Transport: La route tue 1,35 millions de personnes par an dans le monde

Dans un dernier rapport publié la semaine dernière, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), indique que le nombre des morts sur les routes continue d’augmenter et atteint 1,35 million de personnes tuées chaque année. La moitié d’entre elles sont des piétons ou des conducteurs de deux-roues et représente la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 29 ans. L’Afrique reste le continent le plus touché. Au Burkina Faso, on a dénombré dans la seule capitale Ouagadougou 6452 accidents de la circulation dont 80 décès en 2017.

Jean Pierre SAWADGO

Le nombre de décès dus à des accidents de la circulation continue d’augmenter régulièrement, atteignant 1,35 million en 2016, alors que les taux de décès par rapport à la taille de la population mondiale restent constants. C’est ce qu’on peut lire dans le dernier rapport de l’OMS sur la sécurité routière dans le monde 2018 et rendu public en début décembre. Selon toujours ce document, Si l’on tient compte de la hausse de la population mondiale et de l’augmentation rapide du nombre de véhicules à moteur qui ont eu lieu sur la même période, cela laisse entendre que les mesures de sécurité routière existantes ont probablement empêché que la situation s’aggrave. Pour autant, ces données indiquent également que les progrès vers la réalisation de la cible 3.6 de l’objectif de développement durable – d’ici à 2020, diminuer de moitié à l’échelle mondiale le nombre de décès dus à des accidents de la circulation – sont loin d’être suffisants. A travers ce rapport 2018, on se rend compte que les traumatismes dus aux accidents de la circulation sont la huitième cause de décès pour tous les groupes d’âge, faisant désormais plus de victimes que le VIH/sida, la tuberculose ou les maladies diarrhéiques. Ces traumatismes étant la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes de 5 à 29 ans, cela met en évidence note le rapport, la nécessité de modifier le programme actuel pour la santé de l’enfant et de l’adolescent qui, jusqu’ici, a largement négligé la sécurité routière.

Des progrès loin d’être uniformes

Si suivant le document de l’OMS plusieurs pays ont pu réduire le nombre de décès dus à des accidents de la circulation ces dernières années, forces est de reconnaître que les progrès varient considérablement selon les régions et les pays dans le monde. En somme, un lien étroit persiste entre le risque de décès dû à un accident de la circulation et le niveau de revenu des pays. Par exemple, si le taux de décès dus à des accidents de la circulation à l’échelle mondiale est de 18,2 pour 100 000 habitants, il varie considérablement selon les régions, se situant entre 9,3 et 26,6 pour 100 000 habitants. Les régions de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est ont les taux régionaux de décès dus à des accidents de la circulation les plus élevés, avec respectivement 26,6 et 20,7 décès pour 100 000 habitants, suivies par les régions de la Méditerranée orientale et du Pacifique occidental, avec des taux comparables au taux mondial, 18 et 16,9 décès pour 100 000 habitants respectivement. Les régions des Amériques et de l’Europe quant à elles ont les taux les plus bas de 15,6 et 9,3 décès pour 100 000 habitants respectivement. En termes de progrès réalisés, les taux de décès ont baissé dans trois régions sur six (Amériques, Europe, Pacifique occidental) depuis 2013.

Piétons, cyclistes et motocyclistes en ligne de mire

Les différences de taux de mortalité observées entre les régions et les pays correspondent également aux différences dans les types d’usagers de la route les plus touchés. Les usagers de la route vulnérables – piétons, cyclistes et motocyclistes – représentent plus de la moitié des décès dans le monde. Les piétons et les cyclistes représentent 26 % de tous les décès, les utilisateurs de deux ou trois roues motorisés 28 %, les occupants du véhicule 29 % et les 17 % restants concernent des usagers de la route non identifiés. Là encore, l’Afrique compte le taux le plus élevé de mortalité de piétons et de cyclistes, avec 44 % des décès. En Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, la majorité des décès concerne des usagers de véhicules motorisés à deux ou trois roues, qui représentent respectivement 43 % et 36 % du total des décès.

Quelle thérapie ?

Pour faire face à cette catastrophe, le rapport indique que l’adoption et l’application d’une législation relative aux principaux facteurs de risque comportementaux (vitesse, conduite en état d’ivresse, absence de casque pour les motocyclistes, de ceinture de sécurité et de dispositif de retenue pour les enfants) sont des éléments essentiels d’une stratégie intégrée pour prévenir les décès dus à des accidents de la circulation. Actuellement, 123 pays (représentant près de six milliards de personnes) disposent de lois conformes aux meilleures pratiques pour au moins un des cinq principaux facteurs de risque comportementaux.

Encadré

L’OMS publie tous les deux à trois ans ses rapports de situation sur la sécurité routière dans le monde. Par comparaison avec la précédente édition de 2015, le rapport 2018 observe que:

  • 22 pays supplémentaires ont modifié leur législation sur un ou plusieurs facteurs de risque pour la mettre en conformité avec les meilleures pratiques, couvrant ainsi 1 milliard de personnes de plus;
  • 46 pays totalisant 3 milliards d’habitants ont une législation sur les limitations de vitesse alignée sur les meilleures pratiques;
  • 45 pays totalisant 2,3 milliards d’habitants ont actuellement une législation sur l’alcool au volant alignée sur les meilleures pratiques;
  • 49 pays totalisant 2,7 milliards d’habitants ont actuellement une législation sur le port du casque pour les motocyclistes alignée sur les meilleures pratiques;
  • 105 pays totalisant 5,3 milliards d’habitants ont actuellement une législation sur le port de la ceinture de sécurité alignée sur les meilleures pratiques;
  • 33 pays totalisant 652 millions d’habitants ont actuellement une législation sur l’utilisation des dispositifs de sécurité pour les enfants alignée sur les meilleures pratiques;
  • 114 pays entreprennent actuellement une évaluation systématique ou une notation (par attribution d’étoiles) à leurs routes;
  • seuls 40 pays totalisant 1 milliard d’habitants ont mis en œuvre au moins 7 des 8 normes prioritaires ONU de sécurité des véhicules;
  • plus de la moitié des pays (62%) ont un numéro de téléphone couvrant l’ensemble du territoire pour activer les secours d’urgence;
  • 55% des pays ont une procédure officielle pour former et certifier les soignants intervenant avant l’hospitalisation.

 

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