Formation: L’excellence académique en marche en Afrique subsaharienne
Des chercheurs africains de dernière génération made in africa. Il y a quelques années, cela relevait de l’illusion. Mais les temps et le monde changent. Et l’Afrique noire n’est pas en reste. En effet, depuis 2014 et grâce au soutien de la Banque Mondiale, des centres d’excellence africains (CEA), sont en train d’être mis en place sur le continent. Leur objectif est de promouvoir l’excellence académique en Afrique.
Jean Pierre SAWADOGO
Il y a quelques années, cette expression avait droit de cité dans l’Eglise catholique : « qui veut le veut pape, se rend à Rome ». La raison est que le souverain pontife quittait rarement le Vatican pour ne pas dire jamais. Mais depuis le pape Paul VI qui a été le premier chef de l’Eglise catholique à voyager hors d’Italie depuis 1809 et surtout avec son successeur Jean Paul II qui a effectué plus de cent (100) visites pastorales à l’étranger, l’expression devient : « qui veut le pape se rend partout dans le monde où il va ».
Transposé à l’Afrique, la situation se présente comme suit : il y a quelques années, tous les scientifiques africains étaient formés à l’étranger. Dans les universités américaines et européennes notamment. Mais il y a tout juste cinq (05) ans, 2014 plus précisément, il a été initié le projet de « Centres d’excellence africains » (CEA). Ayant bénéficié d’un financement de 165 millions de dollars de l’IDA, l’Association internationale de développement qui est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète, le projet CEA a reçu pour mission d’implanter 22 centres de recherche dans neuf pays que sont : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Nigéria, Sénégal et Togo. Ce soutien conséquent a pour objectif de doter l’Afrique des compétences indispensables pour accélérer son développement.
C’est dans ce contexte que le tout premier salon de l’enseignement supérieur s’est tenu sur le campus de l’Institut international de l’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), à Ouagadougou au Burkina Faso en mai dernier. À cette occasion, « les 22 centres d’excellence basés dans les universités de neuf États d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale se sont réunis pour célébrer la réussite de leurs étudiants et présenter au public les innovations résultant de leurs recherches » comme l’a relaté un article du groupe de la Banque Mondiale. Si chaque CEA est unique, tous ont pour point commun d’être des pionniers de la recherche appliquée. L’objectif est de former une cohorte de spécialistes de haut niveau dans des domaines scientifiques et techniques allant de la génomique et des maladies infectieuses jusqu’à l’environnement durable et l’ingénierie en passant par l’eau et l’assainissement, la biotechnologie ou encore la santé reproductive et l’agriculture. Grâce à des partenariats solidement établis avec des universités et des industriels africains ou non, les étudiants bénéficient d’équipements ultramodernes ainsi que des meilleurs professeurs du continent et de la diaspora.
L’excellence académique à portée de main
Preuve que les choses avancent dans le bon sens, dix-huit programmes répartis dans sept centres ont obtenu une accréditation internationale au terme d’un processus exigeant qui garantit que le contenu des formations, l’organisation de l’enseignement, les compétences visées ainsi que les méthodes pédagogiques répondent aux spécifications internationales. Les organismes d’accréditation sont notamment l’Agence allemande d’assurance qualité et d’accréditation des études (AQAS), la Société royale de biologie au Royaume-Uni et le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur en France.
En termes de chiffres, l’article de l’institution de Breton Woods nous apprend que depuis leur création, les formations proposées par les centres se sont enrichies de 35 nouveaux programmes. Au total, on compte plus de 6 500 étudiants en master et 1 600 doctorants tandis que près de 17 000 élèves (originaires du pays ou de ceux avoisinants) suivent des formations courtes. Par ailleurs, le projet s’est attaché à attirer les femmes vers les disciplines scientifiques : plus de 4 000 d’entre elles sont inscrites en master, doctorat ou encore à une formation courte dans ce domaine. Avec ces avancées notables, la Banque Mondiale ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle compte en effet, renforcer son aide en faveur de la création de nouveaux centres d’excellence et débloquer des ressources supplémentaires à destination des CEA particulièrement performants sur les plans régional et international. De façon concrète, un nouveau projet est en cours de préparation, qui bénéficiera d’un financement alloué au titre d’IDA-18. Ce projet qui met l’accent sur l’impact des formations et la productivité donnera l’opportunité aux universités d’élargir le cadre de leurs activités et d’explorer de nouvelles pistes. Avec toujours en ligne de mire l’enrichissement du capital humain dont l’Afrique a tant besoin pour accélérer son développement.