Procès du putsch de septembre 2015: Générale ligne de défense

C’est désormais connu, les généraux Gillbert Diendéré, Djibril Bassolé et leurs co-accusés dans le procès du putsch manqué de septembre 2015 ont choisi une seule et même ligne de défense, celle de «plaider non coupable». Et de rejeter le tort sur la hiérarchie militaire ou sur l’ex-Premier ministre de la transition, Yacouba Isaac Zida. A force de les écouter débiter quasiment la même rengaine à la barre du tribunal militaire, on se demande s’ils n’ont pas été coachés par un mentor. En tout cas, leur disque est bien ficelé, mais mal monté.

Car, autant pour le général Basssolé que Diendéré, les militaires et les civils qui les ont précédés, il est difficile de convaincre la cour qu’ils n’avaient rien à avoir avec la décision de perpétrer le coup d’Etat qui a failli faire basculer la transition. Et même s’ils tentent de se disculper en évoquant des subterfuges de nature à faire croire que les chefs de l’armée étaient d’accord avec eux, force est de constater que la plupart des personnes appelées à la barre ont un dénominateur commun, celui de n’avoir jamais été favorable à la fin du régime déchu, encore moins à la transition.

Le Général Gilbert Diendéré
Le Général Gilbert Diendéré

Pour eux, le pouvoir était «un don de Dieu fait à Blaise Compaoré» et tant que celui-ci pouvait se maintenir dans son fauteuil, envers et contre la Constitution, tout allait bien dans le meilleur des mondes. D’ailleurs, ils étaient prêts à tout, y compris des basses besognes, pour que leur champion demeure le président du Faso. C’est tout logiquement qu’ils ont été surpris par l’événement de l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Une expression populaire contre laquelle ils ne pouvaient rien d’autre que de se plier.

Mais c’était sans connaître leur esprit de revanche contre le cours de l’histoire politique du Faso. Ils n’ont jamais réalisé que la marche du peuple burkinabè vers le renouveau démocratique était irréversible. Et que les nombreux biens mal acquis durant le long règne de leur mentor ne pouvaient plus leur permettre de revenir aussi facilement au-devant de la scène. Certains se sont même permis de persister dans l’orgueil et la défiance des institutions républicaines de la transition en refusant d’accepter les décisions de la cour constitutionnelle invalidant la candidature de candidats de l’ex-majorité présidentielle.

De ceux-là, il y avait évidemment le général Djibril Bassolé qui ne s’embarrassait pas de l’élégance due aux hautes fonctions qu’il avait occupées pour menacer ouvertement de s’en prendre aux autorités de la transition. C’est à peine qu’il les considérait comme capable de lui opposer quelque décision que ce soit. Ouvertement et sur les médias nationaux et internationaux ils disaient à qui voulaient l’entendre qu’il avait «les moyens» de se présenter aux élections ou à défaut, reprendre le contrôle du pays que son mentor a été contraint d’abandonner sous la pression populaire.

Le GénéralDjibrill Bassolé
Le GénéralDjibrill Bassolé

Aujourd’hui dans le box des accusés, il doit répondre des plus lourdes charges des présumés coupables du putsch manqué du 16 septembre 2015. Il est considéré comme le plus gros poisson de cette affaire qui fait couler encre et salive depuis trois années maintenant. Devant la cour, il doit prouver ce qu’il considère à tort ou à raison comme son «innocence». Lui qui de présumées écoutes téléphoniques faites avec des personnalités étrangères dont le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire Guillaume Soro, semblent enfoncer dans ce dossier. On se souvient aussi de ces présumés échanges avec le général Gilbert Diendéré où il se moque pratiquement de ce dernier pour «assumé l’échec du putsch».

Si seulement les accusés qui jurent de «dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité» était fidèle à cette déposition, certains procès n’allaient même pas durer une journée. Mais hélas. La prononciation de cette formule consacrée n’est que le début d’une longue ruse pour tenter d’échapper à la vérité des faits qui sont pourtant têtus, voire très têtus. Et à la vérité, le général Bassolé jusque là, n’a pas fait mieux que l’autre «cerveau du putsch». Tout porte à croire qu’ils ont la même et générale ligne de défense.

 

 

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