Energies durables: Seulement 19% de la population du Burkina a accès à l’électricité

Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur les progrès des politiques publiques en matière d’énergie durable (RISE 2018), le nombre de pays qui se sont dotés de cadres structurants solides a plus que triplé entre 2010 et 2017. On passe ainsi de 17 à 59, tandis qu’un grand nombre de pays parmi les plus gros consommateurs d’énergie ont considérablement amélioré leurs réglementations dans le domaine du renouvelable. Pour ce qui est du Burkina Faso, ce rapport de 2018 montre entre autre que pour notre pays, 19% de la population ont accès à l’électricité. Dans le même temps, seulement 9% des Burkinabè utilisent des moyens de cuisson non polluants.

Jean Pierre SAWADOGO

Les progrès sont encore plus marqués dans le secteur de l’efficacité énergétique, où le pourcentage d’États pourvus d’un arsenal de mesures spécifiques a été multiplié par dix entre 2010 et 2017. En outre, 75 % des pays dans lesquels un grand nombre d’habitants vivent encore sans électricité ont désormais mis en place les politiques et réglementations nécessaires pour étendre l’accès à l’énergie. Malgré les avancées notables qui ressortent de RISE 2018, le rapport met cependant en évidence l’importance des obstacles qui entravent encore les avancées vers une énergie durable pour tous. Car si les pays continuent d’accorder la priorité aux politiques de développement des énergies propres pour la production d’électricité, ils continuent aussi de négliger la nécessité de décarboner les secteurs du chauffage et du transport, qui représentent 80 % de la consommation mondiale d’énergie.

Sur le plan méthodologique, le document de 2018 passe au crible les politiques de 133 pays dans quatre domaines : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’accès à l’électricité et l’accès à des moyens de cuisson non polluants. Ces domaines correspondent aux cibles de l’Objectif de développement durable (ODD) n° 7, qui vise à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable, d’ici à 2030.

Les énergies renouvelables en pole position

C’est du côté des énergies renouvelables que la dynamique est particulièrement forte. En effet, parmi la totalité des pays couverts par le rapport, 37 % seulement s’étaient fixé un objectif national de développement du renouvelable en 2010. Sept ans plus tard, ils sont 93 %. Le rapport observe que 84 % des pays disposent désormais d’un cadre juridique à l’appui du déploiement des énergies renouvelables, tandis que 95 % d’entre eux autorisent le secteur privé à détenir et exploiter des projets dans ce secteur. De même, entre 2010 et 2017, la proportion de pays ayant adopté une législation nationale sur l’efficacité énergétique a grimpé de 25 à 89 %. Les pays où les taux d’accès à l’électricité sont encore faibles comme le Burkina Faso où seulement 19% de la population a accès à l’électricité, mettent de plus en plus l’accent sur les solutions hors réseau : en 2017, ils étaient 70 % à avoir pris des mesures pour soutenir le développement de mini-réseaux et d’installations domestiques solaires, contre environ 15 % seulement en 2010. Le rapport constate cependant que, dans ces mêmes pays, la détérioration de la situation budgétaire des compagnies nationales d’électricité met en péril leurs progrès : seulement 37 % de ces entreprises étaient solvables en 2016, contre 63 % en 2012.

Le secteur des moyens de cuisson non polluants en souffrance

RISE 2018 souligne que le secteur des moyens de cuisson non polluants reste le domaine le plus négligé et le plus insuffisamment financé par les pouvoirs publics. Si le rapport note une certaine progression des politiques publiques dans ce domaine depuis 2010, il fait état de peu de progrès en ce qui concerne la fixation de normes pour les fourneaux ou encore les mesures visant à inciter les consommateurs et les producteurs à se tourner vers des technologies propres. Sur ce plan, le Burkina Faso est encore à la traîne avec seulement 9% de la population qui a accès à ces moyens de cuisson non polluants. Autrement dit, la majorité des ménages burkinabè contient d’utiliser des moyens de cuisson polluants comme le bois de chauffe.

Pour améliorer sa situation en matière d’énergie durable, le Burkina Faso comme beaucoup d’autres pays à travers le monder gagnerait à s’inspirer des exemples d’autres pays. C’est d’ailleurs au même constat qu’est parvenu Riccardo Puliti, directeur principal du pôle Énergie et industries extractives à la Banque mondiale. Ainsi, comment un pays comme le Kenya, par exemple, est-il parvenu à accroître l’accès à l’électricité si rapidement ? Ou encore, comment le gouvernement indien s’y est-il pris pour mettre en place un système d’enchères pour l’attribution des marchés liés aux énergies renouvelables qui a permis de faire baisser les tarifs du solaire à un niveau sans précédent ? Autant de questions que doivent se poser les pays qui sont encore à la traîne.

En somme, RISE 2018 est la deuxième édition d’un rapport consacré à l’état des politiques publiques en matière d’énergie durable et paru pour la première fois en 2016. Dans la continuité de la méthodologie employée dans l’édition initiale, les pays sont classés en trois catégories : verte pour les pays très performants, jaune pour les pays moyennement performants et rouge pour les pays peu performants. Cette nouvelle édition a en outre été enrichie : elle intègre des données sur l’évolution des politiques depuis 2010, met davantage l’accent sur leur application effective, fournit des informations plus détaillées sur les secteurs du chauffage et du transport, et propose un système d’évaluation pilote des politiques de soutien aux moyens de cuisson non polluants dans 12 pays où les taux d’accès sont les plus faibles.

 

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