Manger bio avec La Saisonnière, c’est possible!

Photo d'illustration (Ph DR)

Au Burkina Faso, l’accès à la terre reste une préoccupation majeure pour les femmes. Dans cet environnement où l’accès à la terre se fait de plus en plus rare, l’Association La saisonnière a trouvé une alternative pour venir en aide aux femmes démunies. Il s’agit de la culture hors sol qui se fait sur des tables. Une technique qui permet aux femmes de sortir de la pauvreté tout en mangeant bio. Pour en savoir plus sur cette technique et les motivations de l’association  à la mettre en œuvre, nous nous sommes rendus au jardin de l’association sis dans l’arrondissement 10 au secteur 41 de Ouagadougou.

Crée sous forme de groupement en 2003, la Saisonnière a évolué en association en 2006 avec la mise en place du jardin. Située depuis 2007 dans l’arrondissement 10 au secteur 41 sur un espace qui lui a été concédé par la mairie, elle vient en aide aux femmes démunies dans le but d’améliorer leurs conditions de vie.

Persuadée que l’autonomisation des femmes passe nécessairement par l’alphabétisation, l’association intervient également en formant des femmes. Aujourd’hui, elle compte 30 femmes au niveau du jardin et 80 au niveau des ateliers de tissage et de couture sélectionnées sur la base d’une enquête réalisée à partir des critères de vulnérabilité.

A la saisonnière, c’est le maraichage de toutes les spéculations africaines, c’est la couture, le tissage et même la menuiserie.

“Consommez ce que l’on produit, sortir de la pauvreté tout en mangeant bio”. C’est le défi que l’Association la Saisonnière est en train de relever au Burkina Faso. Dans un environnement où l’accès à la terre se fait de plus en plus rare, surtout pour les femmes, où les sols sont de plus en plus pollués, La saisonnière fait la promotion de l’agriculture biologique en hors sol pour la famille depuis 2015 grâce à un projet italien dénommé Accra.

Cette méthode qui vise à développer l’agriculture familiale, se fait hors sol sur des tables de 1 mètre carré fabriquées spécialement pour l’occasion et par l’association.  Elle permet de garder les légumes propres de bout en bout de la chaine et avec une moindre consommation d’eau grâce à la technique de goute à goute. En dehors du maïs et le gombo, on peut tout cultiver sur la table. Les produits chimiques sont remplacés par du substrat composé de bal du riz, coq d’arachide plus le compost fabriqué par les femmes elles-mêmes. « Grâce au projet Accra, je suis allée à Dakar pour apprendre cette technique et pour vulgariser ça ici. Nous l’enseignons aux femmes, aux enfants et à nos élèves », a confié Aminata Sinaré  animatrice et productrice à La saisonnière. Selon elle, si les femmes apprennent cette technique culturale et produisent chez elles, même s’il n’y a plus de terres cultivables, elles peuvent produire ce qu’elles veulent pour subvenir à leur besoin et commercialiser le reste. “Quand je venais à la saisonnière en 2006, je n’avais pas de vélo, je ne savais pas comment faire le jardinage, je n’avais aucune activité remunatrice de revenue. Mais aujourd’hui, je sais jardiner et j’ai une moto », précise-t-elle.

En dehors de cette technique, la culture sous-sol est toujours pratiquée à la Saisonnière. Selon la présidente de l’association, Sophie Sedogo, professeure des sciences naturelles dans les lycées et collèges à la retraite, chaque femme a droit à 7 planches avec une surface cultivable de 6 mètres carré. Une partie est destinée à l’alimentation de leur famille et l’autre partie à la commercialisation. « Ce qu’elles vendent c’est pour elles, mais nous leur suivons par la formation par le changement de comportement et par la commercialisation. Elles donnent 1500F par mois pour chaque femme pour nous permettre de payer un gardien de nuit », a-t-elle déclaré.

A l’entendre, « nous avons beaucoup de commandes. Nous sommes sur facebook, les gens voient et traversent des kilomètres pour venir payer. Mais nous privilégions les riverains », a-t-elle dit. En plus de cela, poursuit-t-elle, « nous organisons un marché bord champ, les gens se promènent et achètent directement. Nous sommes très contentes de cette méthode parce que nos clients savent ce qu’ils vont consommer, le forage est là, les techniques agrologiques sont là».

 

Il faut souligner qu’à La saisonnière, le problème d’eau pour le maraichage ne se pose pas. « Le maire nous avait donné un forage manuel. C’était pénible parce qu’il était difficile d’avoir de l’eau. Nous avons mis à la place une pompe qui est tombée en panne. Nous sommes donc allées vers une pompe solaire depuis 2015 qu’on a pris à crédit à environ 4 millions. On demande une contribution de 500f aux femmes pour solder le crédit », a renseigné Mme Sedogo.

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