Burkina Faso: Y aura-t-il des élections partout en 2020 ?

A l’orée de 2020, le cœur des hommes politiques burkinabè, de l’opposant au majoritaire, en passant par ceux qui ne « rêvent pas du pouvoir », bat à un seul rythme : présidentielle. Leurs pensées sont focalisées sur cette échéance électorale. Mais ils devraient aussi y ajouter désormais, l’équation de l’insécurité rampante qui encercle pernicieusement le Burkina Faso.

  1. Date butoir. Date qui fait sursauter plus d’un homme politique. Surtout dans le camp des opposants. Particulièrement dans celui de ceux qui ont été évincés du pouvoir d’une manière qu’ils trouvent cavalière et qui piétinent sur place, attendant l’heure de la revanche.

Et les déboires actuels du présent parti au pouvoir font que certains se lèchent certainement les babines. Le malheur de ton adversaire fait généralement ton bonheur, volontairement ou involontairement. Car, c’est le cas de le dire, Roch Marc Christian Kaboré est très mal en point. Les résultats des différents sondages ne sont pas du tout en sa faveur. Le plus récent, réalisé par nos confrères des éditions Lefaso.net, l’affublent d’une note qui ferait pleurer un élève de 6e : moins de 8/20.

Même pas la moyenne pour se consoler ! Du reste, dans les Grandes écoles, où la barre de la moyenne est généralement fixée à 12/20, ce score de l’enfant de Zorgho figure dans la classe des catastrophes et en dit long sur ce que les Burkinabè pensent de sa gouvernance.

Certes, les terroristes ne lui facilitent pas du tout la tâche. Tels des zombies assoiffés de sang des Burkinabè, ils harcèlent le territoire national, usent les éléments de ses forces de défense et de sécurité par des actions lâches, ciblées, mais d’une efficacité ravageuse, sèment les graines vénéneuses de la terreur dans le cœur des citoyens, sapant le moral, l’économie et perçant l’outre du développement que le Chef de l’État et son gouvernement tentent  de remplir depuis leur arrivée aux affaires.

Mais ce n’est pas une raison pour totalement dédouaner celui qui s’est présenté comme la « solution » aux problèmes des Burkinabè. Et le terrorisme était bien en place, bien en vue, au moment où Roch Marc Christian Kaboré battait sa campagne, avec son défunt compagnon Salifou Diallo. Comme dirait l’autre, assis devant son café sous le hangar de fortune d’un kiosque de Kamboissin, « on ne l’a pas envoyé » chercher ses problèmes. C’est lui-même qui a couru les rejoindre au palais présidentiel de Kossyam.

Du reste, en prenant le pouvoir dans ce contexte d’un Burkina gorgé de défis et surtout, en s’asseyant dans le fauteuil fumant laissé par  celui qui a 27 ans durant été  son « Président », en l’occurrence Blaise Compaoré, et d’une manière qui n’a pas été bénie par lui, l’ancien Président de l’Assemblée nationale burkinabè devrait s’attendre à des représailles à la hauteur de « sa traîtrise », et donc s’y préparer en conséquence.

Des déplacés, des écoles fermées…

Conclusion : Roch Kaboré ne bénéficiera pas de circonstances atténuantes. Et ses opposants le savent et se mettent donc à espérer, à calculer et à « probaliliser » sur leurs éventuelles chances de se faire élire à la place du « prince ». Dans le même ordre d’idées, on se farcit les méninges dans les rangs du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), dans une atmosphère de bagarre de leadership interne, afin de ne pas perdre le principal macaron pour lequel ce parti politique a été formé : le pouvoir d’État.

Résultats des courses, 2019 est déjà une année électorale et les énergies vont désormais se concentrer sur cette échéance.

Toutefois, il faudrait qu’ils intègrent dans leurs algorithmes, la question sécuritaire. Le Burkina Faso d’aujourd’hui n’est plus le même que celui de novembre 2015. Les terroristes circulent dans de larges parties du territoire comme s’ils étaient dans leur chambre à coucher. Ils commettent des exactions sur les populations militaires et civiles et repartent sans être grandement inquiétés.

Il est fort probable que, si d’ici à janvier 2020, cette situation n’est pas résorbée et qu’au contraire, elle s’empire, il y ait de forces chances de craindre pour la tenue de la présidentielle.

Si des écoles ont fermé leurs portes sans plus jamais les rouvrir, quelle garantie y a-t-il aujourd’hui que les équipes de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pourront atteindre en toute quiétude les « yeux » du cyclone répartis un peu partout sur les périphéries du territoire burkinabè ? Comment des bureaux de vote pourront-ils ouvrir du matin au soir et ensuite compiler les résultats sans se faire attaquer ? Il faut noter que les terroristes semblent s’être décidés à s’en prendre à tout symbole, toute représentation de L’État burkinabè  dans n’importe quelle partie du pays. La CENI, et donc des élections devant aboutir à l’installation du premier symbole de la nation burkinabè, pourrait être prise pour cible, si ce n’est déjà le cas, dans le plan de déstabilisation ourdi par ces hordes d’assaillants sur lesquels on n’arrive même plus à mettre un nom.

Et ce n’est pas tout. Au Centre-Nord et au Sahel, de nombreux déplacés ont quitté leurs zones d’habitation. Pourront-ils revenir chez eux en l’espace d’une année ?

Si le Chef de L’État, si tous les acteurs politiques du Burkina Faso n’y avaient pas pensé, c’est le moment de le faire. Si les 14 provinces concernées par l’état d’urgence sont celles où il est difficile de dormir sur ses deux oreilles tranquillement, alors, il faudra se préparer à ce que le scrutin ne puisse pas se tenir dans lesdites zones. Ce qui serait inconcevable et revêtirait une signification grave quant à l’intégrité même du territoire burkinabè.

Se débarrasser des querelles de chapelle, inviter le Chef de l’État à « se secouer », que ce dernier se décide à se réveiller, à donner des signaux forts, à montrer qu’il est le chef suprême des armées, en somme « la solution », est dès aujourd’hui une nécessité à laquelle on ne peut  se dérober. Il est interdit qu’une partie des Burkinabè désigne le Chef de l’État en novembre 2020. Tous les  Burkinabè doivent pouvoir aller aux urnes, librement, en toute quiétude, comme l’a promis leur dirigeant. Et l’occasion de faire un test est déjà présente : le fameux référendum sur la nouvelle Constitution.

 

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