Corruption dans le monde L’Afrique et le Burkina Faso s’enfoncent

Depuis le 29 janvier dernier, le rapport  2018 de Transparency International sur l’Indice de perception de la corruption (IPC) dans le monde est disponible. Sans surprise, les pays africains restent encore parmi les plus corrompus. Malgré donc l’engagement pris par les dirigeants africains de faire de 2018 l’Année africaine de lutte contre la corruption, les avancées concrètes se font encore attendre. Certes, tout ne doit pas être peint en noir car quelques progrès sont à noter çà et là. Mais de façon globale, la lutte contre le fléau piétine sur le continent. Pour ce qui est du Burkina Faso, le pays des hommes intègres n’occupe que la 78e place avec un score de 41/100, perdant un point et quatre places par rapport à 2017.

Le rapport annuel d’activités 2017 de l’Autorité supérieur de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), l’avait déjà dit et celui de Transparency International sur la perception de la corruption dans le monde vient de le confirmer : les indicateurs de bonne gouvernance des deniers publics sont en chute libre au Faso. Ainsi, au niveau mondial, le pays des hommes intègres occupe la 78e place sur 180 pays. Au plan africain, notre pays malgré le point et les quatre places perdus en 2018, est dans le top 10 des pays africains les moins corrompus. Entre 2012  et 2015 le Burkina Faso a effectué un vol stationnaire avec un score consécutif de 38 points durant trois années. Ce n’est qu’en 2016 que le pays a atteint 42 points. Score qu’il a maintenu en 2017 pour malheureusement retomber à 41 points en 2018. Le dernier rapport de l’ASCE-LC qui montre que les montants cumulés des détournements et manquants de caisse, des dépenses sans pièces justificatives et autres malversations sont passés de plus de 31 milliards en 2015 à 7,6 milliards en 2016 et ont grimpé à plus de 10 milliards de F CFA en 2017 peut contribuer à expliquer la situation de notre pays.

L’Afrique dans l’impasse

L’Afrique en générale est marquée en rouge à cause de la présence omni présente de la corruption. Et la partie  subsaharienne n’est pas en reste. Elle est d’ailleurs la région la moins bien notée de l’Afrique avec à peine 32 points sur 100. L’Union Africaine avait pourtant consacré 2018 « année de lutte contre la corruption ». Mais à l’arrivée, peu de progrès ont été réalisés dans le sens de l’éradication de ce fléau qui sape le développement du continent. Transparency International note d’ailleurs que malgré les diatribes de certains dirigeants africains contre le phénomène et l’adoption des principes démocratiques de gouvernance, ce sont en fait ces mêmes gouvernants qui sapent les efforts entrepris. C’est vraiment le paradoxe africain : adopter les meilleurs textes sans jamais les mettre en application.

En 2018, le continent africain reste en dernière position en termes de perception de la corruption. Dans le rapport publié par l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International, l’Afrique obtient une moyenne de 32 sur une échelle allant de 0 à 100. Le continent est loin derrière l’Europe de l’Ouest qui est la région la plus performante en matière de lutte contre la corruption, avec 66 points en moyenne.

Dans le Top 5 des pays les plus corrompus, sont classés deux pays africains : la Somalie prend la dernière place du classement, talonnée par le Soudan du Sud, au 178e rang. Malgré leur mauvais scores, ces deux pays ont néanmoins gagné un point dans l’indice de corruption (IPC) par rapport à 2017.

Dans les pays africains les mieux classés, les Seychelles occupent le haut du podium en se classant 28e sur 180 pays. Puis, vient le Bostwana qui a perdu sa place de champion continental (34e), puis le Cap-Vert qui reste stable à la 45e place. Le Rwanda et la Namibie sont respectivement à la 48e et la 52e place. Le Sénégal a cette année perdu un rang en prenant la 67e place au détriment de l’Ile Maurice.

Corruption et démocratie

Selon l’ONG, il y a une forte corrélation entre « corruption et crise démocratique » sur le continent. Dans son rapport, Transparency International conclut que les pays qui ont un indice inférieur ou égal à 34 sont des régimes semi-autoritaires, quand ceux qui ont un indice inférieurs à 30 sont des régimes autoritaires. En Afrique subsaharienne, 13 pays, dont la Guinée (138e), ont obtenu un indice inférieur à 30. Transparency note que les pays qui s’en sortent le mieux en Afrique sont ceux qui ont des institutions stables et ont des gouvernements qui affichent leur souhait d’éradiquer la corruption, notamment l’Angola, qui a gagné 4 points depuis 2015. L’ONG met en évidence l’importance des réseaux sociaux pour la libéralisation de la parole et la lutte contre la corruption. En Afrique du Sud, où l’indice est resté stable par rapport à 2017 (43), les réseaux sociaux commencent à avoir de l’ampleur en matière de lutte contre la corruption. Avec la création de l’ONG Corruption Watch en 2012 à Johannesburg, les Sud-Africains ont dénoncé de nombreux actes de corruptions sur Facebook et WhatsApp, précise Transparency qui s’en réjouit. L’ONG recommande aux pays d’Afrique d’intensifier leurs efforts en matière de protection des droits humains en favorisant la liberté d’expression et le droit des journalistes d’exercer leur métier.

 

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