Ecoles fermées au Sahel et à l’Est: Monsieur le Président, une promesse est une dette !

C’est vrai que la morale est aujourd’hui édulcorée au Burkina comme un vieux caleçon usité pendant un siècle. Mais une promesse demeure une dette qu’il faut payer à échéance. C’est une question de dignité, d’honorabilité et de respect pour sa propre descendance.

Le 10 décembre 2018, à la veille de la célébration de l’indépendance ( ?) du Burkina Faso à Manga, dans le Centre-Sud, le Chef de l’État, chef suprême des armées, le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a fait une promesse aux enfants et aux parents du Burkina Faso. Au cas où c’est déjà rentré dans les tiroirs de l’oubli, voici ce qu’il a dit :

« Ce que nous célébrons aujourd’hui n’est autre que notre unité, notre identité collective, notre fierté d’appartenir à la même patrie qui forment le ciment de notre vivre-ensemble et forgent notre destin commun.

C’est fort de ces valeurs que nos devanciers ont fait face à l’adversité de tous ceux qui ont voulu entraver la marche vers la liberté et l’indépendance de notre peuple qui n’a jamais courbé l’échine.

A cet égard, j’ai une obligation à l’endroit de tous les enfants dont la scolarité connaît des perturbations du fait des menaces terroristes qui pèsent sur eux, sur leurs parents et leurs enseignants. Personne n’a le droit de s’attaquer à l’avenir de notre Nation, et je veillerai à ce que l’accès de tous les enfants à l’école soit assuré sur l’ensemble du territoire national ».

Le Chef de l’État, pour une des rares fois, n’a pas utilisé ce bout d’expression qui est si chère à son langage : « je voudrais … que ». Non ! Roch Marc Christian Kaboré n’a pas mis au conditionnel ce qu’il veut faire et ce qu’il va faire. Non ! C’est une promesse ferme, formelle et claire, comme on aime à l’entendre dire les hommes et les femmes de valeurs, de principes et de parole : « je veillerai à ce que l’accès de tous les enfants à l’école soit assuré sur l’ensemble du territoire national ».

Péril

Car, oui, Monsieur le Président du Faso, il y a péril en la demeure et des milliers d’enfants du Burkina Faso sont menacés par la radicalisation et les tentacules des recruteurs des ouvriers de l’extrémisme violent. Vous voulez une preuve ? En voici : « C’est presque toute la région du Sahel qui est touchée. A part Djibo centre, presque toutes les écoles sont fermées. Nous y sommes par patriotisme parce qu’à tout moment, tout peut arriver. Il ne faut pas compter sur les forces de l’ordre parce qu’elles mêmes se cherchent. On peut te faire tout ce qu’on veut. Ce qui fait que souvent, on est obligé de ne pas tenir certains propos ».

Ce sont les paroles glaçantes d’un enseignant qui sert dans le Sahel et dont les confidences ont été captées par nos confrères de Burkina24 lors d’un débat organisé dans le cadre du Festival Ciné Droit Libre. L’heure est donc grave ! Et on a l’impression que l’on ne s’en pas rend pas compte au plus haut sommet de l’État.

L’on a l’impression que l’on dort, que l’on somnole, que l’on roupille pendant que des hommes et des femmes se font tuer à l’Est et au Sahel. Des écoles sont fermées. Des enfants sont jetés à la rue. Ils ne savent que faire, où aller, à qui s’adresser, car, à l’évidence, ils n’ont apparemment personne vers qui se tourner.

Les forces de défense et de sécurité ont fait le serment de mourir pour la patrie. Mais l’on préfère de loin mourir à armes égales face à l’ennemi plutôt que de savoir que l’on va à l’abattoir. Ceci n’est pas dit pour toucher au moral des troupes. Cet écrit ne fait juste que révéler ce qui se dit, se murmure, se raconte, se dit sur ce fameux moral.

Les syndromes de ce qui est arrivé au Mali sont en train de s’établir petit à petit dans cette partie du Burkina. Des individus sans foi ni loi défrichent patiemment, méthodiquement et malheureusement, efficacement cette partie du « Pays des Hommes intègres » pour y établir leurs pénates et se livrer à leurs basses besognes. Le Burkina Faso doit dire non à ça. Le Burkina Faso ne peut pas laisser grignoter ainsi cette terre pour laquelle des Voltaïques et des ascendants de ceux qui y vivent aujourd’hui ont donné leur sueur et leur sang. Non ! Cela est inadmissible ! Non ! C’est impossible et inimaginable !

Monsieur le Chef suprême des armées, allez voir vos hommes !

De retour donc des feux d’artifices et des paillettes de la fête de l’indépendance ( ?) du 11-Décembre 2018 à Manga, dans le Centre-Sud, où des armes ont été fournies, le Chef suprême des armées doit une bonne fois pour toutes montrer qu’il n’est pas chef juste pour orner les livres et les cahiers. L’heure n’est plus au saupoudrage et à l’auto-chatouillis pour rigoler entre potes et se complaire dans une béate contemplation.

L’heure est au combat, à la galvanisation des troupes. Du reste, depuis combien de temps le Chef suprême des armées est-il allé dire « bonjour » à ses soldats, « ses hommes » ? Il faudra de temps en temps penser à quitter le doux confort du palais présidentiel de Kossyam, à sortir des salons feutrés, à s’éloigner de l’inauguration des chrysanthèmes et des discours mondains aux intonations creuses pour aller marcher dans la même poussière et patauger dans la même boue que les soldats. C’est une méthode beaucoup plus galvanisante et motivante que les belles paroles, les jolis tweets lancés derrière des pupitres nickelés et luisants.

Bref, une chose doit rester constante. Une promesse est une dette et il n’est pas bon, monsieur le Président, pour votre honneur, votre dignité, votre aura et votre respect, que les élèves de l’Est et du Sahel ne retournent pas à l’école au retour des congés du premier trimestre.

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