Ordures ménagères: Zoom sur ces femmes qui assurent la collecte

Source: burkinadoc.milecole.org (DR)

La gestion des ordures est souvent un casse-tête chinois pour les ménages. Mais avec l’arrivée des différentes associations intervenant dans la collecte des ordures ménagères,  ces derniers n’ont plus à s’en faire pour leurs ordures. Chaque semaine, les femmes commises à cette tâche assurent la collecte des déchets auprès des ménages et se font payer directement par ces mêmes ménages.  Mais force est de reconnaître que ces dernières sont souvent traitées comme des malpropres alors que c’est leur métier qui commande qu’elles soient toujours dans un état sale.

Elles se lèvent très tôt le matin, s’arment de courage, sillonnent les quartiers de la ville de Ouagadougou avec un âne et une charrette pour débarrasser les ménages de leurs ordures.  Une fois que la charrette est pleine, elles se rendent dans les endroits où sont déposés les bacs à ordures pour jeter et retourner dans d’autres ménages. Mais force est de reconnaître que ces femmes sont souvent négligées, parfois méprisées. « Dans certaines maisons, les gens nous respectent. Mais dans d’autres,  on nous néglige, on nous traite comme des malpropres. Souvent quand on demande un gobelet pour boire l’eau, il y’en a qui refusent soi-disant qu’on est sale. Pourtant c’est le travail qui commande ça »,  raconte Sarata Ouangrawa  qui a perdu son mari l’année surpassée. « J’avais dix enfants et deux sont décédés. Je suis obligée de faire ce travail pour subvenir aux besoins de ma famille, car mes enfants ne travaillent pas », a-t-elle soutenu.

Du haut de ses 57 ans, Mme Ouangrawa exerce ce métier depuis sept ans. « J’habite à Marcoussi et je sors de chez moi  à 2h du matin pour me rendre à Sankariaré chercher l’âne et la charrette. On sillonne ensuite avec mon binôme  dans les quartiers, de baskuy à ouidi, en passant par Nemdin, le marché de 10…, pour ramasser les ordures », confie-t-elle.

Comme Sarata Ouangrawa, elles sont nombreuses à ramasser les ordures ménagères pour joindre les deux bouts et prendre soin de leur famille. Aminata Dialla, 58 ans et mère de six ans qui est à sa première année, raconte comment elle en est arrivée là. « Je gardais les toilettes dans une gare de la place. Un jour, on s’est manqué avec mon patron et il m’a insultée et  traitée comme une moins que rien. J’ai donc décidé de partir. Et comme on ne peut pas rester sans rien faire, surtout quand on a des enfants à sa charge, j’ai négocié pour qu’on m’embauche dans le ramassage d’ordures et c’est ainsi que j’ai commencé ». Ce travail, comme tous les autres n’est pas sans difficultés, car à entendre dame Dialla, « on est tout le temps en contact avec la saleté, les odeurs, n’en parlons pas des maux de dos et tout, mais nous voulons manger ».

A côté de cela, soutient Zenabou Tapsoba, il y a la peur qui s’est aggravée avec l’insécurité.”Nous avons peur. Une fois, comme à l’accoutumée, je suis sortie à 2h du matin chez moi avec mon vélo pour aller chercher l’âne et la charette. J’ai été agressée par des bandits qui ont essayé d’arracher mon sac. J’ai crié et grâce à Dieu, des jeunes qui étaient dans les parages ont accouru pour me sauver. Ce qui les a fait fuir. Voyez, nous-mêmes on se cherche et dans notre misère il y’ a des gens de mauvaise volonté qui veulent nous faire du mal”, a déploré Mme Tapsoba.

Mais même si ce travail n’est pas bien rémunéré, les femmes qui l’exercent ont reconnu qu’elles arrivent tant bien que mal à nourrir leur famille.” Au début c’était 10 000 Francs le mois, maintenant c’est 15000 Francs. Ça m’aide beaucoup parce que souvent ça me permet d’aider mes belles filles qui ne reçoivent rien de leur maris”, a indiqué Aminata Dialla.

Somme toute, elles sont nombreuses ces femmes qui se battent au quotidien pour subvenir aux besoins de leur famille. Elles se lèvent très tôt à la quête de leur pain quotidien. Même si elles ne gagnent pas assez, elles préfèrent se battre pour survivre au lieu de s’adonner à la mendicité. Le ramassage d’ordures est certes un métier qui ne permet pas à celles qui la pratiquent d’être propres. Mais cela ne signifie pas qu’elles le sont. Il serait bon que ces braves dames soient traitées comme des êtres humains dans les concessions où elles ramassent les ordures et non comme des malpropres car elles sont nos mamans, nos sœurs et nos filles.

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