Procès du putsch: Fatou Diendéré aurait pu sauver l’honneur?

C’est un peu comme un chiot. Lorsque son heure de conception était arrivée, nombreux étaient les canidés qui ont jacassé autour de sa future génitrice. De nombreux mâles en rut ont jubilé de cette manne que la nécessité de la procréation et de la pérennisation de l’espèce leur offrait. Mais quand le chiot a prononcé ses premiers jappements de famine, il n’y a plus personne pour en assumer la paternité. Le putsch de septembre 2015 au Burkina répond, à quelques exceptions près, à cette logique.

Les soldats ont été appelés à la barre. Pour la majorité, ils n’étaient au courant de rien. Absolument rien. Certains même étaient comme des OVNI à l’actualité nationale ce 16 septembre 2015, n’apprenant que quelque chose était arrivé que lorsque le putsch poussait ses derniers hoquets. Même leurs femmes, enfants ou maîtresses non plus ne les ont pas  informés de ce qui  se passait toutefois sous leur nez.

Vient le tour des sous-officiers. Ce sera la même trompette. « On » leur a imposé cette situation. Ils n’avaient pas voulu l’arrestation des autorités de la transition. Ils n’avaient pas voulu créer un putsch. Ils ont dû assumer un fait qui est né de « quelqu’un », mais pas d’eux.

Puis, enfin, se sont présentés les deux présumés cerveaux de cette affaire. C’est d’abord le Général Gilbert Diendéré, celui à qui tout profitait visiblement et celui qui s’est montré ostensiblement comme la tête, le chef du « coup d’Etat le plus bête du monde ». Sans sourciller, il a assuré qu’il n’a ni planifié, ni orchestré ni même exécuté le putsch. Il a juste assumé un coup d’Etat qui lui a été imposé. Par qui ? Toujours pas de réponse. Ce qui n’a pas évidemment manqué de désorienter tout le monde. Si ce n’est donc lui, si ce n’est pas le Général le mieux informé de l’histoire politique du Burkina, si ce n’est celui qui a été dans chaque recoin des évolutions de la trajectoire politique de Blaise Compaoré et même après, cela pourrait être qui ?

A cette question, les têtes se sont évidemment tournées vers le Général Djibrill Bassolé, premier « Général » de la gendarmerie nationale burkinabè, ce « Général » qui se plaignait de problème de santé dans les geôles de la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), ce  « Général » qui se plaignait et réclamait à cors et à cri un « avion médicalisé » pour le transporter hors du Burkina Faso, auquel cas il risquait de mourir, de ce Général-là, on espérait entendre enfin des réponses aux multiples questions que les Burkinabè se posaient.

 

Mais voilà qu’il vient plaider non coupable et affirmer avec force fracas qu’il n’était au courant de rien, que le Général Gilbert Diendéré ne l’a informé de rien du tout, que ses appels avec Soro avaient pour but de trouver une solution à la crise (solution à l’avantage de qui ? Du peuple ? De Diendéré ? De lui-même Bassolé ou de Soro). Et que jamais, au grand jamais, il n’a été responsable du coup d’Etat du septembre 2015.

Mais alors, quel est ce coup d’Etat qui semble avoir été imaginé, conçu et mis au monde par des anges, imposant aux Hommes de l’exécuter ? Voici la grosse question, au regard de toutes ces dénégations véhémentes.

 

À moins qu’il ne faille chercher du côté d’un autre Général déchu, Isaac Zida est son nom et les Burkinabè l’ont connu comme Chef d’Etat puis Premier ministre. Dans un livre publié il y a quelques semaines,  il a expliqué qu’il sait qui il est. Et surtout, il a donné son avis sur le véritable auteur du coup d’Etat de septembre 2015. Et c’est une femme. Et elle n’est pas en ce moment au Burkina et donc pas dans le box des accusés.

 

Fatou Diendéré,  épouse du Général Diendéré, selon Zida, avait toujours et depuis longtemps, une idée derriere la tête : « devenir la première dame du Burkina Faso ». Est-ce cela qui explique ceci ?

« Nous étions convaincus qu’un jour, les rêves les plus enfouis finiraient par émerger à la vue de tous. Cependant, nous étions loin, très loin, d’imaginer que le duo Gilbert-Fatou ou Fatou-Gilbert allait créer sous la transition de 2015, ce que nous appelons aujourd’hui la grave crise politico-militaire de la transition. (…) Fatou et son clan vont tenter leur va-tout le mercredi 16 septembre 2015 en réalisant le coup d’Etat le plus bête de toute l’histoire contemporaine », écrit Yacouba Isaac Zida.

 

Ainsi donc, si les “hommes” n’ont pas assez de cran pour assumer leurs actes,  peut-être FatouDiendéré va-t-elle tout casquer. Par contumace. Car il n’y a pas de soldat digne de ce nom pour assumer et les absents ont toujours tort.

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