Procès du putsch de septembre 2015 Qui du sergent-chef Zerbo ou de la justice a divulgué les secrets militaires ?

Le sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo a été appelé à la barre le vendredi 25 janvier 2019 pour son interrogatoire complémentaire. L’ex-sergent-chef, actuel pensionnaire de la Maison d’arrêt et de correction des Armées(MACA), a maintenu ses déclarations antérieures et a encore assené qu’il y a des écrits dans ses procès-verbaux qu’il ne reconnaît pas. Autre fait majeur, l’ex-élément du puissant Groupement des unités spéciales (GUS) du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), a accusé le parquet militaire d’avoir donné des informations confidentielles, secrètes à la Cote d’Ivoire pour simplement  l’arrêter.

« Le 16 septembre 2015, j’étais au poste de commandement du Groupement des unités spéciales jusqu’aux environs de 13h. Vers 13h30, j’ai quitté le PC pour me rendre à mon domicile. Chemin faisant, j’ai reçu un appel du sergent-chef Koussoubé Roger qui m’a demandé de le rejoindre au garage du Palais. Koussoubé m’a demandé ‘’chef, position’’ et j’ai répondu ‘’position vers Delta’’. Il m’a répondu : ‘’venez me voir au garage du Palais’’. Arrivé, j’ai vu le major Badiel Eloi, le chef Koussoubé lui-même, l’Adjudant  Florent Nion et l’Adjudant Ouekouri Kossé et d’autres éléments que je ne connaissais pas. Comme j’étais en tenue de sport, le major Badiel m’a demandé d’aller me mettre en tenue. Quand je suis revenu, j’ai trouvé que tout le monde était parti. Je n’ai trouvé que l’Adjudant Ouekouri Kossé. Il m’a demandé si je savais conduire, j’ai dit oui. Nous avons embarqué pour la présidence ». C’est en substance les déclarations du Sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo sur les événements de septembre 2015. Accusé d’attentat à la sûreté de l’État, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens, l’accusé a protesté avec véhémence contre les déclarations de ses co-accusés, en l’occurrence des officiers du RSP, qui l’ont presque  présenté comme un élément indiscipliné, incontrôlé. Pour Zerbo, tout cela n’est qu’une haine gratuite. Les officiers du RSP, presque tous, ont cité le nom du chef Zerbo parmi les membres du Commando invisible. « Je ne sais pas ce que j’ai bien pu faire à ses officiers pour qu’ils puissent m’en vouloir autant » proteste-il. Monsieur le président, je suis un commando qualifié et attitré. Mais je ne suis pas  invisible. Si j’étais invisible, je n’allais pas être à votre barre.

« Je n’ai jamais été un élément indiscipliné ou incontrôlé »

Zerbo, « l’incontrôlé ou l’indiscipliné ». Tous ces qualificatifs, le sous-officier l’a battu en brèche. Mais avant, il a donné sa définition militaire des deux termes.  L’indiscipline, au sens militaire du terme, selon l’accusé, c’est un manquement à un ensemble de règles de conduite qu’on doit observer. L’incontrôlé, poursuit-il, c’est un élément sur qui le chef n’a pas de maîtrise. « J’ai été incorporé dans l’armée en 2009. De cette année en 2015, je n’ai jamais été sanctionné. Je n’ai jamais écopé de punition. Pendant les événements, j’étais sous les ordres du major Eloi Badiel. Ce sont ses ordres que j’ai exécutés », se défend le sergent-chef. Après les événements de septembre 2015, le sergent-chef Zerbo avait pris la poudre d’escampette pour se retrouver aux bords de la Lagune Ebrié. « J’ai fui. Et la désertion, ça fait partie de l’armée aussi », reconnaît-il. C’est là que les éléments de la Direction de la surveillance du territoire (DST) ont mis le grappin sur lui. Une fois dans les locaux des services de renseignements ivoiriens, le sergent-chef explique avoir été victime de traitements inhumains et dégradants. Mieux, il accuse le parquet militaire d’avoir divulgué des informations confidentielles ou secrètes à un pays étranger, en l’occurrence la Côte d’Ivoire. « Quand j’ai été arrêté, les Ivoiriens avaient deux photos d’une mission au Darfour. Ils m’ont montré la photo du peloton militaire au Darfour qui était commandé par le Lieutenant Kadri Dianda. Ils ont même donné à la Cote d’Ivoire la photo d’une mission secrète que j’ai conduite  à Khartoum. Personne n’avait cette information et cette photo, si ce n’est l’État-major général des armées. Mais les Ivoiriens ont projeté toutes ses photos. Un parquet militaire qui procède ainsi », s’indigne Mohamed Laoko Zerbo. Pour le parquet, c’est l’accusé lui-même qui a balancé ses informations confidentielles à la partie ivoirienne. « Vous savez que vous êtes militaire. Donc quand on vous prend à l’étranger, vous donnez votre identité et vous vous taisez. C’est vous qui avez donné toutes ses informations à la partie ivoirienne », recadre le procureur militaire Alioun Zangré tout en brandissant le procès-verbal de l’accusé établi par les autorités ivoiriennes.

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