Situation nationale: Qu’avons-fait des promesses de l’insurrection ?

Une nouvelle année s’achève et une autre va commencer dans quelques jours. Visiblement, il n’y a pas de bonnes nouvelles à l’horizon. Pas plus qu’il n’en a véritablement eu. La question est de savoir qu’avons-nous fait des promesses de l’insurrection.

Quelques trois années après la grande prise de conscience qui a balayé Blaise Compaoré et certains de ses sbires du pouvoir, le Burkina Faso attend toujours de voir concrétiser le grand changement promis par l’insurrection. De nouvelles lois ont été adoptées pour «plus de justice et d’équité, de bonne gouvernance et de redevabilité», mais hélas. Les fruits ne sont pas encore à la hauteur des fleurs. Plus on attend, moins on espère que les choses vont changer en faveur du bien-être que tous les Burkinabè sont légitiment en droit de d’attendre.

Pour les plus pessimistes, le nouveau pouvoir est simplement décevant, immobile et sans dynamisme aucun. Les difficultés économiques actuelles, notamment la cherté de la vie avec son dernier corollaire qu’est l’augmentation du prix du carburant à la pompe ne serait que l’expression de cette incapacité des nouveaux dirigeants à anticiper, à prendre des décisions fortes afin d’insuffler une direction plus vigoureuse à l’économie nationale. Ils ne se seraient donc pas suffisamment préparés pour faire face à la situation.

Mais la solution était-elle de leur mettre suffisamment de pression pour les réveiller de leur sommeil ? Comme on a pu le voir au cours de l’année 2017 et d’une bonne partie de cette année, les grèves perlées n’ont pas profondément modifié les actions du gouvernement. Même si certaines organisations syndicales pensent avoir poussé le bouchon de la revendication suffisamment loin pour engranger des acquis substantielles, force est de constater que l’ensemble des travailleurs reste globalement insatisfait. D’ailleurs, il va y avoir de nouveaux mécontents à la faveur de l’entrée en vigueur de la régulation des fonds communs. Le mois froid de janvier risque d’être des plus chauds que le front social va connaître au niveau des travailleurs du monde des finances. On ne devrait pas s’étonner de voir le mercure monter considérablement de ce côté-là.

Que dire du monde de l’éducation ?

Là également, l’année se termine sur une mauvaise note, celle de la suspension unilatérale –par les syndicats- de l’évaluation dans les écoles primaire, secondaire et supérieur. Le bras de fer qui a failli paralysé le système l’année dernière est de retour. Et les dégâts risquent d’être importants sur le bon déroulement de l’année scolaire et académique 2018-2019. Le monde universitaire peine toujours à se normaliser depuis bientôt 20 ans. Ce qui n’est pas à l’honneur des acteurs d’un enseignement supérieur burkinabè jusque-là cité en exemple. A force de traîner ce boulet, on se demande si la corde ne va pas finir par rompre. En tout cas, la promesse d’une université burkinabè qui retrouve la normalité et ses lettres de noblesses tarde à se réaliser.

La situation socio-économique demeure aussi gangrenée par la persistance de la corruption et du favoritisme partisan. On ne dirait même pas que l’insurrection est passée par-là et que des lois supposées «révolutionnaires» ont été votées pour bouter ce phénomène des administrations du pays des hommes intègres. La corruption se serait généralisée au point d’être plus rampante maintenant que sous l’ancien régime. Le tableau dressé cette année par le Réseau de lutte anti-corruption (Ren-lac) n’est pas du tout reluisant. Cette organisation n’avait du reste pas hésité à pointer du doigt le manque de volonté politique du premier magistrat du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

Sur le plan judiciaire, les choses n’ont véritablement pas bougé. En dehors du procès du putsch dont le verdict va mordre sur l’année 2019, les anciens dossiers sont toujours pendants. A force de broyer du noir, les victimes de l’insurrection et du coup d’État sont montées au créneau pour réclamer le respect des engagements pris à leur égard. Une autre situation qui montre que tant que ça ne chauffe pas, les tenants du pouvoir ne bougent pas. Aussi longtemps que cela va perdurer, l’attente du changement risque d’être des plus longues qui soient sous le ciel du Faso.

Trois années aussi après le «renouveau démocratique» scellé dans les urnes, le Burkina attend toujours de passer à une autre République, la 5e qui devait logiquement succédé à celle du régime déchu. En se hâtant aussi lentement pour réaliser cet acte hautement symbolique, le régime de Roch Kaboré confirme une lenteur voire une nonchalance politique qui ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs. Et fait monter la colère des acteurs politiques et de la société civile qui avaient placé beaucoup d’espoir dans l’insurrection populaire

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