant à la fois professionnels et respectueux des droits humains. La tâche est immense. Il n’y a pas de temps à prendre. Il faut rapidement mettre un terme à l’hécatombe causée dans leurs rangs, aux massacres des populations civiles et surtout à l’occupation du territoire.

Au moment où s’abat le découragement sur certaines forces vives qui ne croient plus en la capacité des dirigeants actuels à préserver l’intégrité du territoire et la sérénité dans les cœurs, on ne peut que souhaiter que les changements intervenus à la tête des départements ministériels en charge de la défense et de la sécurité ainsi qu’à la tête du commandement des armées rassurent au plus vite. Que les nouveaux responsables fassent preuve d’audace, de rigueur et de responsabilité pour apporter aux groupes terroristes qui écument allègrement les régions du Sahel et de l’Est, la réplique nécessaire. Ils doivent non seulement s’activer pour infliger des défaites cuisantes aux terroristes, mais aussi et surtout reconstruire des FDS à même de ne plus céder à la tentation de la division. Car, il faut le dire, si elles sont tombées aussi bas face aux «forces du mal», c’est bien parce qu’elles avaient été poussées par l’ancien régime et ses comparses à rendre leur âme et leurs armes. Pour vaincre l’hydre du terrorisme, il faut oser ramener la discipline, la loyauté, la rigueur et le patriotisme dans les rangs. La victoire est au prix de grands  sacrifices que les nouveaux responsables devront savoir consentir. Ceci explique pourquoi le général Moïse Minoungou a annoncé les couleurs en ces termes, «nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés de gagner». Une déclaration qui rappelle étrangement la dernière phrase du Dintanyè, «La patrie ou la mort nous vaincrons».

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