Itian (Passoré) : Vers une exclusion définitive du conseiller de l’UNIR-PS ?
Dans une de nos récentes livraisons, nous avons fait l’écho de ce que suite à la mort d’un jeune du village d’Itian dans la commune de Samba au Passoré, le conseiller du village, Nabyinga Kombeogo, a été désigné par le Swingo comme « le bourreau » et exclu du village. Depuis lors, des négociations sont en cours pour faciliter le retour du conseiller dans le patelin natal. Mais l’étau semble se resserrer autour du conseiller de l’UNIR-PS.
Le village d’Itian est situé à environ trois(3) kilomètres de Samba, une commune distante de quarante (40) kilomètres du chef-lieu de la province du Passoré. C’est dans ce village qu’en début octobre 2018, le quarantenaire Poudéguem Kientéga a été retrouvé mort dans une touffe d’herbe non loin de sa cour familiale. Touchée par la mort tragique, par pendaison, de leur fils, la famille du défunt opta de porter « le Swingo » pour comprendre. Le Swingo est un terme issu du Mooré et signifie port de cadavre. Il s’agit de faire transporter une dépouille mortelle ou les oripeaux d’un mort par des personnes initiées (souvent deux ou quatre) pour qu’il désigne le « bourreau » du cadavre. Dans leur mouvement, c’est l’âme du cadavre qui les oriente, les dirige et les conduit vers le mangeur d’âme, auteur du forfait. Cette pratique, qui est en passe d’être abandonnée dans plusieurs localités du pays, a la peau dure dans la Province du Passoré. Et, elle a fait plusieurs victimes décédées et/ou en terme d’exclusion.
Le père du défunt, Boudou Kientéga, a confié avoir cherché à comprendre les raisons exactes de la mort de son fils. « Pour nous, une personne ne peut pas manger du tô et aller se pendre. Cela est inconcevable », explique-t-il. Et le Swingo a jeté son dévolu sur le conseiller de l’UNIR-PS qui a été renvoyé du village. « Nous ne lui demandons rien. On ne demande pas qu’il nous paie. Mais avec ce qui s’est passé, nous ne pouvons plus vivre ensemble », confiait le père du défunt à notre passage à Itian le 20 octobre dernier. Depuis lors, l’accusé Nabyinga Komboego a trouvé refuge chez ses oncles à Yako. La médiation enclenchée a conduit les protagonistes chez le chef de Canton de Batono. Selon des informations, il a été convenu qu’il n’est pas opportun de demander le retour du mis en cause car les esprits sont toujours chauds. Qu’il sied d’attendre que les esprits se calment avant toute possibilité de retour du conseiller chez lui. Notre source poursuit en indiquant qu’il a été en même temps autorisé à l’accusé de sorcellerie d’aller juste prendre ses effets. C’est donc dire que le retour de Nabyinga Komboego n’est pas encore à l’ordre du jour.
Les cas d’exclusion sociale par allégation de sorcellerie sont légion au Burkina Faso et plus particulièrement dans la province du Passoré. L’ampleur du phénomène a amené le législateur à sortir l’artillerie lourde contre les responsables d’expulsion. Le nouveau Code pénal de mai 2018 réprime sévèrement les auteurs d’exclusion sociale pour fait de sorcellerie. L’article 514-3 de ce Code pénal est formel : « Est puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 250 000 à 1 000 000 FCFA toute personne reconnue coupable ou complice d’accusation de sorcellerie. La peine d’emprisonnement est de trois à cinq ans dans les cas où l’accusation a donné lieu à : l’exclusion sociale de la victime ; des coups et blessures et voies de fait sur la victime, des dégradations de biens mobiliers et immobiliers. En cas de décès de la victime, l’infraction est punie d’une peine d’emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 250 000 à 2 500 000 FCFA »
La Commission nationale des droits humains se serait saisie de l’affaire. Le ministère en charge des droits humains également. Des chefs coutumiers dans la localité seraient en train de se concerter pour apporter une réponse vigoureuse à la problématique de l’exclusion sociale pour fait de sorcellerie. Le parti de Me Bénéwendé Sankara n’entend pas non plus abandonner à son sort le jeune conseiller municipal de son parti,l’UNIR-PS.