Site d’orpaillage de Bontcholi : Une poudrière à ciel ouvert

Depuis quelques semaines, la localité de Bontcholi située à une vingtaine de kilomètres de Djikologo près du département de Zambo dans la région du Sud-ouest, est devenu le nouveau point de convergence des chercheurs artisanaux d’or. Des centaines voire des milliers de personnes y accourent tous les jours malgré des éboulements fréquents et leurs cortège de morts. Mais ce n’est pas le plus inquiétant.

Le spectacle ne passe pas inaperçu lorsque vous vous rendez de Dano à Diébougou en passant par le carrefour de Djikologo. Chaque jour que Dieu fait, tricycles, camions, cars et motos convergent vers Bontcholi, la nouvelle localité où il paraîtrait désormais possible de creuser le sol pour tomber sur un lingot d’or. La nouvelle a vite fait le tour de la région du Sud-ouest et pratiquement de tout le pays. Les orpailleurs de tous les horizons ne se sont pas priés pour aller tenter leur chance. Seulement voilà.

Dans cette ruée vers l’or, ce ne sont pas seulement les creuseurs de trous qui affluent. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes y viennent de partout. La plupart de ceux qui prennent d’assaut le site ne sont pas toujours habilités à manier la pioche. Pour les nombreuses jeunes filles –burkinabè et d’autres nationalités dont notamment des nigérianes et des togolaises- l’objectif est tout autre. A la faveur du désordre voire du chaos auquel ressemble la vie sur des sites d’orpaillage, tous les coups sont permis. Adieu surtout le respect des mœurs. Il paraît que «coucher avec une femme dans un trou» accélérait l’apparition du métal à jaune. Alors, les prostituées ne ménagent aucun effort pour se rapprocher des orpailleurs. A la faveur de la promiscuité qui se crée dans ces lieux, il faut craindre non seulement des maladies contagieuses, mais également des épidémies à cause du manque de salubrité. Rien ne prouve d’ailleurs que les orpailleurs prennent les précautions minimales pour éviter de se retrouver «6 pieds sous terre».

Le chômage et la misère ambiante aidant, ce sont des centaines de jeunes, venus souvent de la lointaine région du Nord du Burkina qui se retrouvent-là pour disent-ils «tenter leur chance». Dans cette aventure où l’on ne sait jamais quand est-ce qu’ils vont tomber sur le précieux métal, c’est la porte ouverte à toutes sortes de vices. Cela d’autant plus que sur les lieux, la pratique des bonnes mœurs et des règles de sécurité est le dernier de leurs soucis. La preuve, le 8 novembre dernier, on déplorait un éboulement qui a fait au moins trois morts.

Curieusement, on n’avait même pas encore extrait les corps pour procéder à leur inhumation que de nouvelles vagues d’aventuriers convergeaient vers Bontcholi à la recherche d’or. Il paraît que plus il y a d’éboulement, plus il y aurait des chances de tomber sur le bon filon. Et comme dans ces lieux, le malheur des uns fait le bonheur des autres, on trouve des gens qui sont capables d’enjamber des corps pour aller cherche de l’or. C’est bien ce qui se passe sur ce nouveau site dont tout le monde parle des risques, y compris les autorités politiques et administratives de la zone. Mais pour lequel personne ne fait rien pour limiter les risques.

Le pire à craindre à Bontcholi, c’est la possibilité de voir des délinquants, surtout des terroristes infiltrer les orpailleurs pour se livrer à leurs basses besognes meurtrières. C’est ainsi que certains auraient procédé dans les localités de Pama et de Matiacoali dans la partie Est du pays. Le désordre commence autour des sites aurifères. Et comme personne ne les voit venir, les terroristes s’installent, entre dans les villages, tuent, violent et brûlent tout sur leur passage.

Ce qui se passe à Bontcholi est suffisamment édifiant pour que les autorités prennent la mesure des risques sécuritaires que la fréquentation désordonnée de ce site fait courir à la région du Sud-ouest et au pays tout entier.

Les seules mesures sécuritaires prises jusqu’ici consistent uniquement à un check-point mis en place au carrefour de Djikologo par la brigade de gendarmerie de Disshin. Dieu sait que les gens rallient le site d’orpaillage de jour comme de nuit. Et qu’un simple contrôle de carte d’identité ne suffit pas pour détecter un présumé terroriste. Ces gens-là ont plus d’un tour dans leur sac. Il vaut mieux prévenir que guérir. Si on y prend garde, Bontcholi peut devenir simplement une poudrière à ciel ouvert aussi bien sur le plan sanitaire que sécuritaire. D’où la nécessité d’agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

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