Terrorisme, incivisme, dialogue social… Et si Roch lui-même descendait sur le terrain

Face à la situation de crise profonde que vit le Burkina Faso, le Président Roch Marc Christian Kaboré a posé des actes majeurs qu’il convient de saluer à sa juste valeur. Même si cela est loin d’être suffisant pour sortir le pays des hommes intègres du gouffre dans lequel il s’est empêtré. En vérité, il n’y a pas que le gouvernement qui doit aller au charbon. Le président du Faso doit descendre de sa tour du palais de Kosyam pour aller à la rencontre des Burkinabè lambda à l’intérieur du pays. Car, en plus de l’armée, notre peuple peut aussi avoir des solutions aux problèmes d’insécurité que nous vivons.

 

En ce début d’année 2019, Roch Marc Christian Kaboré à pris d’importantes décisions.  Il a commencé par changer son chef d’État- major général des armées. Alors que les attaques se multipliaient et que les militaires perdaient de plus en plus des hommes au front, sans qu’une réponse vigoureuse à la hauteur de l’affront ne soit apportée, le président s’est vu dans l’obligation de  se séparer de son Chef d’État- major général des armées, le général Oumarou Sadou.  On se souvient que M. Sadou avait remplacé à ce poste le général Pingrenoma Zagré en fin décembre 2016 face à la montée des attaques terroristes.  Désormais donc, c’est le Général Moise Minoungou qui coordonnera l’État -major général des armées. Sa tâche est ardue, mais à cœur vaillant, rien d’impossible. Le général Minoungou se devrait d’être surtout à l’écoute de ses hommes sur le terrain, être à leurs côtés et répondre à leurs besoins. Il doit surtout travailler à dissiper le malaise qu’il y a au sein de nos FDS, leur remonter le moral et leur donner de bonnes raisons de continuer à se battre au prix de leurs vies pour sauver la Nation en péril.

Le président Kaboré s’est aussi séparé de son premier ministre Paul Kaba Thiéba. Ce dernier qui a déposé sa démission le vendredi 18 janvier dernier a été remplacé 72h plus tard par Christophe Marie Joseph Dabiré. Ancien ministre de la santé, puis des Enseignements secondaires supérieures et de la recherches scientifique sous Blaise Compaoré,  le nouveau premier ministre était commissaire à l’Uemoa jusqu’à sa retraite en 2017.  Cet ancien député du CDP entre 2002 et 2007 est à la foi technocrate et politique. Militant de l’Association des Étudiants Voltaïques en France (UGEV), puis de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), l’homme est resté très proche des groupuscules communistes jusqu’au début des années 1990. Longtemps commissaire politique du CDP dans le Sud-ouest quand il était encore militant de ce parti,  M. Dabiré est reconnu par les jeunes générations comme étant le ministre qui avait annoncé l’invalidation de l’année 2000 à l’université de Ouagadougou. Son âge (71 ans) a aussi été pointé du doigt par certains observateurs. Mais cela devrait plutôt constituer un atout pour lui dans un Burkina où malgré l’agonie de la morale, les valeurs d’ancienneté sont aussi prégnants et peuvent être utiles dans la construction d’un dialogue social fécond.  Défini par les cadres de sa génération comme étant un travailleur invétéré, certains estiment toutefois qu’il est nonchalant et parfois très lent à agir. « C’est Roch Kaboré bis », a lâché un sexagénaire qui dit bien le connaître. Pourtant la situation actuelle commande l’action, l’innovation et surtout le concret.  Dans tous les cas, le nouveau PM est condamné à réussir s’il veut éviter à son pays la déconfiture. L’homme sachant qu’on ne peut pas tout faire à déjà défini ses axes de priorité : lutte contre le terrorisme, lutte contre l’incivisme grandissant, action en faveur de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, poursuite du PNDES, réduction du train de vie de l’État et enfin apaisement  du front syndical. Toutes ses actions sont à la portée du Burkina pour peu que chacun y mette du sien, mais à commencer par le sommet. C’est au pied du mur qu’on appréciera le maçon.

L’autre décision qui devrait contenter surtout l’opposition politique qui l’avait longtemps réclamé et une grande partie de l’opinion publique aussi, c’est le changement apporté à la tête des ministères en charge de la sécurité et celui de la défense nationale. En lieu et place de Clément P. Sawadogo et de Jean Claude Bouda, le Président du Faso a fait appel au Colonel à la retraite Ousseini Compaoré, ancien Commandant de la gendarmerie nationale sous la révolution démocratique et populaire et Cheriff Moumina Sy, son Haut représentant. Si le premier est très peu connu des Burkinabè, le second, président du Conseil national de la Transition, puis Haut représentant du président du Faso est très bien connu. Ces deux ministres qui devraient travailler en tandem sont connus pour être très proches des idéaux de Sankara. Or, qui dit sankariste dit intérêts du peuple d’abord, simplicité, rigueur dans le travail et dans la gestion, patriotisme, probité, courage, etc. Les deux nouveaux flics du Burkina doivent non seulement relever le défi de la sécurisation et de la défense du Burkina Faso en travaillant en tandem, mais ils doivent surtout travailler à la moralisation au sein des FDS car ce milieu est reconnu comme un lieu où règne la corruption.

Le nouveau Chef d’Etat-Major Général des Armées, le Général Moise Minoungou est très attendu

Enfin, le chef suprême des armées, qui doit coordonner l’action de ses 4 hommes orchestres (ils doivent  trouver le temps et les moyens d’avoir une concertation hebdomadaire au minimum) doit être le pivot de leurs succès. Sa tâche devrait consister à descendre de son piédestal de Kosyam, à réduire au maximum ses voyages à l’étranger pour s’occuper de son pays malade. Il ne doit pas commettre la même erreur que Blaise Compaoré qui passait son temps entre deux avions alors que son pays agonisait. Roch Marc Christian Kaboré doit faire le tour des 45 provinces du Burkina Faso et visiter si possible certains hameaux de culture. Pas pour battre campagne. Non. Non et non. Le président doit, sans intermédiaire échanger et discuter avec les leaders d’opinions, les associations de jeunes et de femmes, les personnes âgées, de tous les bords, les intellectuels, etc. Il doit urgemment prendre son bâton de pèlerin pour rencontrer ces hommes et femmes qui comptent dans les communautés, qui ne demandent qu’à être écouté et qui peuvent surtout l’aider à pacifier le pays. Car, en vérité, la réponse à la question sécuritaire n’est pas seulement que militaire.

 

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