Rosine Coulibaly Dites-nous au moins pourquoi vous l’avez débarquée?

Les Burkinabè méritent de savoir les raisons pour lesquelles Roch Marc Christian Kaboré et son nouveau premier ministre Christophe Joseph Dabiré ont décidé de se séparer de la ministre de l’économie, des finances et du développement ? C’est cela aussi le sens de la redevabilité. A-t-elle échoué à mettre en œuvre les missions à elle confiées ? Veut-on faire plaisir aux travailleurs du MINEFID ? A-t-elle demandé elle-même à partir ? Cet exercice est même valable pour les autres ministres qui ont quitté le gouvernement.

 

Vous pouvez l’aimez ou la haïr. Mais elle n’a laissé personne indifférent lors de son passage à la tête du ministère de l’économie, des finances et du développement. Rarement une femme au Burkina Faso ne s’est montrée aussi intraitable dans sa volonté de travailler à changer les choses. Rosine Coulibaly qu’on avait annoncé à la primature en début 2016 a déposé ses valises plutôt dans ce ministère où pendant trois ans, elle n’a pas eu de répit. En tous cas, pour de nombreuses années encore, ni les Burkinabè encore moins les travailleurs du Minefid n’oublierons le passage de cette dame. Très vite, dame Rosine s’est révélée aux Burkinabè comme une dame de caractère, prête  à affronter tout sur son passage pour atteindre les objectifs à elle fixés ou qu’elle s’est fixés. C’est ainsi qu’à la tête du MINEFID, elle s’est montrée intraitable lorsqu’il s’est agi de mettre en œuvre certaines réformes. Il fallait avoir du courage, de la détermination, des couilles et un moral de fer pour faire face aux syndicats du ministère qui n’en voulaient vraiment pas pour plusieurs raisons. « Enfermés dans le confort d’habitudes routinières, certains m’ont refusé le droit de conduire des réformes audacieuses mais nécessaires pour être en phase avec le nouvel ordre économique et les attentes des populations », indiquait-elle lors du passage de témoin au nouvel entrant, Lassina Kaboré. On peut évidemment lui reprocher plusieurs choses quand à sa gestion de ce ministère. Mais là n’est pas le but de notre propos.

Des résultats tangibles

Selon l’Africa Performance Index (API) basé à Accra qui a fait le classement des 10 meilleurs ministres africains des Finances, Rosine Coulibaly arrivait en tête de peloton en 2017. Cette structure indiquait que le Burkina Faso malgré une baisse des recettes fiscales et une hausse des dépenses sécuritaires a réussi le pari de la reprise économique après un épisode d’instabilité politique et une campagne agricole 2015 peu fructueuse. L’Africa Performance Index (API) explique que le Burkina Faso qui avait une croissance économique de 4% en 2015 a réussi à doubler ce chiffre passant à 8%, la meilleure croissance de l’Afrique en 2017, devant l’Ethiopie, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire.

Plusieurs autres sondages ont montré que cette dame fait partie pour ne pas dire qu’elle était la ministre la plus populaire du gouvernement Paul Kaba Thiéba. Nos confrères de l’Evènement ainsi que d’autres journaux de la place ont fait d’elle la femme de l’année en 2016, 2017 et 2018. C’est alors que la surprise des Burkinabè fut grande lorsqu’à l’annonce du nouveau gouvernement formé à la suite de la démission de Paul Kaba Thiéba, on n’a pas entendu le nom de Rosine Coulibaly.

Notre propos ne consiste pas à dire qu’il fallait la garder. Nous savions que la crise au sein de son ministère avait atteint un point où il fallait nécessairement la décrispation. Cela dit, les Burkinabè et même les agents du ministère des finances, y compris ceux qui l’on le plus combattu ont le droit de savoir les raisons officielles pour lesquelles Rosine Coulibaly a été débarquée. Son débarquement est d’autant plus insolite que les ministres déléguées avec qui elle a travaillé en étroite collaboration dans la mise en œuvre des réformes qui lui ont value toutes ses inimitiés au cours des 3 dernières années, sont restés à leurs postes. Mieux, cette dame n’a pas et ne peut décider d’elle-même des réformes à mettre en œuvre dans ce ministère si stratégique. Elle a été appelée par une autorité pour mettre en œuvre une politique.

L’a-t-on sauté parce qu’elle a échoué à conduire et à mettre en œuvre ce programme pour lequel elle a été appelé au gouvernement?  A-t-elle plutôt démissionné en même temps que le premier ministre Paul Kaba Thiéba face à la difficulté de la tâche ? L’a-t-on remercié pour satisfaire les travailleurs du ministère qui demandaient son départ ? Ou est-ce parce que le Président a besoin de ses compétences dans d’autres secteurs ? Ou encore parce qu’elle coûtait si chère au budget de l’Etat ?

Il est impératif que des réponses soient données aux Burkinabè. Car, qu’on le veuille ou non, que ce soit vrai ou faux, dans l’imaginaire populaire, cette dame apparait comme une intrépide battante, une patriote convaincue qui voulait faire changer les choses, faire bouger les lignes. L’enlever de cette façon sans donner une explication aux Burkinabè peut paraitre aux yeux de ceux qui veulent se battre pour faire avancer les choses dans ce pays que les autorités ne veulent pas des   ‘’bossards’’. « Pourquoi me casser la tête pour servir mon pays, pour mettre en œuvre des réformes impopulaires mais salutaires et me mettre inutilement à dos les travailleurs ? Pourquoi vouloir innover si je dois me faire autant d’inimitié… », pourraient s’interroger ceux qui ont la volonté d’aider ce pays à aller de l’avant. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle s’est faite des ennemis. « Ni les injures, ni les intimidations, ni les atteintes à ma vie privée, ni les cabales médiatiques ne m’ont perturbée un seul instant », dit-elle certainement pour se consoler. Mais dieu seul sait ce qu’elle a pu vivre, et ce, en voulant « servir son pays »…

L’on se souvient que c’est du haut de sa popularité que le Colonel Auguste Dénise Barry alors ministre de la sécurité a été enlevé sous la Transition, juste pour contenter à l’époque un groupuscule d’irréductibles au sein du RSP. L’enlèvement de cette dame signifie alors la fin des réformes, notamment celles sur le Fond commun qui avait le plus alimenté les débats ?

 

Laisser un commentaire

shares